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OLIVIER CROTEAU

Daniel Béchard accroche ses patins

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Trois-Rivières — Le 8 septembre 1995, Daniel Béchard de Trois-Rivières brisait la glace en devenant juge de lignes dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Le 15 février 2020 au Centre Gervais Auto, il bouclera une brillante carrière d’un quart de siècle, en amenant avec lui un nouveau record et des tas de souvenirs.

En officiant la rencontre entre le Drakkar de Baie-Comeau et les Cataractes, Béchard s’installera seul dans le siège des juges de lignes ayant travaillé pendant 1000 matchs de saison régulière. Seulement deux arbitres ont réalisé l’exploit: Nicolas Dutil (1016) et Éric Charron (1244). Puisqu’il aime les chiffres ronds, il rangera ensuite son chandail rayé.

«J’ai toujours dit à mes proches que je partirais avant 50 ans», dit en souriant l’employé de Desjardins, qui entrera dans sa sixième décennie de vie le 26 février. «Il me manquait 32 parties cette saison pour atteindre les 1000. Je voulais que ce soit significatif.»

C’est pourquoi il fera ses adieux à Shawinigan, une ville qui lui a procuré un de ses moments parmi les plus intenses en carrière, avec la finale de la Coupe Memorial en 2012.

À ses côtés samedi, il retrouvera son ami David Rodrigue, un autre Trifluvien, de même que les arbitres Jonathan Trudel et Pascal St-Jacques. Deux autres de ses chums, des voisins de son chalet dans les Laurentides. Bien sûr, la LHJMQ l’honorera avant la première mise au jeu.

Le chemin était tracé

Le nom de la famille Béchard résonne dans le monde de l’arbitrage au Québec. Le père de Daniel, Claude, a été officiel dans la LNH de 1966 à 1980. Le chandail #22 de celui qui est décédé subitement à la suite d’un arrêt cardiaque à 67 ans, en 2007, flotte dans les hauteurs du Colisée de Trois-Rivières, aux côtés d’autres légendes locales.

Après la mort de son papa, Daniel Béchard a troqué son #32 pour le 22. Il ne l’a jamais lâché. Maintenant, c’est son fils Alexandre qui suit ses traces. On prépare une troisième génération d’officiels chez les Béchard.

«Il joue dans le junior AAA en ce moment, alors je ne sais pas s’il voudra faire comme moi. Au début de la saison, nous avons eu la chance d’officier une partie hors-concours de la LHJMQ ensemble. J’ai été très reconnaissant envers le directeur de l’arbitrage Richard Trottier. Je n’avais pas eu cette occasion avec mon père à l’époque, sauf dans des activités de bienfaisance.»

Une absence motivée en 33 ans

Certains se disent surpris que Béchard quitte alors qu’il est encore en excellente forme physique. Sur la glace, il n’est pas le plus vocal et les joueurs l’apprécient. Disons qu’il figure parmi les bons juges de lignes de la LHJMQ.

«Je ne suis plus aussi rapide, mais je joue encore au hockey une fois par semaine et je m’entraîne au gym plusieurs fois par semaine. C’est ça, le secret! Je suis flatté de recevoir des commentaires positifs, sauf que je ne voulais pas étirer ma carrière non plus.»

En 33 ans – si on compte les années avant son entrée dans le junior majeur –, Béchard n’aura raté qu’une partie, en raison d’une gastro. Il était au Colisée Pepsi à Québec. «J’ai été chanceux, car j’ai pu éviter les blessures.»

Établi en Mauricie, il a beaucoup fréquenté les villes et les arénas de l’Est du Québec. «Plusieurs arbitres demeurent à Montréal, j’étais donc souvent délégué à Rimouski, Baie-Comeau ou Chicoutimi. Ce fut un privilège de voir les Brad Richards, Vincent Lecavalier et Sidney Crosby. Ou encore de côtoyer un moulin à paroles comme Martin Biron!»

Frôler les pros

Bien sûr que Daniel Béchard aurait aimé emprunter la route de son père, celle des circuits professionnels. L’occasion ne s’est toutefois pas présentée. «Oui, c’est une déception, je ne peux pas m’en cacher. J’avais pourtant des contacts, mon père était encore connu dans la LNH. Je suis arrivé à un moment où la vague, c’était d’engager des gars assez grands. À 5p11, je ne remplissais peut-être pas tous les critères de sélection. Aujourd’hui, ils recherchent beaucoup des anciens joueurs, moins des arbitres de profession...»

Ça n’enlève rien aux bons moments forgés durant cette longue carrière: Béchard a participé à 12 finales de la Coupe du Président, à 4 éditions de la Coupe Memorial, à une finale de la Coupe Université ainsi qu’à trois championnats mondiaux (M-18, junior et senior). Il a aussi brièvement officié dans la Ligue américaine, pendant des parties des Citadelles de Québec au tournant du millénaire.

Reste que ce sont les vieux édifices dont il s’ennuiera le plus. «J’ai vécu des sensations incroyables à l’aréna Jacques-Plante ou à Gatineau, il y a une quinzaine d’années. Ça va me manquer, mais les souvenirs vont rester.»