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Retour sur la campagne avortée de Benjamin Griveaux à ParisCrédit Image : Lionel BONAVENTURE / AFP | Crédit Média : Marie-Bénédicte Allaire | Durée : 01:15 | Date : 14/02/2020

Benjamin Griveaux : une campagne parisienne laborieuse à l'épilogue douloureux

ÉCLAIRAGE - Un mois avant le premier tour des élections municipales à Paris, le candidat La République En Marche a jeté l'éponge après la diffusion d'une vidéo intime le mettant en cause. Une campagne qui se termine sur un coup de tonnerre.

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Retour sur la campagne avortée de Benjamin Griveaux à ParisCrédit Image : Lionel BONAVENTURE / AFP | Crédit Média : Marie-Bénédicte Allaire | Durée : 01:15 | Date : 14/02/2020

C'est dans un café au nom symbolique, le "Fluctuat nec mergitur", que Benjamin Griveaux avait lancé officiellement sa campagne, en mars 2019. Un an plus tard, l'ancien porte-parole du gouvernement abandonne la campagne pour les élections municipales à Paris, après la diffusion d'une vidéo intime le mettant en cause. 

Un coup de tonnerre dans la bataille pour l'Hôtel de Ville. Dénonçant des "attaques ignobles"Benjamin Griveaux a décidé de retirer sa candidature à l'élection municipale parisienne. "Cette décision me coûte mais mes priorités sont très claires. C'est d'abord ma famille, vous l'aurez compris", a dit le candidat de La République En Marche dans une déclaration enregistrée en début de matinée au siège de l'AFP, en présence également de BFM Paris. 

La campagne parisienne de ce proche d'Emmanuel Macron a été jonchée d’embûches et de couacs, dès les premières semaines. Retour sur un étiolement et un pourrissement, jusqu'à la dernière ligne droite. 

Une guerre fratricide avec Villani

"Je suis candidat pour que les Parisiens retrouvent le plaisir et la fierté de vivre à Paris", déclarait Benjamin Griveaux lors du lancement de sa campagne. Mais à peine investi par La République En Marche le 10 juillet, il affronte sa première déferlante. 

Le  jour de l'annonce officielle du candidat choisi par LaREM dans la bataille pour Paris, Cédric Villani, déçu de ne pas avoir été retenu, torpille l'annonce en tweetant avant celle-ci : "Il est clair que je n'obtiendrai pas d'investiture de l'appareil de LaREM" et dénonce une investiture à la "Kim Jong-un". Début septembre, Cédric Villani annonce sa candidature dissidente à la mairie de Paris, plombant encore davantage la campagne de Benjamin Griveaux. La guerre des deux rivaux va désormais prendre le pas sur les programmes.    

Maladresses et polémiques

Autre coup dur : Le Point rapporte des propos offensants tenus en privé sur ces concurrents macronistes. Il lui est reproché d'avoir qualifié d'"abrutis" ses rivaux pour l'investiture, parmi d'autres propos peu amènes. 

Il s'excuse mais le mal est fait. La séquence renforce son image de candidat "antipathique", qu'il déplore régulièrement, le poussant à fendre l'armure lors de son meeting à Bobino fin janvier. "Il me reste sept semaines pour vous dire ma part de vérité, celle que vous n'avez pas pu voir jusqu'alors car je n'ai pas su la partager avec vous", explique-t-il alors, évoquant ses "angoisses", ses "échecs", ses "épreuves" et ses "drames familiaux"

La campagne se poursuit et son lot de polémiques aussi. À l'occasion du 77ème anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver, le candidat rend hommage sur Twitter aux victimes, mais l'illustre avec une photo datant de 1944 et montrant des Français ayant collaboré, réunis dans le Vel d'Hiv', après avoir été arrêtés à la Libération. 

Une campagne qui ne décollera jamais

Benjamin Griveaux essaye alors de recentrer sa campagne sur son programme. Il propose alors de déménager la Gare de l'Est aux portes de la capitale ou en banlieue, par exemple porte de la Villette, pour créer un " Central Park parisien". Cette idée lui vaudra des critiques et moqueries jusque dans son camp, beaucoup dénonçant un projet "irréaliste", une "ineptie" et "un non-sens". 

Il promet également "jusqu'à 100.000 euros d'apport par la mairie de Paris aux classes moyennes, pour acheter leur résidence principale", pour financer 20.000 logements, d'ici 2026. Mais des spécialistes immobiliers dénoncent aussitôt une mesure qui va entraîner une hausse significative des prix des logements. 
                   
Benjamin Griveaux s'était déjà fait critiquer en janvier 2019, alors qu'il n'était encore qu'un potentiel candidat à l'investiture LaREM, en pleine crise des gilets jaunes, en déclarant que son salaire mensuel de haut fonctionnaire de 7.900 euros nets ne lui permettait pas d'acheter un appartement à Paris en raison de prix prohibitifs. Il s'était ensuite excusé, disant s'être mal exprimé. Scandalisés par ces propos, des particuliers avaient lancé des cagnottes sur les réseaux sociaux pour se moquer de lui. 

La campagne de Benjamin Griveaux ne décollera plus. La macronie doute. Certains imaginent même Édouard Philippe en sauveur providentiel. Le dernier sondage connu en janvier place Benjamin Griveaux en troisième position, juste devant Cédric Villani. Pense-t-il alors à abandonner ? "Jamais", répondait-il.