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La multiplication des chantiers et la dégradation de l'état des trottoirs a rendu la ville de Paris dangereuse ^pour ses habitants. Photo © PATRICK GELY/SIPA

Comment Anne Hidalgo a fait de Paris une ville anti-piétons

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Trop occupée à faire de Paris une ville « durable, inclusive et bienveillante », Anne Hildago oublie les besoins fondamentaux des habitants, notamment celui de pouvoir se déplacer sans risques, estime Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du groupe LR et indépendants au Conseil de Paris.

On aurait pu imaginer, en 2020, ambition plus visionnaire pour la/le prochain(e) maire de Paris, la ville lumière, la capitale de la France. Et pourtant ! La première urgence de la nouvelle mandature sera, d’abord, de réparer les trottoirs de Paris. Le trottoir en bas de chez vous. Tous les trottoirs. En six ans, Paris est devenue une ville épuisante et dangereuse pour les Parisiens. S’y déplacer, à vélo, en voiture, en deux roues, mais surtout à pied, est devenu toujours anxiogène et parfois périlleux. Méprisante des réalités vécues par les Parisiens, tout occupée à peaufiner des discours sur la Ville « durable, citoyenne, inclusive et bienveillante », Anne Hidalgo a oublié sa mission première : être Maire de Paris. Elle s’est montrée incapable d’assurer le minimum qu’une ville doit à ses habitants : l’entretien, la salubrité et la sécurité de l’espace public et en premier lieu, les trottoirs.

En décembre dernier, on comptait encore 5544 emprises, rajoutant tensions et insécurité à un climat ambiant déjà très détérioré.

La dernière trouvaille de Madame Hidalgo, c’est la reprise du beau (et ancien) concept de la « ville du quart d’heure », une ville où chacun trouve réponse à ses besoins essentiels dans l’« hyperproximité ». Mais encore faut-il survivre au quart d’heure : que d’obstacles, que de dangers à moins d’un quart d’heure de chez soi ? Combien de trous, de creux, de bosses et de flaques, de barrières de chantiers ? Combien de déchets, de mobiliers urbains inesthétiques, cassés ou les deux ? Combien de trottinettes, de vélos, de scooters sur nos trottoirs devenus une jungle ? Et que dire des milliers de chantiers à Paris dont la ville se montre incapable de superviser le calendrier, la coordination et la bonne réalisation ? Chaque banal parcours à pied est semé d’obstacles : le Parisien doit constamment éviter, slalomer, rebrousser chemin. En décembre dernier, on comptait encore 5544 emprises ici et là, rajoutant tensions et insécurité à un climat ambiant déjà très détérioré. Et songe-t-on un instant au calvaire que constitue désormais la vie d’une personne handicapée dès qu’elle sort de chez elle ?

Anne Hidalgo a creusé, et les déficits et les trottoirs. Focalisant toute l’énergie et les crédits de la ville sur des grands projets aussi tapageurs que dispendieux, l’équipe municipale a simplement « oublié » d’entretenir la ville. 30 millions d’euros avaient été budgétés pour la « transformation » de sept grandes places parisiennes : ce sera finalement 46 millions pour pouvoir aller pique-niquer sur d’imposants ronds-points, tels celui de la place de la Nation. Il faut d’abord traverser une immense voie qui conduit au périphérique et aux autoroutes, embouteillée d’automobilistes pressés, de scooters slalomant, de trottinettes alternant indifféremment entre voies et trottoirs. Une fois atteint le jardin central, chacun pourra s’enivrer des effluves d’un nuage de pollution généré par la congestion de la circulation : jamais Paris n’aura été aussi embouteillée qu’en 2019, avec 163 heures perdues dans le trafic, contre 150 en 2018.

Dans le même temps, le budget et les effectifs consacrés à l’entretien courant de la voirie ont plongé dès l’entrée en fonctions d’Anne Hidalgo. S’élevant à 7,2 millions d’euros au départ de Bertrand Delanoë, ils n’étaient plus que de 1,6 million la première « année pleine » de mandat d’Anne Hidalgo en 2015. Dotée de 1 319 agents en 2013, la Direction de la voirie et des déplacements n’en comptait plus que 1 183 en 2017. Conséquence logique : non seulement notre environnement quotidien s’est dégradé à vue d’œil, mais les accidents ont explosé. Les « indemnisations amiables » versées par la commune « en réparation de dommages accidentels » sont ainsi passées de 488 000 euros pour 172 personnes en 2014 à 1,3 million d’euros pour 306 victimes en 2017. Soit l’équivalent de ce qui restait du budget de la voirie… Et cela jusqu’au drame de la rue de Trévise, le 12 janvier 2019, qui a fait 4 morts et 66 blessés. Le mois dernier, les experts ont rendu leur rapport sur ce terrible accident, pointant du doigt les « manquements » des services de voirie de la Ville. C’est exactement en 2015, lorsque les crédits sont au plus bas, que des « travaux de rafistolage » sont commandés par la Mairie pour la rue de Trévise.

Les « indemnisations amiables » versées par la commune « en réparation de dommages accidentels » sont ainsi passées de 488 000 euros pour 172 personnes en 2014 à 1,3 million d’euros pour 306 victimes en 2017.

Sous l’effet stimulant du calendrier électoral et des alertes de l’opposition municipale, les effectifs ont un peu progressé, remontant à peu près au niveau atteint sous Bertrand Delanoë. Les crédits de fonctionnement de l’entretien de la voirie se sont stabilisés à 4,7 millions à partir de 2019 : c’est encore 2,5 millions (35 %) de moins qu’avec Bertrand Delanoë.

Mais le mal est fait. Chaque mètre de trottoir porte les stigmates de six années de vaches maigres et d’un total désintérêt de la part de la Maire de Paris. Chaque jour qui passe fait surgir de nouveaux dangers sur nos trottoirs et dans notre environnement quotidien. Madame Hidalgo, qui avait obtenu de l’Etat, en 2017, la responsabilité des aménagements et dispositifs de protection dans l’espace public, a échoué à les exercer correctement. En 2019, 34 personnes sont mortes sur les routes et trottoirs de la capitale, dont 16 piétons. Les personnes âgées et les enfants sont les plus touchés. Et cela sans parler des blessés dont la vie est changée à jamais. Sans parler, non plus, de toutes les chutes sans trop de gravité mais qui ne devraient pas advenir lorsque l’on marche, simplement, sur un trottoir. J’ai demandé, au nom du groupe des Républicains et Indépendants, que soit effectué sans délai un audit des carrefours et passages piétons dangereux, et de mettre en place immédiatement les aménagements qui s’imposent.

Non, le Paris de Madame Hidalgo n’a rien de bienveillant. Nos trottoirs, notre environnement quotidien n’ont rien de « durable », de « citoyen », d’«inclusif ». En l’espace de six courtes années, en l’espace d’une seule mandature, Paris est devenue une ville hostile à ses habitants. Alors, stop ou encore ?