Benjamin Griveaux, candidat LREM à Paris, retire sa candidature après des "attaques ignobles"
by FRANCE 24Benjamin Griveaux jette l’éponge. Après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo privée à caractère sexuel non authentifiée, le candidat de La République en Marche a annoncé, vendredi 14 février, qu’il abandonnait la course à la mairie de Paris.
"Depuis plus d'un an, ma famille et moi avons subi des propos diffamatoires, des mensonges, des rumeurs, des attaques anonymes, la révélation de conversations privées dérobées ainsi que des menaces de mort", a-t-il poursuivi. "Ce torrent de boue m'a affecté et surtout a fait mal à ceux que j'aime. Comme si cela n'était pas suffisant, hier, un nouveau stade a été franchi. Un site Internet et des réseaux sociaux ont relayé des attaques ignobles mettant en cause ma vie privée. Ma famille ne mérite pas cela. Personne, au fond, ne devrait jamais subir cette violence. En ce qui me concerne, je ne suis pas prêt à nous exposer davantage, ma famille et moi, quand tous les coups sont désormais permis. Cela va trop loin."
"Je connaissais la dureté du combat politique"
Un site avait diffusé mercredi soir une vidéo intime et des messages connotés adressés à une femme, affirmant qu'ils émanaient de l'ancien porte-parole du gouvernement. Ils ont été relayés peu à peu jeudi sur les réseaux sociaux.
"En annonçant ma candidature à la mairie de Paris, je connaissais la dureté du combat politique", a commencé Benjamin Griveaux dans une brève déclaration solennelle, enregistrée au milieu de membres très émus de son équipe de campagne.
En marge de sa déclaration, l'ancien porte-parole du gouvernement a indiqué à l'AFP s'être entretenu tard jeudi soir avec le président Emmanuel Macron, qui l'a selon lui assuré de son soutien "quelle que soit sa décision", en l'invitant à protéger les siens.
"Sanctions pénales"
Interrogé sur le retrait du candidat LREM à la mairie de Paris, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a, de son côté, souligné vendredi lors d’une visite à Strasbourg, que la diffusion d'une vidéo intime de Benjamin Griveaux devait "évidemment être poursuivie" devant les tribunaux.
"Ces faits-là, le fait de diffuser certaines vidéos sans le consentement de leur auteur, sont des faits qui font l'objet de sanctions pénales dans notre pays", a-t-il déclaré devant la presse, précisant qu'ils étaient sanctionnés par "une peine d'amende importante" et jusqu'à "deux ans d'emprisonnement".
"Une menace grave pour notre démocratie"
Après une investiture dans la douleur par LREM, des propos injurieux à l'égard de ses concurrents relayés dans la presse, c'est finalement la publication d'une vidéo intime le mettant en cause qui a eu raison de la campagne de celui que les sondages plaçaient en troisième position derrière la maire PS sortante Anne Hidalgo et la candidate LR Rachida Dati.
"Peu importe ce qu'on pense de Benjamin Griveaux aujourd'hui, cette histoire est profondément dégueulasse, et inquiétante pour la suite", a réagi peu après l'annonce vendredi l'essayiste et eurodéputé de gauche Raphaël Glucksmann : "La politique, cela ne doit pas, cela ne peut pas être ça. Ressaisissons-nous collectivement ou nous allons tous nous noyer dans la fange." Cédric Villani a de son côté dénoncé dans un tweet "une menace grave pour notre démocratie".
Jeudi matin, Benjamin Griveaux avait connaissance de cette vidéo lorsqu'il a présenté son programme en conférence de presse, devant une centaine de soutiens et ses têtes de listes dans les arrondissements.
La suite
Dans la salle, plusieurs responsables politiques brillaient par leur absence, dont deux des porte-paroles, Sylvain Maillard, "parti en vacances au ski" selon un responsable, et Marie-Laure Harel. Le patron de LREM, colistier dans le XVIIe arrondissement, et ami proche de Benjamin Griveaux, Stanislas Guerini, était aussi absent.
Alors que la rumeur se diffusait, l'équipe de campagne tentait d'éteindre le feu, et convoquait les élus et candidats vendredi à 9h au siège de LREM, "autour de Benjamin Griveaux" pour évoquer "la stratégie à tenir" et "le plan à mettre en place sur la base d'une proposition".
Selon plusieurs sources au sein de LREM, les noms de la maire sortante du IXe arrondissement (ex-LR), proche d'Édouard Philippe, Delphine Bürkli, et de la secrétaire d'État en charge de l'Égalité femmes-hommes, et candidate en deuxième position dans le XIVe arrondissement, Marlène Schiappa, sont cités parmi les successeurs possibles de M. Griveaux en tête de liste. "Le choix reviendra aux mains du parti", plaide-t-on du côté de LREM.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, également pressentie, a redit vendredi sur France Inter qu'elle ne "pourrait pas être candidate aux municipales" en raison de son agenda ministériel "très chargé".
Avec AFP