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Le Journal de Québec

Robin L'Houmeau: «Ç'a ma aidé à développer mon empathie»

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Son jeu tout en retenue et en intensité explose actuellement dans «Fugueuse la suite». Il incarne Yohan, un garçon transsexuel qui a quitté sa région pour vivre à Montréal. Une démarche qui ressemble pas mal à la sienne. Le jeune comédien, originaire de Val-d'Or, s'est confié sur son parcours, ses aspirations et son travail.

Robin L’Houmeau a commencé le tournage de «Fugueuse la suite» sans connaître réellement la courbe dramatique de son personnage. Il ne connaissait que l’essentiel de l’intrigue. «J’étais au courant que Yohan était une personne trans, mais je n’avais pas les détails de la trajectoire qu’il allait prendre dans la série. Je connaissais quand même son passé, le fait qu’il avait essayé de se suicider en quatre-roues avant de changer d’avis à la dernière minute et de prendre un bus pour Montréal afin de partir à la recherche de lui-même. C’est comme ça que j’ai fait un parallèle avec ma propre vie. Moi, je suis parti de Val-d’Or pour venir à Montréal afin de me chercher. Notre point commun était là-dedans; ça me parlait beaucoup.»

Au fil du tournage, le comédien en a appris davantage sur ce qui attendait son personnage. «Avant ce projet, je n’avais fait que deux films. Alors, en jouant dans cette série, c’était comme si je suivais un cours pour apprendre comment livrer quelque chose quand on ne sait pas quelle sera la ligne d’arrivée.»

Identité de genre

Jouer un personnage trans ne posait toutefois aucune difficulté au jeune comédien. «Quand on voit ça comme étant naturel, on est moins conscient de la réalité entourant ce genre de sujet. En plus, en tant que personne cisgenre, je ne m’identifiais pas à ses problèmes. J’étais confortable dans mon ignorance. Je sais que la société se questionne sur cette nouvelle réalité, mais quand ça ne nous touche pas personnellement, ça nous interpelle moins.»

Ce rôle l’a toutefois conscientisé. «Ça m’a aidé à développer mon empathie, notamment envers les personnes trans. J’ai eu l’opportunité de parler avec des gens qui ont vécu cette réalité, comme une amie proche de ma mère. Elle a vécu une transformation vraiment tard dans sa vie. Elle a dû réapprendre à vivre et à aimer, avec sa femme qui l’a suivie dans son cheminement. Elle m’a raconté que parler de sa dysphorie de genre l’avait aidée à s’ouvrir dans toutes les sphères de sa vie.»

Formation sur le tas

Robin L’Houmeau a un parcours d’autodidacte dans ce milieu; il n’a pas fait d’école de théâtre. Mais sa passion dévorante lui a permis d’aller au bout de son rêve. «J’ai très longtemps joué à des jeux de simulation. Je me souviens aussi de la première fois où j’ai touché à une caméra: j’avais filmé l’anniversaire de ma petite soeur. Je me suis ensuite amusé à faire des montages et des petits sketchs. Ma grand-mère avait l’habitude de découper des trucs dans les journaux et de me les envoyer. Un jour, elle a découpé une annonce qui proposait de participer au tournage des ¨Boys 5¨ (¨Il était une fois les Boys¨, NDLR).»

Robin a tenté sa chance après avoir filmé un démo dans l’aréna proche de chez lui. «Je me suis rendu jusqu’à la dernière sélection, mais ça n’a pas fonctionné. Par la suite, j’ai fait régulièrement des allers-retours entre Val-d’Or et Montréal pour participer à des auditions. J’ai aussi fait pas mal de figuration; j’adorais ça! Je trouve que c’est une façon incroyable d’apprendre. On est proche de tout le monde, on est payé et on fait partie du processus créatif.»

Les plus attentifs ont pu l’apercevoir dans «30 vies» ou dans la série «Clash». La prochaine aventure de Robin L’Houmeau sera au cinéma, puisqu’il joue dans «La déesse des mouches à feu», le prochain film d’Anaïs Barbeau-Lavalette, dont la sortie est prévue à l’automne. «Je veux faire des films avant tout. La télé est une expérience que je voulais vivre. Je l’ai fait avec Fugueuse, mais je veux d’abord faire du cinéma.»