En Irak, une nouvelle journée de mobilisation marquée par des violences

by

L'Irak a, une fois de plus, vécu une nouvelle journée de mobilisation, vendredi 31 janvier. Près de la place Tahrir, dans le centre-ville de Bagdad, les manifestants se sont donné rendez-vous pour protester contre le pouvoir. 

Non loin de là, sur la place Al Wathba, les confrontations sont presque quotidiennes entre les forces de l'ordre et les manifestants. Au micro de France 24, des manifestants ont dénoncé une répression sans relâche, tandis depuis le début de la contestation, en octobre, plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans les affrontements. 

"Ce matin, ils nous ont tiré dessus, avec du gaz lacrymogène et des fusils à plomb. Ils visent les yeux et toutes les zones sensibles pour nous blesser", se plaint un manifestant. 

"Ils m'ont tiré dessus avec leur fusil à plomb"

Un autre pointe l'utilisation d'armes dangereuses par les forces de l'ordre. "En Amérique, ils utilisent les fusils à plomb pour chasser les oiseaux. Ici, ils pensent qu'on est des animaux et ils nous chassent avec ça !", s'indigne-t-il. "Regardez : ils m'ont tiré dessus avec leur fusil à plomb. Ils pensent que je suis un pigeon !"

Les manifestants expliquent également que cette répression s'est accentuée depuis que le puissant leader chiite Moqtada al-Sadr a retiré son soutien à la contestation. 

>> À lire aussi : Moqtada al-Sadr, "symbole de la résistance" anti-américaine

"Quand Moqtada al-Sadr a envoyé les membres de Saraya al-Salam [une importante milice chiite, NDLR] ici, ils sont restés avec nous et ils nous ont protégés", explique un manifestant. "Mais après que Moqtada al-Sadr a organisé sa manifestation [contre les États-Unis], ils se sont retirés et ils ont vendu notre cause. Ils ont même brûlé des tentes ici." 

Cette journée de mobilisation a été particulièrement importante pour les manifestants : elle leur a permis de réaffirmer leur demande, à l'heure où Barham Saleh, le président irakien, a donné aux parlementaires jusqu'à samedi pour choisir un nouveau Premier ministre. 

La nomination d'un Premier ministre au cœur des tensions

Il a prévenu que, passé ce délai, il assignerait à ce poste "la personne qu'(il) jugera la plus acceptable" pour son pays.

Adel Abdel Mahdi a démissionné en décembre, deux mois après le début du mouvement de contestation qui réclame des réformes politiques profondes et la fin de la corruption, mais il continue de gérer les affaires courantes, faute de successeur.

Jusqu'à maintenant, les manifestants refusent les candidats proposés par le Parlement. Ils plaident toutefois pour un nouveau Premier ministre qui ne serait pas issu des partis politiques traditionnels. 

Vendredi, le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique en Irak, a, de son côté, appelé à la tenue "le plus tôt possible" d'élections législatives pour tenter de sortir de la grave crise dans laquelle est englué le pays depuis quatre mois.