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Spectre Média, Frédéric Côté

70 ans de grand amour [VIDÉO]

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Ils se sont mariés le 28 janvier 1950. Il y a 70 ans. Des Saint-Valentins, ils en ont vu. Mais ils n’attendent pas le 14 février pour célébrer l’amour.

« Chaque matin quand je me lève, c’est la première chose que je fais. Je la serre fort dans mes bras. C’est comme une maladie. Mais je l’aime cette maladie-là », raconte M. Roy, 94 ans.

« On passe notre temps à s’embrasser. Je passe à côté de lui et je l’embrasse dans le cou. Houuuuu, il vient tout excité », s’exclame Mme Roy, 87 ans.

Armande Jean avait 14 ans quand elle a fait la rencontre de Lionel Roy. Ils chantaient dans la même chorale. « Il était un bon ténor. Moi, j’étais une alto. » Elle avait menti sur son âge et s’était vieillie de deux ans pour pouvoir participer aux spectacles que le chœur présentait parfois dans d’autres villes de la province.

« J’étais fille, lui, garçon. Tous les autres chanteurs étaient plus vieux et souvent en couple alors on s’assoyait ensemble dans l’autobus lors des voyages de la chorale. Aussi, il avait une voiture et il venait nous reconduire, ma sœur et moi, après nos répétitions de chant », explique Armande.

Leur premier bec a d’ailleurs eu lieu dans la voiture de Lionel après qu’il eut raccompagné celle qui allait vieillir avec lui. « Au début il venait nous reconduire pour ma sœur. Mais il a changé d’idée en cours de route. Un jour, il s’est étiré pour me donner un bec. J’ai manqué tomber sur le dos! » ajoute madame.

Le duo est très ricaneur. Chaque phrase prononcée, dans l’appartement de leur résidence, est accompagnée d’un éclat de rire.

« Il est tannant. Je l’aimais ben gros et je l’aime encore pareil. »

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Mariée à 17 ans

Quand il l’a demandée en mariage, dans le temps des Fêtes, elle n’avait que 16 ans. « Ma fête est le 20 janvier et on s’est mariés le 28 janvier. Je venais donc d’avoir 17 ans. C’est ma mère qui est venue à l’église avec moi pour remplir les papiers. Lionel ne savait pas quel âge j’avais. Il a été surpris en apprenant que j’étais si jeune! »

Le couple rit de bon cœur avec pour témoin un de leurs six enfants, Jean, qui est présent lors de l’entrevue avec La Tribune.

M. Roy se souvient de leurs premiers ébats. « C’était aussi dans la voiture. Sur la banquette arrière. »

« Dis-le qu’il y avait plein de bébittes dans l’auto. Il avait stationné la voiture dans un bois et il y avait un nuage de moustiques! »

Soixante-dix ans de mariage, ça prend beaucoup d’amour et aussi de la longévité. « Chacun notre tour, on a eu des problèmes de santé, mais l’un était toujours là pour l’autre. »

Tous les jours, ils prennent un petit verre. « Avant le dîner. Avant le souper. Du vin ou une bonne Heineken. Il faut que je le surveille parce que des fois, il boit dans mon verre. »

M. Roy a un cancer généralisé. « Les médecins pensaient jamais qu’il vivrait jusqu’à ses 94 ans. Mais il est encore toute là! Sans douleur ni médicament », note le fils.

« C’est parce que j’en prends trop bien soin », souligne Armande.

Au début du mariage, le couple travaillait fort, mais n’avait pas d’argent. « J’avais mon premier bébé et la Ville avait coupé notre électricité. Il faisait vraiment froid, on était en janvier. J’avais emprunté 5 $ à ma tante pour prendre le train et aller chez ma mère. Lionel et moi, on se parlait au téléphone. » 

Traverser les difficultés

La période la plus difficile de leur mariage a été lors du décès d’un de leurs enfants, Bruno, dans un accident de voiture. « On est passé au travers avec la prière et avec les activités. Il y avait aussi les autres enfants qui continuaient à nous occuper. »

« Ma mère a été très aimante. Mon père, lui, travaillait tard. Alors il était souvent absent, mais il y avait toujours une belle coopération entre les deux. S’il y avait des choses plus graves, nous, on n’en entendait pas parler », ajoute le fils, Jean.

Est-ce qu’il y a eu beaucoup de chicanes? « Non, jamais. Quand il y avait quelque chose qui ne faisait pas mon affaire, j’arrêtais de parler. Pendant deux ou trois jours. Je te dis qu’il en faisait des pas pour revenir vers moi », ricane Armande.

« Tu te rappelles? Quand tu rentrais aux petites heures de la nuit. Et que tu étais allé reconduire unetelle. Je m’arrête là », lance madame en riant.

« C’est un service que je rendais », explique monsieur avec la même bonne humeur.

Le secret? « L’amour, toujours l’amour », résume celle qui travaillait jadis dans une boutique de mode. « Nos relations sont bonnes! » ajoute l’ancien plombier et surveillant de chantier.

« On rit tout le temps. On rit l’un de l’autre. Et de tout. »

Si monsieur Roy était souvent à l’extérieur de la maison pendant les années où il travaillait, maintenant il est plus tranquille. Il dort entre 14 et 16 h par jour. Sinon, il se berce ou il joue au Skip-Bo avec sa douce.

Elle lui tape sur les genoux. « Je les aime, tes genoux! »

Entre les gestes d’amour, il y a les mots d’amour. « Il faut se le dire, je t’aime, sinon on s’en souvient plus! »

« Colle-toi, trésor! » lance l’octogénaire à son complice avec qui elle chantait déjà en chœur il y a sept décennies.