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© BOUREIMA HAMA / AFP

Le Niger renoue avec plus de transparence sur les industries extractives

MINES. Épinglé plusieurs fois pour sa gestion opaque du secteur, le pays vient de réintégrer l'Initiative pour la transparence des industries extractives.

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Bonne nouvelle pour le mouvement de transparence amorcé dans le monde de l'extraction de matières premières. Le Niger, grand producteur d'uranium, a réintégré le 11 février l'Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie), dont il s'était retiré en novembre 2017 après avoir été suspendu par cette organisation. Aujourd'hui, plus de 50 États, dont 26 pays africains, ont entrepris de mettre en œuvre la norme Itie.

Les raisons d'un retrait

« Après le retrait de ce pays du processus de l'Itie en octobre 2017, son gouvernement a repris l'engagement de [la] mettre en œuvre. Sa candidature a été approuvée par le Conseil d'administration de l'Itie », indique cette dernière sur son site. « Nous l'accueillons [le Niger] chaleureusement en tant que pays mettant en œuvre l'Itie, et nous nous réjouissons d'avance de la contribution qu'apportera l'Itie au débat public au Niger », a souligné Helen Clark, la présidente de l'Itie. Il faut savoir que le conseil d'administration avait suspendu le Niger « pour progrès insuffisants », notamment en matière de « divulgation des contrats » et de non-respect de « publication des données » sur les versements de dividendes au profit des zones minières. Il était également reproché au Niger « la restriction de l'espace » pour la société civile, en lien avec des arrestations d'acteurs s'intéressant au secteur minier dans le cadre de l'affaire de l'Uraniumgate. Niamey avait jugé cette décision « injuste » et s'était « désaffilié » des instances de l'Itie.

Une réintégration qui tombe à pic

Selon l'Iniative, « la réadmission » du Niger « arrive à un moment opportun. Les activités extractives jouent un rôle majeur dans l'économie nigérienne, l'uranium, le pétrole et l'or représentant 8 % du PIB et environ 50 % des revenus d'exportation du pays ». Lancée en 2002, l'Itie est devenue une norme internationale visant à assurer une meilleure transparence dans la gouvernance des industries extractives.

Pour sa part, le Niger y a adhéré en 2007 après des réformes du cadre légal, dont l'adoption du Code minier de 2006, et l'intégration dans sa Constitution de « principes de transparence » et de « bonne gouvernance » pour le secteur minier. Grand producteur d'uranium depuis près de 50 ans, le Niger est devenu un petit producteur d'or en 2004 et de pétrole en 2011. La société civile est partie prenante du mouvement, après que le pays a mis sur pied une coalition tripartite autour des acteurs locaux, du gouvernement et des entreprises. Pour Ali Idrissa, le chef de l'organisation de la société civile, « c'est une satisfaction morale de voir le gouvernement nigérien réadhérer au processus ». Au fil des échanges, ils publient des informations sur la chaîne de valeur extractive : octroi des droits d'extraction, montant des revenus versés au gouvernement, utilisation de ces revenus tant par le gouvernement national que par les autorités locales, etc.