«LE PRESIDENT WADE A PRIS DU TEMPS POUR OBSERVER LES REACTIONS ET SE METTRE DU COTE DE L’OPINION»
Momar THIAM, docteur en communication politique
by Nando Cabral GOMISInterpellé par la rédaction de Sud quotidien hier, jeudi 13 février, sur la sortie de l’ancien chef de l’Etat qui a demandé dans une déclaration le rapatriement immédiat des treize étudiants sénégalais résidant à Wuhan, épicentre de la pandémie du coronavirus, Momar Thiam souligne que cette sortie du Pape de Sopi n’est pas fortuite. Selon lui, le Président Wade a pris du temps pour observer les réactions et se mettre du côté de l’opinion «La semaine dernière, lors de mon intervention dans un média de la place, j’avais indiqué sur la sortie du président Sall que ce n’était pas un défaut de communication mais plutôt une faute de formulation. Pour la bonne et simple raison, quand on est à la tête d’un pays et qu’on veut affirmer la toute-puissance d’un Etat, quelles que soient ses possibilités, on n’est pas dans le reniement. Tout le monde sait que les Etats africains, y compris le Sénégal, ne sont pas dotés d’un plateau médical et de moyens logistiques pour faire face de prime à bord à cette pandémie qu’est le coronavirus. Cela dit, le Sénégal est dans un espace sous régional africain où on peut mutualiser les forces afin de trouver les solutions idoines. Je pense que le président de la République, Macky Sall, dans sa formulation, aurait pu dire, le Sénégal n’a pas les moyens au même titre que les autres pays de la sous-région qui ont également leurs ressortissants en Chine mais en tant que président de la République, je prends l’initiative de consulter mes homologues dans le cadre de l’Union africaine ou de la Cedeao pour qu’on mutualise nos efforts et trouve ensemble la solution la plus idoine pour rapatrier nos compatriotes. Cette position allait d’abord rassurer les étudiants et leurs parents mais aussi le hausser diplomatiquement à un niveau insoupçonné puisque c’est lui qui a pris l’initiative. Et on sait qu’en diplomatie, la prise de l’initiative a des enjeux énormes qui peuvent parfois propulser. D’ailleurs, c’est fort de ce constat que j’ai fait la semaine dernière avec vos confrères, que le président Wade, dans sa déclaration, qui n’était pas destinée à la presse mais à l’opinion publique, conteste officiellement la position de son successeur. Ensuite, en termes de contenu, je retrouve dans cette déclaration du Président exactement ce que j’avais dit lors de mon intervention la semaine dernière. A savoir que le Président Sall devait prendre l’initiative de prendre contact avec ses pairs pour mutualiser les forces. En effet, même s’il est un ex-président, Me Wade sait exactement les rouages d’un Etat et les moyens de possibilités qu’il peut disposer pour faire face à cette pandémie. Ensuite, il a pris du temps pour observer les réactions et se mettre du côté de l’opinion en envoyant une sonde au pouvoir en l’occurrence, le Président Macky Sall. Cependant, il faut dire que cette sortie est en droite ligne de ce nous, observateurs, avaient dit par rapport à la déclaration du chef de l’Etat. Laquelle a été par la suite tempérée par les déclarations de personnages publiques dont le ministre de la Santé qui a essayé quelque part de corriger ce que j’appelle le défaut de communication et dire effectivement que le Sénégal n’est pas doté financièrement et logistiquement pour faire face à ce virus mais qu’il y a des solutions qui sont en train d’être prises. C’est ce qui manquait dans la sortie du chef de l’Etat. Maintenant, avec ce manifeste, le président Wade vient de mettre de l’eau dans le moulin de l’opposition et la société civile qui avaient fortement décrié cette sortie du président de la République. Je pense que le président Wade va chercher à récupérer une valeur ajoutée de cette sortie médiatique en se mettant dans une position d’opposition constructive. Autrement dit, il est opposé à une manière de faire notamment la position du président Macky Sall et il fait des propositions de solutions en parlant de mutualisation des forces. Quelque part, il faut donc s’attendre que le pouvoir sorte du bois pour apporter des correctifs, à la limite corriger les propos du président Wade. Il faut également s’attendre que ce débat ait par ricochet une petite influence sur le contenu des discussions ans le dialogue national»