Meurtre de Marylène Lévesque: «il faut aller au fond de cette affaire-là» [VIDÉO]

by

Le directeur du Service de police de la Ville de Québec, Robert Pigeon, veut comprendre pourquoi l’assassin de Marylène Lévesque, Eustachio Gallese, a obtenu des services de travailleuses du sexe pendant sa semi-liberté avec la bénédiction de son agente de libération, ce qui constitue pourtant une infraction au Code criminel.

Le chef Pigeon joint ainsi sa voix à plusieurs autres, citoyens comme politiciens, qui réclament une enquête approfondie sur les circonstances qui ont mené au meurtre de la jeune femme de 22 ans dans un hôtel de Sainte-Foy le 22 janvier.

La Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) savait que l’homme entretenait des relations «inappropriées» avec des femmes dans la communauté, ce qui ne l’a pas empêchée de prolonger sa semi-liberté. Le rapport de la Commission évoque clairement que son agente de libération conditionnelle a développé une stratégie pour qu’il puisse rencontrer des femmes pour ses besoins sexuels. 

«On ne peut pas faire comme si rien n’était arrivé. Il y a une personne qui est décédée dans des circonstances extrêmement préoccupantes», lance Robert Pigeon en lien avec une question concernant les stratégies déployées par la police pour rendre plus sécuritaire ce métier à risque. «Ça m’inquiète. C’est un métier qui est extrêmement dangereux. On a des gens qui s’exposent dans l’intimité avec des personnes dans notre société qui peuvent comporter des risques énormes. On a des gens qui sont des bombes à retardement, carrément», reconnaît-il.

«Dans le cas qui nous occupe, quelqu’un qui est en libération conditionnelle, en semi-liberté, obtenir des services sexuels moyennant rétribution, ben, c’est parce que c’est un crime au Code criminel, rappelle-t-il sur un ton d’incompréhension. Alors, moi je pose des questions importantes à savoir comment quelqu’un qui est en semi-liberté peut commettre une action criminelle sans monter au pénitencier.»

La sécurité doit primer

Du même souffle, il lance un message clair aux commissaires qui siègent à la CLCC. «Lorsqu’on est titulaire d’une charge publique, on a des responsabilités de sécurité publique. Notre travail c’est de voir à préserver l’intégrité du public, s’assurer de la sécurité de tout le monde. Ça nécessite un examen approfondi. Je comprends les aspects de réinsertion sociale. Mais juste avant ça, il y a l’aspect de la sécurité publique. Il faut aller au fond de cette affaire-là et savoir sur quelles bases on prend les décisions», conclut le directeur Pigeon.

Gallese, 51 ans, avait été reconnu coupable en décembre 2006 du meurtre sans préméditation de sa conjointe, Chantale Deschênes, 32 ans. Le 24 octobre 2004, l’homme avait sauvagement battu sa victime à coups de marteau avant de la poignarder à plusieurs reprises. Il avait été condamné à l’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 15 ans.

Dans sa décision datée du 19 septembre portant sur la prolongation d’une semi-liberté, la CLCC mentionne que selon l’évaluation du risque de violence familiale faite en 2007, Gallese présentait «un risque élevé de violence envers une partenaire, mais un risque faible envers autrui en contexte familial». «Toutefois, votre ÉGC évalue maintenant que vous présentez un risque modéré de récidive, considérant les progrès que vous avez faits en lien avec votre criminalité», écrit la CLCC.

Pendant cette même audience, la commission avait jugé «inappropriée» les relations intimes qu’il entretenait avec les femmes, bien que permises par son équipe de gestion de cas. «Cette stratégie de gestion du risque telle que comprise et présentée en audience constituait paradoxalement un facteur de risque important et inquiétant. Dans ce contexte, la Commission s’attend à ce que cette grille d’analyse qui a culminé à cette approche soit réexaminée», écrivait l’organisme.