Adama Barrow, le tombeur de Yahya Jammeh, toujours président malgré sa promesse de ne rester que trois ans
A-t-il pris goût au pouvoir ? Investi début 2017, le chef de l’État avait promis de ne rester que trois ans. Il a depuis changé d’avis, au grand dam de ses anciens alliés.
L’attaque est frontale, le ton agacé. Sommé par la presse de réagir aux critiques d’un professeur gambien qui lui reproche de manquer du bagage intellectuel nécessaire pour redresser le pays, Adama Barrow s’emporte. « Oui, je ne suis pas allé plus loin que le lycée, mais je me suis fait tout seul. J’ai été assez courageux pour me dresser contre Yahya Jammeh. C’est facile pour vous de me critiquer ! » Celui qui l’a défié en prend lui aussi pour son grade. « Où étiez-vous [pendant la dictature], et qu’avez-vous fait pour votre pays ? »
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En ce mois d’août 2018, c’est l’une des premières fois que le président est confronté à la critique et renvoyé à son manque d’expérience. Arrivé au pouvoir un an et demi plus tôt, il véhiculait jusque-là l’image d’un homme modeste, quasi inconnu certes, mais qui avait réussi contre toute attente à restaurer la démocratie en Gambie. Le lendemain, l’esclandre fera les gros titres des journaux. Adama Barrow a, depuis, cessé de se prêter au jeu des conférences de presse.
« Three years jotna ! »
Il a surtout définitivement renié sa promesse électorale de quitter le pouvoir avant la fin de son quinquennat. Élu en décembre 2016 grâce au soutien de sept partis d’opposition soudés derrière lui, cet ancien vigile, en Grande-Bretagne, revenu en Gambie faire fortune dans l’immobilier, avait réussi l’impossible : mettre un terme aux vingt-deux années de la présidence brutale de Yahya Jammeh.