Les marchés boursiers sur leur poste d’observation
by AWP«Le marché table plutôt sur un enrayement du coronavirus», indique à l’AFP Marjorie Sonigo, directrice de la gestion financière chez Pictet Wealth Management.
Les marchés actions, qui ont corrigé assez modérément face au coronavirus chinois cette semaine, se placeront en position d’observation pour les séances à venir, surveillant à la fois l’évolution de l’épidémie, la suite des résultats d’entreprises et la primaire démocrate américaine.
«Le marché table plutôt sur un enrayement du coronavirus», indique à l’AFP Marjorie Sonigo, directrice de la gestion financière chez Pictet Wealth Management.
La décision de l’Organisation mondiale de la santé de déclarer l’épidémie au rang d’urgence internationale sans appeler à limiter les voyages va redonner, selon elle, «un peu de confiance aux marchés» qui, hormis sur la partie émergente et chinoise, «continuent de bien résister».
«Il y a beaucoup de psychologie aujourd’hui sur les marchés qui peut faire basculer (les indices) dans un sens comme dans l’autre». Les investisseurs vont «s’accrocher aux résultats d’entreprises, aux chiffres macroéconomiques et à l’évolution du coronavirus», poursuit l’experte.
Pour l’instant, le marché réagit «plutôt bien» à la saison des résultats en cours, qui met en lumière une disparité sectorielle - les titres technologiques dominant toute la cote au niveau international - et géographique des performances.
Ces déséquilibres s’étaient dessinés «bien avant l’éclatement de la crise sanitaire» et se sont «accentués» avec l’épidémie, observe Jean-Jacques Ohana, directeur général chargé de la gestion chez Homa Capital, pour qui «le coronavirus a bon dos».
Pour lui, «la Bourse traduit une certaine disruption en marche dans l’économie mondiale à deux vitesses avec des gagnants qui gagnent toujours plus et des perdants qui sont de plus en plus nombreux».
Ainsi, après un mois de cotation, «les Gafam, sans Facebook, sont quasiment à 10% de performance» tandis que «les secteurs défensifs sont portés par la baisse des taux» et «les valeurs cycliques sont affectées par les craintes sur la croissance mondiale».
Le contraste géographique, qui s’illustre aussi dans les indices depuis le début de l’année, entre l’américain «S&P500 (+1,80%), l’Euro Stoxx 50 (-1,35%), les marchés émergents (environ -4%)», «traduit une nervosité des marchés», souligne le spécialiste.
Correction en cas de détérioration
Pour l’instant, «le risque important lié au coronavirus n’est pas jugé à caractère systémique par le marché» qui suit son développement, tout comme «il attend d’en savoir plus sur le concurrent de Donald Trump».
Mardi, les primaires du parti démocrate américain constituent une échéance importante: «ça peut-être un catalyseur pour une correction des marchés américains», estime M. Ohana, si l’aile gauche plus radicale du parti portée par Bernie Sanders devançait la vision plus centriste incarnée par Joe Biden.
La veille, les indices PMI manufacturiers pour janvier en Chine, aux Etats-Unis et en zone euro, seront scrutés par le marché. Mercredi ce sera au tour de l’activité dans les services.
«En ce moment les chiffres sont globalement difficiles à analyser», car ils ne reflètent pas complètement l’impact de l’épidémie qui s’est révélée au monde mi-janvier, note cependant le connaisseur des marchés.
Le monde de la finance reste dans un «brouillard total» sur les conséquences potentielles pour la croissance mondiale mais pronostique, selon lui, un «choc non négligeable» pour la croissance chinoise qui tourne déjà au ralenti.
La croissance économique dans la zone euro a, elle aussi, poursuivi son ralentissement l’an passé, pour la deuxième année consécutive, dans un contexte économique toujours marqué par le Brexit, qui deviendra officiel dans la nuit de vendredi à samedi.
Par conséquent, si jamais la situation liée au coronavirus devait s’aggraver, «cela entraînerait une décroissance des résultats d’entreprises» et, dans ce cas, «on pourrait avoir un décrochage des marchés de 5 à 10%», prévient Mme Sonigo.
Le Brexit ne va rien changer dans l’immédiat mais la période de transition qui s’ouvre jusqu’à fin 2020 promet d’être tumultueuse pour les marchés, qui vont suivre de près les négociations commerciales du Royaume-Uni avec l’UE, ainsi qu’avec les Etats-Unis.
Tout accord qui ne garantirait pas des échanges fluides entre le pays et le continent pourrait peser sur l’économie britannique, déjà fragilisée par des années d’incertitudes sur le Brexit.