On a sauvé les meubles

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En tant que ministre de l’Économie et « banquier en chef » d’Investissement Québec, rendons à Fitzgibbon ce qui appartient à Fitzgibbon : acculé au pied du mur, il a permis au gouvernement du Québec de s’en tirer relativement à bon compte dans le cadre de la transaction où Bombardier cède la totalité de sa participation dans la mésaventure de la C Series.

Peu importe le parti au pouvoir, personne n’aurait pu faire mieux que Pierre Fitzgibbon dans les circonstances. Qu’on se le tienne pour dit !

On va me dire : oui... mais en vertu de la nouvelle évaluation du programme d’avions C Series (devenu A220), l’investissement de Québec a fondu de 600 millions $. Et cette baisse de valeur va faire l’objet d’une provision de pertes équivalente, laquelle va réduire d’autant le surplus du gouvernement Legault.

MISE AU POINT

Tout d’abord, précisons que ce n’est quand même pas la faute du gouvernement Legault ni de son ministre Fitzgibbon si la valeur de l’A220 d’Airbus vient d’être réévaluée en forte baisse de quelque 40 %. Un, c’est le gouvernement de Philippe Couillard qui, en 2015, a injecté directement 1,3 milliard $ dans la C Series de Bombardier. Et deux, c’est Airbus, l’actionnaire de contrôle de l’A220, qui a dévalué de la sorte le programme du fameux avion développé à gros frais par Bombardier.

Autre facteur déterminant dans cette réévaluation à la baisse du placement de Québec dans l’A220 : en raison du haut niveau de surendettement de la compagnie, la haute direction de Bombardier ne voyait pas d’autre issue que de céder la totalité de sa participation restante (35 %) dans cet avion.

Par voie de conséquence, le gouvernement du Québec était forcément tributaire de cette ultime décision de Bombardier. Ce n’est pas le gouvernement du Québec qui contrôle Bombardier, c’est la famille Beaudoin-Bombardier. Et après avoir injecté plus de 6 milliards $ US dans le développement de la C Series, l’illustre famille a décidé qu’elle avait son voyage du puits sans fond que représente pour elle cet avion commercial.

Voilà pourquoi Bombardier, après avoir cédé gracieusement 50,01 % de la C Series à Airbus en 2018, se contente maintenant de se débarrasser du reste de sa participation, dont 25 % à Airbus pour à peine 591 millions $ US, et l’autre 10 % au gouvernement du Québec pour 0 $.

À partir de maintenant, Airbus détient donc 75 % du programme de l’A220, et Québec 25 %.

ON GAGNE QUOI ?

Pour le gouvernement Legault, le principal objectif de la transaction Bombardier-Airbus-Québec consistait à protéger les 3300 emplois directs qui sont liés à la fabrication de l’A220. 

Mission accomplie de ce côté-là, bien que les emplois ne peuvent faire l’objet, comme dit Pierre Fitzgibbon, que d’une garantie verbale. Tant et aussi longtemps que la multinationale Airbus va réussir à remplir son carnet de commandes d’A220, il n’y aura pas de coupes !

Le ministre Fitzgibbon est également fier d’avoir réussi à reporter à 2026 la clause du rachat par Airbus de la portion du gouvernement dans l’A220.

À tel point qu’il croit être en mesure, d’ici cette échéance, de recouvrer les 600 millions $ de dévaluation de notre investissement initial (1,3 milliard $) dans la C Series.