Candidature dissidente, propositions moquées, vidéos intimes... La campagne cauchemardesque de Benjamin Griveaux

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Le candidat de La République en marche à la mairie de Paris a jeté l'éponge vendredi 14 février. "Cela va trop loin", a-t-il regretté, dénonçant des "attaques ignobles".

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L'ancien candidat à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux, le 11 septembre 2019 à Paris. (JOEL SAGET / AFP)

La goutte de trop. Après la diffusion sur internet de vidéos et de messages à caractère sexuel attribués à Benjamin Griveauxcandidat LREM à la mairie de Paris, ce dernier a renoncé, vendredi 14 février, à sa candidature. Evoquant des "attaques ignobles" et un "torrent de boue", l'ancien porte-parole du gouvernement a expliqué qu'il n'était "pas prêt à exposer davantage" sa famille "quand tous les coups sont désormais permis. Cela va trop loin".

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Cette affaire est le dernier épisode d'une campagne très compliquée pour le candidat de la majorité, qui rêvait de détrôner la socialiste Anne Hidalgo.

Il commet une gaffe sur les prix de l'immobilier

Avant même son entrée officielle en campagne, Benjamin Griveaux devient la risée des réseaux sociaux après des propos maladroits sur les prix de l'immobilier dans la capitale. "Je ne vis pas dans un château. Je suis locataire, je ne suis pas propriétaire à Paris parce que le prix du mètre carré est trop cher", se plaint-il, juste après avoir confié percevoir "7 900 euros net par mois" comme secrétaire d'Etat. Il s'excuse ensuite, disant s'être mal exprimé. Mais, scandalisés par ces propos, des particuliers ont déjà lancé des cagnottes sur les réseaux sociaux "pour permettre à Benjamin Griveaux de s'acheter un duplex de 300 m2".

Cédric Villani reste candidat contre lui

Porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux quitte ses fonctions le 27 mars pour préparer la campagne. Mais sa candidature est contestée dans son propre camp dès le départ : quelques semaines plus tôt, un autre membre du gouvernement, Mounir Mahjoubi, a annoncé son intention de briguer la mairie de Paris. Ce dernier finit par se rallier à Benjamin Griveaux, ce qui n'est pas le cas d'un autre rival, plus coriace : le mathématicien Cédric Villani, député LREM de l'Essonne.

Déçu de ne pas avoir pas été retenu, ce dernier torpille l'annonce officielle du candidat choisi par le parti présidentielle, en écrivant sur Twitter : "Il est clair que je n'obtiendrai pas d'investiture de l'appareil de LREM". Et de dénoncer dans la foulée une investiture à la "Kim Jong-un". Le 4 septembre, le député LREM se lance malgré tout dans la course, en candidat dissident. Rien ne l'arrête, pas même les remontrances d'Emmanuel Macron et son exclusion de LREM.

Dans les sondages, cette candidature plombe durablement celle de Benjamin Griveaux : selon la dernière vague d'un sondage Odoxa pour Le Figaro, publié le 26 janvier, le candidat du gouvernement se classait troisième, avec 16% des intentions de vote, loin derrière Anne Hidalgo (23%) et Rachida Dati (20%), et devant Cédric Villani, cinquième, avec 10%.

Il insulte ses adversaires à l'investiture

Juste après son investiture, des fuites d'une "conversation privée", rapportées par Le Point jettent le discrédit sur le candidat de La République en marche : il lui est reproché d'avoir qualifié d'"abrutis" ses rivaux pour l'investiture, parmi d'autres propos peu amènes. L'un d'eux est même traité de "fils de p..." et il se vante de tenir un autre "par les c...".

Benjamin Griveaux est alors obligé d'appeler les personnes citées, pour s'excuser auprès d'elles. La séquence renforce son image de candidat "antipathique", qu'il déplore régulièrement, le poussant à fendre l'armure lors de son meeting à Bobino fin janvier : "Il me reste sept semaines pour vous dire ma part de vérité, celle que vous n'avez pas pu voir jusqu'alors car je n'ai pas su la partager avec vous", explique-t-il alors, évoquant ses "angoisses", ses "échecs", ses "épreuves" et ses "drames familiaux".

Ses propositions suscitent la moquerie

A la peine dans les sondages, le candidat décide mi-janvier de saturer l'espace médiatique avec des propositions chocs. "L'idée n'est pas de faire du sensationnel, mais de créer du débat avec des propositions innovantes et symboliques", assure à l'époque à franceinfo la garde rapprochée du candidat.

Mais la méthode s'avère contre-productive : sa proposition de déménager la gare de l'Est aux portes de la capitale ou en banlieue pour créer un "Central Park parisien" lui vaut critiques et moqueries jusque dans son camp, beaucoup dénonçant un projet "irréaliste", une "ineptie" et un "non-sens".

Benjamin Griveaux promet également "jusqu'à 100 000 euros d'apport par la mairie de Paris aux classes moyennes, pour acheter leur résidence principale", pour financer 20 000 logements, d'ici 2026. Mais des spécialistes immobiliers dénoncent aussitôt une mesure qui va entraîner une hausse significative des prix des logements.

Des vidéos intimes sont publiées sur internet

Enfin, un site diffuse, mercredi 12 février, deux vidéos et des messages à caractère sexuel adressés à une femme, affirmant qu'ils émanent de l'ancien porte-parole du gouvernement. Ils sont relayés jeudi sur les réseaux sociaux. Le texte accompagnant ces vidéos intimes est signé d'un certain "Piotr Pavlenski". Peu après le retrait de la candidature de Benjamin Griveaux, cet artiste russe revendique dans Libération la diffusion de ces images. "Il affirme tenir cette vidéo d'une 'source' qui avait une relation consentie avec Benjamin Griveaux", écrit le quotidien, qui s'est entretenu au téléphone jeudi soir avec Piotr Pavlenski.

"C'est quelqu'un qui s'appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu'il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire", se justifie Piotr Pavlenski, condamné en janvier 2019 pour avoir incendié la façade d'une succursale de la Banque de France"Ça ne me dérange pas que les gens aient la sexualité qu'ils veulent, ils peuvent même baiser des animaux, pas de problème, mais ils doivent être honnêtes", poursuit-il. "Lui veut être le chef de la ville et il ment aux électeurs. Je vis désormais en France, je suis Parisien, c'est important pour moi", conclut ce réfugié russe de 35 ans.