Revalorisation salariale des enseignants : Blanquer veut "accentuer" la "dimension de mérite" dans leur rémunération

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Elle s'ajouterait à une part d'augmentation commune à tous les enseignants, promise en contrepartie des effets négatifs de la réforme des retraites sur leurs pensions.

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Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer lors des questions au gouvernement au Sénat, le 5 février 2020. (DANIEL PIER / AFP)

La revalorisation salariale promise aux enseignants en contrepartie de la réforme des retraites se fera-t-elle en partie au "mérite" ? C'est l'idée avancée par le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, vendredi 14 février sur RMC et BFMTV. De quoi tendre un peu plus les discussions déjà compliquées avec les syndicats.

"Il y a une dimension commune à tous qui va faire qu'il y a une augmentation pour tous, car il faut monter le niveau général des rémunérations. Et bien entendu, il y a une dimension de mérite, ça existe déjà en partie, et on va probablement l'accentuer", a déclaré Jean-Michel Blanquer.

"Est-ce travailler plus pour gagner plus ? En vérité, c'est plus compliqué que ça. C'est mieux que ça", a-t-il estimé. "C'est plutôt comment on donne des horizons aux acteurs de l'éducation nationale, c'est un jeu gagnant-gagnant".

La rémunération des enseignants s'est imposée dans le débat sur la réforme des retraites, car ceux-ci seraient désavantagés par le nouveau mode de calcul des pensions qui prend en compte les primes, rares dans l'Education nationale. Le gouvernement s'est engagé à revaloriser les salaires pour compenser cet écueil. Des discussions avec les syndicats ont démarré mi-janvier, et doivent déboucher sur une loi avant l'été. La prochaine session est prévue le 24 février.

"Le mot 'mérite' n'avait jusqu'ici pas été prononcé"

Le ministère a déjà présenté aux syndicats quatre scénarios possibles pour la première étape de revalorisation des salaires, en 2021. Une partie de l'enveloppe serait consacrée à d'autres leviers d'augmentation, comme le financement d'heures supplémentaires sur des absences de courte durée ou encore l'indemnisation des enseignants qui acceptent de suivre des formations pendant les vacances scolaires. Un affront pour les syndicats, qui rejettent l'idée de contreparties en échange de ces revalorisations.

Vendredi, plusieurs d'entre eux ont vivement réagi à la déclaration de Jean-Michel Blanquer. "Le mot 'mérite' n'avait jusqu'ici pas été prononcé lors des discussions et là on ne sait pas ce qui est mis derrière", a alerté Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CDFT, rejetant l'argument du ministre : "Nous ne sommes plus dans la revalorisation mais clairement dans le 'travailler plus pour gagner plus'".

Cette "revalorisation sous contreparties" va forcément amener "une défiance record des enseignants envers le gouvernement" alors que "la profession est dans un état de tension forte", a commenté de son côté Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa.