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Le réseau social a visiblement pris le RGPD un peu trop à la légère... Crédits photo : Pixabay.

Pas de Facebook Dating pour la Saint-Valentin

Le service de rencontres de Facebook, dont la sortie en Europe était prévue jeudi 13 février, à la veille de la Saint-Valentin, n’a pas fourni les garanties nécessaires sur la protection des données personnelles de ses futurs utilisateurs.

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Il s’agit d’un beau couac. Lancé en 2018 en Colombie, avant d’être étendu à 18 autres pays comme les États-Unis fin 2019, Facebook Dating, la nouvelle fonctionnalité destinée à favoriser les rencontres entre célibataires sur le réseau social, devra attendre encore un peu avant de s’imposer sur le marché européen.

La raison : un délai administratif trop court serait à l’origine du report du lancement de Facebook Dating, que le réseau social aux 2,5 milliards d’utilisateurs dans le monde souhaitait lancer à l’occasion de la Saint-Valentin en Europe. De quoi mettre en pause un lancement de produit que Facebook préparait déjà depuis plusieurs mois…

La CNIL irlandaise informée 10 jours seulement avant la sortie

La Data Protection Commission (DPC), l’équivalent de la CNIL en Irlande à laquelle Facebook doit se référer du fait de son siège européen situé à Dublin, n’a pas eu le temps nécessaire pour examiner et valider les questions relatives à la vie privée des utilisateurs du futur service.

« Nos inquiétudes ont été aggravées par le fait qu’aucune information / documentation ne nous a été fournie le 3 février (date à laquelle Facebook a contacté la DPC, ndlr) concernant l’étude d’impact sur la protection des données ou les processus de prise de décision qui ont été entrepris par Facebook Irlande », précise la Commission irlandaise dans un communiqué.

La DPC explique également que des agents ont effectué une inspection dans les bureaux du siège de Facebook à Dublin, lundi 10 février, afin de récolter la documentation nécessaire à l’examen de la nouvelle fonctionnalité. Le lendemain, Facebook a annoncé le report de la sortie de Dating à une date ultérieure.

Facebook n’aurait rien à se reprocher dans cette affaire…

De son côté, Facebook assure être en règle avec le RGPD. « Nous voulons lancer Facebook Dating dans les meilleures conditions et avons décidé de prendre un peu plus de temps pour nous assurer que le produit soit prêt pour le marché européen, a expliqué un porte-parole de Facebook dans un communiqué relayé par Le Monde. Nous avons mis en place des mesures solides de protection de la vie privée et, en amont du lancement européen, nous avons complété l’analyse d’impact relative à la protection des données, qui a été partagée avec [la DPC] à sa demande. »

En interne, ce report ne passe visiblement pas très bien, comme en atteste cette déclaration d’un porte-parole de Facebook au média américain TechCrunch : « nous n’avons aucune obligation légale d’informer la DPC des lancements de produits. Cependant, par courtoisie vis-à-vis du bureau de la Commission de protection des données, qui est notre principal régulateur pour la protection des données en Europe, nous les avons informé de manière proactive au sujet de ce projet de lancement deux semaines à l’avance. Nous avions achevé l’évaluation de l’impact du traitement des données bien avant le lancement européen, que nous avons partagé avec la DPC lors de sa demande ».

Aucune date de sortie officielle

Si les lois européennes sont plus contraignantes que celles en vigueur sur le sol américain, notamment depuis la mise en place du RGPD, la sortie d’un tel produit implique le profilage de centaines de millions d’utilisateurs et la manipulation de données sensibles à grande échelle. Son examen et l’étude d’impact sur les droits et les libertés des individus est une exigence du RGPD, auquel Facebook ne peut se soustraire.

Les documents récupérés par la DPC lors de son inspection sont actuellement en cours d’analyse. Des questions posées par l’instance au réseau social restent toujours en attente de réponse. Aucune date de sortie n’a été communiquée par Facebook.

Ce délai constitue une aubaine pour son concurrent direct Tinder, la 2e application la plus rentable au monde en 2019, qui a donc encore de beaux jours devant lui auprès de ses utilisateurs européens.