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FRANÇOIS GERVAIS

Pour entendre Gatien Lapointe

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TROIS-RIVIÈRES — Le nom de Michel Forgues ne fait peut-être pas sonner immédiatement une cloche dans la tête de tous mais l’homme de théâtre a derrière lui une longue carrière à Montréal. Après 45 ans, fatigué peut-être du rythme de la métropole québécoise, il a choisi de rentrer au bercail, dans sa région d’origine pour s’établir à Trois-Rivières tout en poursuivant son travail. Il présentera le 15 février à 15 h au café-librairie La p’tite brûlerie, une lecture de l’Ode au Saint-Laurent de Gatien Lapointe.

Si l’interprète écrit de son côté et met en scène, pour Gatien Lapointe, il revient à la base de son métier appris au Conservatoire de Montréal. «Chaque âge a sa fleur, soutient-il en référence à ses 70 ans. Dans les premières années dans mon métier, j’ai appris à dire la poésie grâce à un spectacle sur des vers de Nelligan. J’étais jeune et Nelligan se caractérisait par la fougue de sa jeunesse. Je n’aurais pas, à cette époque, pu dire les vers de Gatien Lapointe. Dans son Ode au Saint-Laurent, il parle du territoire intérieur qu’il a un jour décidé d’habiter. Il utilise des mots ayant une amplitude tout à fait extraordinaire que je suis plus en mesure aujourd’hui d’atteindre. Ma voix s’est placée dans un espace intérieur avec le temps et tout le corps devient un instrument de résonance de la voix. Ça prend ça pour rendre correctement les mots de Gatien Lapointe. C’est lui le maître, le compositeur, moi, je ne suis que le musicien.»

«Il n’y a pas de nostalgie chez Lapointe, poursuit l’acteur. Il est simplement présent à sa propre existence, à l’écoute de ses vibrations intérieures. Il n’est pas romantique, mais il regarde ce qu’il est avec une extraordinaire lucidité.»

«On note, dans Ode au Saint-Laurent ainsi que dans deux autres de ses textes que je vais présenter, une certaine impétuosité, certes, mais également un repli qui ne peut s’exprimer que par le murmure. C’est une question de temps pour en arriver à bien intégrer sa poésie et, surtout, la rendre. C’est aussi une question de sève. Il me faut me reconnaître dans l’auteur pour interpréter son œuvre de façon satisfaisante et ça s’est produit avec lui. C’est une rencontre intime que je veux partager avec le public. Ça fait très longtemps que je caresse ce projet et c’est la première fois que je le présente.»

Ce sera aussi une façon bien personnelle pour lui de «...pendre la crémaillère» pour son retour en Mauricie, lui qui est né à Shawinigan-Sud et a travaillé à Trois-Rivières avec les Nouveaux Compagnons et le TGP, notamment. Comme il ne voit dans son établissement ici qu’une migration comme en exige son métier, il continue à travailler. «Je n’ai jamais vu de frontières dans mon métier. Je n’ai jamais dit non à des propositions. Je dis oui aux occasions, aux hasards. Je vais voir ce que je peux faire ici dans une ville que j’aime et que je connais bien.»

Il est en train d’écrire le texte d’un spectacle qui sera consacré à Frédéric Jansoone, le bon Père Frédéric. «Ce sera un spectacle d’une soixantaine de minutes pour aborder la vie d’un homme extraordinaire en nous plongeant dans ce qu’était son existence à lui à la fin du XIXe siècle. C’est une découverte pour moi mais je suis quelqu’un de très curieux et je trouve l’aventure passionnante. Tout ce qui touche à l’humain m’intéresse et ce personnage en présente une autre facette très intrigante.»

L’entrée, pour la lecture de samedi après-midi, est gratuite mais il est recommandé de réserver puisque le café ne compte que 25 places; on peut le faire au 819-375-6890. Une contribution volontaire sera proposée sur place.