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Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Levy, à Paris le 24 janvier 2017.
Photo ERIC PIERMONT. AFP

Porté par des résultats flatteurs, EDF s'envole en Bourse

L’électricien français a quadruplé son bénéfice net en 2019 grâce à la hausse des tarifs, mais reste lourdement endetté.

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La direction d’EDF doit savourer l’instant : elle a enfin de bonnes nouvelles à annoncer à ses salariés et ses actionnaires. En 2019, l’électricien français a dégagé 5,2 milliards d’euros de profits, soit quatre fois plus que l’année d’avant (1,2 milliard). Le bénéfice net part du groupe a été boosté par de bien meilleurs résultats financiers, liés à la bonne performance des marchés boursiers et à une amélioration de la performance opérationnelle. L’excédent brut d’exploitation (Ebitda) a ainsi bondi de 12%, à 16,7 milliards d’euros. Le chiffre d’affaires d’EDF pour l’exercice 2019 a lui progressé de 3,5% à 71,3 milliards d'euros.

Le paradoxe, c’est que la production des centrales nucléaires a touché un plus bas (-3,5% à 379,5 TWh, contre 393,2 TWh en 2018) en raison de l’arrêt pour maintenance de plusieurs réacteurs. Le parc de barrages hydrauliques a vu lui aussi sa production baisser de 12% en raison de la sécheresse. «Nos performances en 2019 confortent et prolongent le rebond enregistré en 2018 : tous nos objectifs financiers sont atteints, nous sommes un groupe profitable», s’est félicité le PDG du groupe Jean-Bernard Lévy. La Bourse a apprécié : l’action EDF progressait de 8 à 9% ce vendredi matin.

Le poids de la dette et de l'EPR

Mais il n’y a pas de miracles : c’est essentiellement l’augmentation des tarifs réglementés de l’électricité autorisée par le gouvernement (+5,9% en juin 2019) qui a permis à l’électricien de retrouver un peu de couleurs. Dans les faits, EDF est toujours plombé par un lourd endettement qui a notablement augmenté à 41 milliards d’euros (contre 33,4 milliards en 2018). De plus, le nouveau report, à 2023, de la mise en service du réacteur EPR de Flamanville (Manche) qui a porté la facture totale du projet à 12,4 milliards d’euros, hypothèque toujours l’avenir de ce «nouveau nucléaire».

Jean-Bernard Lévy répète dans le Figaro du jour qu’il n’y aura «pas de neutralité carbone sans nucléaire» : il réclame toujours un feu vert du gouvernement pour lancer la construction de six EPR sans attendre le démarrage du réacteur tête de série de Flamanville. Mais l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), dont l'avis prime en dernière instance sur la décision politique, reste seul juge en la matière: après la découverte de multiples malfaçons, le gendarme de l'atome a ainsi exigé qu'EDF refasse toutes les soudures de l'EPR, ce qui prendra au moins trois ans. Alors si décision de lancer de nouveaux EPR il y a, elle sera prise en tout état de cause par le prochain président de la République.

En attendant «Hercule»

En attendant, Emmanuel Macron mise donc sur le projet «Hercule» pour refinancer solidement EDF. Il a demandé à Jean-Bernard Lévy d'avancer sur ce plan prévoyant de scinder le groupe en deux entités : un «EDF bleu» 100 % public, qui regroupera le parc nucléaire et les barrages hydrauliques, et un «EDF vert», qui sera coté en Bourse à 35%, et coiffera les énergies renouvelables et les activités de commercialisation et de distribution. Un projet auquel s'opposent farouchement les syndicats d'EDF, qui y voient une manière de «nationaliser les pertes pour mieux privatiser les profits» en portant un coup définitif au service public de l'électricité. Le PDG d'EDF est censé remettre ses propositions de réorganisation d'EDF au gouvernement d'ici l'été. Mais Lévy a prévenu qu'il attendait au préalable une refonte du mécanisme Arenh («accès régulé à l’énergie nucléaire historique»), qui l'oblige à revendre à ses concurrents une partie de sa production nucléaire française à un prix fixe jugé trop bon marché.