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Figure de la macronie, Benjamin Griveaux, 41 ans, a renoncé vendredi à sa candidature à la mairie de Paris. © AFP

Municipales à Paris : après le retrait de Griveaux, LREM en panne de candidat

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"C’est un coup très dur pour La République en marche. C’est un coup très dur pour la République française en général car cette affaire dépasse de très loin le cadre de la simple municipale de Paris", a commenté Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF, vendredi 14 février, sur France 24. Benjamin Griveaux a occupé des fonctions éminentes : porte-parole du gouvernement, député depuis 2017. C’est un tremblement de terre". Et de poursuivre : "Il est difficile pour un politique aujourd’hui de séparer public et privé".

Le professeur écarte, en outre, la thèse conspirationniste car elle "semble délicate à défendre. Elle rappellerait des choses qu’on a entendues lors de l’affaire DSK."

Le candidat macroniste a retiré sa candidature après la diffusion d'une vidéo intime le mettant en cause.

"C’est devenu un calvaire"

Bruno Cautrès ajoute par ailleurs que "l’appareil LREM et le chef de l’État n’auraient probablement pas appuyé la candidature de Benjamin Griveaux s’ils avaient eu ces éléments à leur connaissance. Ça souligne le côté peu stratégique de l’exclusion de Cédric Villani. La République en marche se retrouve sans roue de secours. On ne sait pas qui va prendre la place de Benjamin Griveaux."

Et de conclure, "Comment en est-on arrivé là à Paris pour LREM ? Alors que la Mairie de Paris semblait être un boulevard ouvert pour eux il y a un an, aujourd’hui c’est devenu un calvaire."

Un "calvaire" largement commenté par la classe politique française qui regrette l’irruption du privé dans la sphère publique. "L'attaque indigne qu'il subit est une menace grave pour notre démocratie", a ainsi tweeté l'ex-LREM et candidat dissident à la mairie de Paris Cédric Villani.

La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, candidate à sa propre succession, a appelé "au respect de la vie privée et des personnes".

"La honte et l'abomination"

"Jusqu'où ira-t-on dans la honte et l'abomination ? Ce n'est plus aux chiens qu'on livre les hommes désormais, mais aux rats planqués au fond des pires égouts", a dénoncé sur Twitter l'ancienne socialiste et Ministre de la culture Aurélie Filippetti.

Interrogé sur BFMTV, le député LREM Bruno Questel fustige une "saloperie" et une "foire aux ordures. On franchit une nouvelle étape. On n'a plus de limites et il faut aussi que les politiques s'interrogent".

"Rien d'illégal dans ce qui est révélé à ce stade sur Benjamin Griveaux. Son intimité sexuelle ne devrait pas se retrouver sur la place publique. Dans la bataille politique, tout ne devrait pas être permis. Ce climat est inquiétant d'un point de vue démocratique", a souligné également la députée insoumise Clémentine Autain.

Une histoire "profondément dégueulasse et inquiétante"

"Peu importe ce qu'on pense de Benjamin Griveaux aujourd'hui, cette histoire est profondément dégueulasse, et inquiétante pour la suite. La politique, cela ne doit pas, cela ne peut pas être ça. Ressaisissons-nous collectivement ou nous allons tous nous noyer dans la fange", prévient aussi l'essayiste et eurodéputé de gauche Raphaël Glucksmann.

"Le respect de la vie privée en ligne est un des principaux défis de notre temps. Mon soutien à Benjamin Griveaux et sa famille dans ce moment difficile. Sa décision est courageuse", a estimé l'ancienne marcheuse et députée Paula Forteza, membre de l'équipe de Cédric Villani et candidate dans le 19e arrondissement à Paris.

Avec AFP