Affaire Griveaux: LREM recherche remplaçant désespérément, une enquête ouverte
by Auteur(s): Par Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)La République en marche (LREM) et ses alliés centristes cherchent désespérément, pour les municipales à Paris, un remplaçant à Benjamin Griveaux qui a jeté l'éponge après une vidéo sexuelle dont le diffuseur a été placé en garde à vue samedi dans une autre affaire.
Benjamin Griveaux a porté plainte pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et une enquête a été ouverte, selon le parquet de Paris. Cette plainte "contre X" couvrira "tout le champ des infractions réalisées par l'auteur de la diffusion initiale et par ceux qui ont repris ces diffusions", a expliqué son avocat Richard Malka sur LCI.
Le retrait tonitruant vendredi de Benjamin Griveaux, ex-porte-parole du gouvernement, à un mois du premier tour des municipales à Paris, est "évidemment une déflagration dans notre campagne, une déflagration pour notre démocratie", a déclaré samedi Stanislas Guerini, délégué général d'En marche, à son arrivée au siège du parti.
"À Paris, nous sommes face à une situation exceptionnelle qui justifie que nous prenions le temps nécessaire pour prendre la meilleure décision possible", a renchéri Aurore Bergé, porte-parole LREM, après un bureau exécutif du parti.
"Les discussions se poursuivront demain", a ajouté LREM dans un communiqué. Objectif: trouver un nouveau candidat d'ici lundi alors qu'approche la date limite du 27 février pour le dépôt des listes.
- Buzyn sollicitée -
Selon des sources concordantes, Stanislas Guérini a rencontré samedi après-midi Cédric Villani, non pas pour une alliance immédiate mais plutôt en vue du deuxième tour. Le candidat dissident avait été exclu fin janvier de LREM pour s'être maintenu face à Griveaux malgré la demande pressante d'Emmanuel Macron.
"La question est : est-ce que Villani peut être le candidat aux municipales à Paris, soit le mec qui a mis un coup de boule au président il y a 15 jours ? ça n'a aucun sens!", a affirmé un proche de Benjamin Griveaux.
Certains membres d'En marche s'échinent à convaincre la ministre de la Santé Agnès Buzyn d'être candidate, mais d'autres jugent cette option quasi impossible vu son agenda chargé.
Face à la pénurie de candidats de consensus, d'autres marcheurs poussent Stanislas Guerini à prendre lui-même la tête de la bataille, selon un participant à la réunion du bureau exécutif.
Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité femmes-hommes, a elle déjà décliné.
Autres noms cités: celui de l'ex-ministre Mounir Mahjoubi qui s'est dit "disponible" et pourrait faire figure de recours; celui du porte-parole du groupe LREM au Sénat Julien Bargeton, qui s'est proposé; et celui de son homologue à l'Assemblée Sylvain Maillard.
"D'ici la fin du week-end, en début de semaine prochaine, nous aurons notre candidat", a assuré samedi Mounir Mahjoubi.
"Le processus n'est pas fini, (...) on aura d'autres réunions, on continue à travailler", a ajouté Julien Bargeton avant la réunion du bureau exécutif au siège de LREM, où sont entrés dans l'après-midi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer ou encore le secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse Gabriel Attal.
La chute de Benjamin Griveaux, qui a annoncé vendredi matin à l'AFP et à BFM Paris qu'il jetait l'éponge, est intervenue après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux montrant un homme se masturbant et semblant adressées à une femme.
L'artiste contestataire russe Piotr Pavlenski qui en a revendiqué la diffusion, a été placé en garde à vue samedi dans un commissariat parisien dans le cadre d'une enquête sur des violences commises le soir du 31 décembre, sans lien avec l'affaire des vidéos Griveaux.
Depuis 2016 et l'adoption de la loi "pour une République numérique", la diffusion de "revenge porn" ou "vengeance pornographique" est passible de deux ans d'emprisonnement et 60.000 euros d’amende en France.
Benjamin Griveaux restera comme le premier homme politique français à tomber pour une "sex tape", déclenchant une condamnation unanime de la classe politique. Aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, des ministres ou des candidats ont déjà été contraints à jeter l'éponge pour ces raisons.
Emmanuel Macron n'a fait aucun commentaire direct. Interrogé samedi à Munich sur les risques de manipulations lors de la prochaine présidentielle, le chef de l'Etat a déploré que "des acteurs privés utilisent des technologies de +deep fake+, manipulent, pénètrent, diffusent de l'information à très grande vitesse de toutes natures, sans traçabilité, dans des systèmes démocratiques hypermédiatisés où tout se sait tout de suite, avec un effet d'émotion et d'intimidation".
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