La forêt primaire de Sao Tomé, un joyau de biodiversité à préserver

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En approchant de Sao Tomé, on se trouve en face d'un jardin extraordinaire, une nature à l'état brut. Ce paysage intact surprend les touristes qui le longent en barque. "Être sur cette petite barque au milieu de l'océan et des vagues, et voir cette forêt se jeter, littéralement, dans la mer… C'est une sensation unique !", explique un touriste italien.

Un tiers de cette île du Golfe de Guinée est encore recouverte de forêts vierges. Une merveille qui n'a jamais – ou si peu – été abimée par l'homme. "Arriver dans un lieu si reculé, si peu exploré et si peu visité : on se sent vraiment comme des personnes privilégiées", reconnaît cet autre touriste.

Pendant longtemps la forêt de Sao Tomé, qui cache en son sein tant de trésors inconnus, est restée à l'écart du monde. Les recherches scientifiques n'y ont repris qu'il y a à peine plus de 30 ans.

Plus de 150 espèces d'oiseaux

Suivant leur guide, Antonio Camuenha, qui ouvre le chemin, deux chercheurs – Jean-Baptiste Deffontaines et Ricardo Lima – partent à la découverte des espèces endémiques, c'est-à-dire qui n'existent qu'ici. La forêt de Sao Tomé abrite une biodiversité qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. "Ce fruit-là, c'est une nouvelle espèce qui vient d'être répertoriée, observée seulement à Sao Tomé, explique ce chercheur. La sève ressemble à de l'huile et elle est inflammable."

"Nous avons grandi avec ça !", explique Antonio Camuenha. "Nous qui vivons dans les champs, après l'école, nous allions souvent chasser les oiseaux. Nous devions les appeler comme ça pour qu'ils s'approchent. Pour pouvoir les viser avec nos lance-pierres." Mais le guide met aujourd'hui son savoir-faire au service de la science.

Il y a environ 150 espèces d'oiseaux sur l'île de Sao Tomé, et on en découvre chaque année de nouvelles. Le lieu est naturellement protégé et pourtant de plus en plus menacé. Ici, les villes grandissent : la population a doublé en 20 ans, passant à 200 000 habitants aujourd'hui. Par ailleurs, la consommation de bois augmente pour les maisons et pour le charbon (de bois). Conséquence : la forêt recule.

Selon Antonio Camuenha, "il y a une nécessité pour les gens de couper un peu de la forêt pour faire de l'agriculture. Un peu de carottes, de haricots, de tomates pour la subsistance de leurs familles." Mais chaque hectare de forêt qui disparaît emporte avec lui des espèces uniques, dont certaines restaient encore à découvrir.

Une émission préparée par Patrick Lovett.