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Au terme d’un accord négocié avec son rival beIN Sports, Canal+ retrouve ses droits sur le championnat de France de football.© FRANCK FIFE / AFP

Droits TV : Canal+ et beIN Sports, « la reconquête »

Au terme d'un accord négocié avec son rival beIN Sports, le diffuseur historique du championnat de France de football retrouve ses droits.

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Le mariage enfin scellé. Canal+ et beIN Sports ont annoncé par communiqué la finalisation de leur partenariat de distribution exclusive et de sous-licence, projet qui avait été rendu public au mois de décembre dernier. Un accord négocié avec son rival pour près de 330 millions d'euros, qui permet à Canal+ de rester un acteur incontournable pour les fans de football et de diffuser le championnat de France sur la période 2020-2024. La chaîne cryptée proposera dans ses offres l'ensemble des chaînes de sport premium de beIN Sports et deviendra dans le même temps le distributeur exclusif de la chaîne sportive.

« Canal+ a sauvé sa peau  »

Grand perdant des derniers lots de diffusion de la Ligue 1, Canal+ signe un retour en force en s'alliant une nouvelle fois avec beIN Sports. Après un premier accord sur la Ligue des champions, les deux chaînes rivales ont décidé de s'associer pour la diffusion de la Ligue 1 sur la période 2020-2024. Le réseau qatari de chaînes de télévision sportives a annoncé sous-licencier en exclusivité à Canal+ ses droits pour la Ligue 1. La chaîne du groupe Vivendi, qui avait initialement perdu les droits de diffusion de la L1 à partir de 2020-2021 au profit de Mediapro et de BeIN Sports, continuera donc de diffuser des matchs du championnat français à hauteur de deux affiches par journée, permettant ainsi aux abonnés de la chaîne du groupe Vivendi de bénéficier de deux matchs par journée, dont 28 des 38 meilleures affiches chaque saison dès 2020-2021. Les droits des dix meilleures affiches restantes par journée sont détenus par Mediapro sur la période.

Expert international des droits télévisés sportifs, ancien directeur des programmes de l'ex-Canal+ Belgique et auteur d'une enquête intitulée « Le business des droits TV du foot », Pierre Maes salue le travail réalisé par la chaîne cryptée. Grâce à ce nouvel accord, « on peut dire que Canal+ a sauvé sa peau. Mais pas seulement à ce moment-là », précise le spécialiste. « La reconquête a démarré avec les droits de la Premier League, puis s'est consolidée avec les droits des meilleures affiches de la Ligue des champions. »

Un plan de croissance « ambitieux » et « à long terme »

Cet accord historique qui semble profiter essentiellement à Canal+, bénéficiera également à BeIN Sports. Selon les termes de l'accord, Canal+ proposera dans ses offres l'ensemble des chaînes de sport premium de beIN Sports, et la chaîne cryptée deviendra le distributeur exclusif de beIN Sports sur toutes les plateformes et auprès de l'ensemble des opérateurs tiers en France. Néanmoins, Canal+ et beIN Sports conserveront à la fois leurs identités, leurs marques et leur autonomie éditoriale, et continueront à répondre de manière indépendante aux appels d'offres de droits sportifs.

« Nous nous félicitons de ce partenariat avec beIN Sports, dont l'offre sportive de très grande qualité complète parfaitement la notre. Nous sommes très honorés de la confiance que nous accorde beIN Sports pour commercialiser ses chaînes en France », s'est félicité Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal +. Dans le même sens, Yousef al-Obaidly, le président de beIN Sports France et PDG de beIN media group, précise : « Le marché français des chaînes sportives payantes est en train de connaître des changements radicaux, conséquences de l'arrivée de nouveaux acteurs. Les diffuseurs de contenu premium, ayant acquis des droits à un prix raisonné – établis sur la base de business plans rationnels – continueront à se développer avec succès. C'est précisément ce que fait beIN Sports, notamment en scellant ce partenariat avec Canal+. Ce partenariat est une étape majeure de nos ambitieux plans de croissance à long terme en France ». 

Mediapro, le dindon de la farce

Canal+ signe donc son grand retour sur le marché français des droits du football, qui était devenu ces dernières années de plus en plus éclaté au profit de nouveaux acteurs, comme Mediapro ou RMC Sport, qui avait acquis les droits de la Ligue des champions lors du précédent appel d'offres de l'UEFA. Du côté de Canal+, il permet au groupe tricolore de remplumer son offre de contenus autour du tryptique foot, cinéma et séries, où il a signé une alliance avec le géant américain Netflix. Quant à beIN Sports, il permet au groupe qatari de se concentrer sur ses grosses compétitions internationales, et de récupérer des fonds qui vont lui permettre de financer ses prochains appels d'offres, tout en sécurisant son avenir en France alors que le marché tricolore était devenu particulièrement compliqué. 

Enfin, il met clairement la pression sur le groupe espagnol à capitaux chinois Mediapro, jugé par de nombreux acteurs responsable de l'inflation des droits sportifs en France. Face au retour en force de Canal+, le groupe ibérique, qui a accepté de payer la bagatelle de 800 millions d'euros par saison pour diffuser les meilleurs matchs de la Ligue 1, va devoir redoubler d'efforts pour conquérir des abonnés et tenter de rentrer dans ses frais alors que sa stratégie et sa capacité à l'exécuter suscitaient déjà beaucoup d'interrogations dans les milieux du foot et de l'audiovisuel. Doit-on alors anticiper une faillite du groupe catalan ? « Je ne crois pas », poursuit Pierre Maes. « Tant que son actionnaire chinois Orient Hontai Capital financera les investissements de Mediapro, il n'y aura pas de problème. » Une excellente nouvelle pour la Ligue 1, donc. « Pour autant que Mediapro et Orient Hontai Capital honorent les factures, le football français a quatre belles années devant lui », conclut l'expert. La chaîne sera lancée le 25 juillet 2020. Elle n'a pas encore de nom officiel même s'il a d'ores et déjà été trouvé en interne.