Des jeux d’évasion dans un ancien presbytère à Shawinigan
by Guy VeilletteSHAWINIGAN — Abandonné depuis près de trois ans, l’ancien presbytère Saint-Marc de la rue Georges s’apprête à revivre. Un jeune couple saisit cette occasion pour se lancer en affaires et transformer l’endroit en y aménageant des jeux d’évasion, une première à Shawinigan.
Il s’agit d’un saut dans le vide pour Véronique Raymond-Marcotte et Thierry Lacombe. Les travaux s’amorceront au cours des prochaines semaines. Ils veulent ouvrir les portes d’Expériences Lockzone en 2020, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un objectif ambitieux.
Ce presbytère appartenait toujours au Pavillon de l’Assuétude, qui avait déménagé ses quartiers à l’ancienne Auberge Escapade en 2017. Germain Labrosse, courtier immobilier RE-MAX, convient qu’il ne s’agissait pas d’un mandat facile, notamment en raison du zonage en vigueur, qui a d’ailleurs dû être modifié par le conseil municipal pour permettre une activité commerciale.
«Je n’ai pas eu énormément d’appels», reconnaît-il. «Les gens m’appelaient plus pour le terrain. Il y a pas mal de monde qui passe là! J’ai des franchises de restaurant qui ont regardé, mais ce n’était pas tout à fait assez grand.»
L’immeuble construit en 1967 a finalement été acquis au coût de 450 000 $, mais le couple estime sommairement à 1,5 million $ l’investissement nécessaire pour la réalisation de son rêve.
Les jeux d’évasion consistent généralement à passer une heure dans une pièce fermée, à résoudre des énigmes sous diverses formes pour pouvoir en sortir. Un divertissement qui réunit plusieurs personnes à la fois, d’une même famille ou d’un même milieu de travail.
«C’est un concept qui rassemble les gens», résume M. Lacombe, qui évalue à 300 le nombre de jeux d’évasion disponibles au Québec, dans environ 80 places d’affaires.
Grande aventure
Originaire des Laurentides, Mme Raymond-Marcotte travaillait comme gestionnaire d’un bureau d’avocats. Pour sa part, M. Lacombe a touché à l’univers du cinéma. Il habite à Laval.
«On se cherchait des activités à faire», raconte Mme Raymond-Marcotte. «Nous cherchions quelque chose de différent du cinéma ou du restaurant!»
«À un moment donné, on est tombés sur des jeux d’évasion. Nous en avons fait un premier à Laval, en 2017. Nous avons adoré l’activité.»
En effet, puisqu’en trois ans, les deux jeunes estiment avoir participé à une centaine de jeux semblables à travers le Québec!
«Nous prenions des notes sur tous les jeux qu’on essayait, sur ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas», relate Mme Raymond-Marcotte. «À un moment donné, on s’est demandé pourquoi on n’en ferait pas nous-mêmes? Nous ferions de notre passion notre métier.»
En 2018, le couple s’est lancé à la recherche d’un site qui pourrait accueillir cette vision.
«Ça a pris du temps à trouver ce que nous voulions», reconnaît la femme d’affaires. «Nous préférions acheter, ce qui rendait les démarches un peu plus compliquées.»
«On trouve souvent ce genre de local dans des parcs industriels, ce qui nous convenait plus ou moins», précise M. Lacombe.
Le couple souhaitait également s’établir en terre vierge, où la population locale pourrait vraiment découvrir le concept de jeux d’évasion. Selon leurs recherches, seulement deux municipalités de plus de 20 000 habitants répondaient à ce critère: Repentigny et Shawinigan.
En février 2019, l’ancien presbytère Saint-Marc attire leur attention sur un site de propriétés à vendre.
«On voulait s’enfuir de la grande ville!», sourit Mme Raymond-Marcotte. «Nous avons tout ce qu’il nous faut et il y a du bois juste à côté. C’est génial!»
«On voulait un bâtiment assez grand, mais qui soit aussi abordable», ajoute-t-elle. M. Lacombe estime que le même projet, à Repentigny, représenterait un investissement de deux ou trois millions $.
Après avoir traversé le long processus de changement de zonage, l’immeuble a finalement été acheté le 17 décembre dernier.
«C’est un méchant risque!», reconnaît Mme Raymond-Marcotte. «J’avais un emploi bien rémunéré. J’ai dû le laisser en septembre. Je commençais à m’absenter au travail et ce n’était pas possible de continuer à temps partiel.»
«Ce n’est pas banal de jouer le tout pour le tout», ajoute-t-elle. «Mettre tout ce qu’on a, toute notre énergie dans un projet... On espère que nous avons bien évalué notre affaire!»
Son conjoint ajoute qu’ils sont bien entourés dans leur famille, ce qui apaise les craintes.
Bon état
Les lieux ont évidemment été complètement vidés depuis le départ du Pavillon de l’Assuétude, de sorte que le bâtiment expose clairement son manque d’entretien au cours des dernières années. Quelques actes de vandalisme ont été commis, mais rien qui puisse décourager ces jeunes entrepreneurs.
«La structure est impeccable», résume M. Lacombe. «Nous avons eu la vision du projet fini ici. On s’est dit que ça pouvait marcher. De tous les scénarios possibles, c’est celui qui fonctionnait le mieux.»
Le couple ne veut pas encore trop en dire sur le nombre de jeux qui seront proposés et la quantité de pièces requises, mais beaucoup de murs tomberont à compter du mois prochain. Une deuxième phase, qui impliquera des modifications sur le revêtement extérieur et les balcons, s’enchaînera par la suite.
«Notre objectif est d’ouvrir nos portes avant la fin de l’année», avance M. Lacombe.