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Piotr Pavlenski.
© Sipa Press

L’artiste russe Piotr Pavlenski revendique la diffusion des échanges intimes de Benjamin Griveaux

L’homme qui a obtenu l’asile politique en France en 2017 se serait rapproché ces derniers mois des opposants les plus radicaux au macronisme

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L’artiste contemporain russe Piotr Pavlenski a revendiqué être à l’origine de la diffusion des conversations privées qui ont conduit Benjamin Griveaux à renoncer vendredi à sa candidature à la mairie de Paris. C’est en tout cas ce qu’il a confié jeudi soir à des journalistes de Libération qu’il a contactés. Benjamin Griveaux est « quelqu’un qui s’appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu’il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire. Ça ne me dérange pas que les gens aient la sexualité qu’ils veulent, ils peuvent même baiser des animaux, pas de problème, mais ils doivent être honnêtes. Mais lui veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs. Je vis désormais en France, je suis parisien, c’est important pour moi », a-t-il affirmé auprès du quotidien.

C’est la première fois que Piotr Pavlenski, qui a obtenu l’asile politique en mai 2017, fait une incursion dans la vie politique française. A travers des méthodes unanimement condamnées par la classe politique, toutes tendances confondues. Dans son pays d’origine, l’homme défrayait régulièrement la chronique jusqu’à sa fuite précipitée il y a bientôt trois ans. En 2012, il se coud la bouche en soutien au groupe punk Pussy Riot dont les trois membres avaient été condamnées à de lourdes peines de prison pour le tournage d’un clip dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. Il continue les années suivantes à défier le régime de Vladimir Poutine à travers des performances toujours plus extrêmes.

En 2013, il se cloue les testicules sur la célèbre place rouge au cœur de la capitale, selon lui pour protester conte l’« indifférence politique » de la société russe. Trois ans plus tard, il met carrément le feu aux portes du FSB, le successeur du KGB. Piotr Pavlenski rentre dans le collimateur des autorités, fait des allers-retours en prison et est même interné un temps en hôpital psychiatrique. Il finit par quitter le pays en décembre 2016 avec femme et enfants après qu’une jeune comédienne l’a accusé d’agression sexuelle. Un « coup monté », assurait alors l’artiste à Libération tout en reconnaissant avoir passé son petit ami à tabac… Lui et sa compagne obtiennent quelques mois plus tard le statut de réfugiés politiques.

Banquiers et monarques. En France, dans le petit milieu des associations de défense des droits de l’Homme en Russie, le cas Pavlenski divise. Beaucoup l’ont soutenu lors de ses différentes détentions jugées arbitraires. Mais une nouvelle performance, sur le sol français cette fois, les a poussés à prendre leurs distances. En octobre 2017, Pavlenski met le feu à une succursale de la Banque de France à Paris, au nom de la lutte contre « les banquiers » qui « ont pris la place des monarques ». Un acte qui lui vaut une condamnation à un an de prison en janvier 2019.

Ses anciens soutiens parlent d’une provocation « violente, inutile et dangereuse » et décrivent un homme « incontrôlable ». L’artiste qui n’avait pas d’opinion ni de proximité politique particulière en France se serait rapproché ces derniers mois de Juan Branco, l’ancien avocat de Julian Assange, fervent soutien du mouvement des Gilets jaunes et ennemi juré d’Emmanuel Macron. Sur un post Instagram daté du 19 décembre 2019, on peut voir les deux hommes apparaître ensemble tout sourire.

Contacté par plusieurs médias, l’intéressé a reconnu avoir été consulté par Piotr Pavlenski en tant qu’avocat avant la mise en ligne des échanges intimes de Benjamin Griveaux. Il a assuré vendredi matin à l’Opinion qu’une conférence de presse sur le sujet pourrait avoir lieu dans l’après-midi. De son côté, Pavlenski a affirmé dans un bref entretien à LCI que « l’activité de [s]on site ne fai[sai]t que commencer ». « Les responsables politiques doivent être honnêtes. Ils doivent être clairs vis-à-vis de leurs électeurs. Notre objectif a été atteint avec Benjamin Griveaux et nous allons continuer », a-t-il ajouté.