"Même douze jours ce n'est pas assez" : deux associations réagissent à l'abandon par les députés de l'allongement du congé après la mort d'un enfant

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Le groupe UDI-Agir a proposé d'instaurer un congé de deuil de douze jours plutôt que cinq. Mais les députés ont rejeté cette extension par 40 voix contre 38.

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Les bancs de l'Assemblée nationale vides, le 31 mars 2015 à Paris. (GARO / PHANIE)

"Même la mort d'un proche, ils voudraient pouvoir le chiffrer." Alors que les députés ont voté majoritairement contre une proposition visant à allonger le congé alloué aux parents victimes de la mort d'un de leur enfant de 5 à 12 jours, les associations L'Arc-en-ciel et Apprivoiser l'absence ont expliqué à franceinfo leur position critique sur ce congé réservé aux parents ayant perdu un enfant.

"Cette proposition de loi, c'était une bonne idée. Mais c'était encore trop peu c'est un tel tsunami dans les familles. Et la plupart des parents prennent un arrêt maladie de toute façon", explique Apprivoiser l'absence, qui accompagne des parents qui ont perdu un enfant. Après un drame familial aussi important, beaucoup arrêtent le travail un long moment, "certains passent même par une reconversion professionnelle" et d'autres "se noient dans le travail", témoigne une bénévole. 

"Ce congé est de toute façon beaucoup trop court"

Du côté de l'association L'Arc-en-ciel, même constat : "Ce congé est de toute façon beaucoup trop court, d'autant qu'il ne dit pas son nom." Dans cette association d'accompagnement des familles en deuil, on déplore surtout que la question de la mort d'un proche soit encore si taboue dans la société. "Le droit du travail est très mal pensé pour ces situations, qui sont mal prises en compte par les entreprises. C'est la question de la mort qui est difficile à aborder, car elle renvoie à notre propre finitude."

Une gêne qui complique d'autant plus le travail de deuil des familles. "Souvent, c'est la double peine. Il faut que le deuil soit reconnu en tant que tel, que ce ne soit pas un arrêt maladie mais un congé à part entière pour personne endeuillée, qu'il n'y ait pas de perte de salaire par exemple." Surtout, les associations estiment qu'il faut que le droit puisse donner assez de temps pour que la cellule familiale, puisse, à son rythme, retrouver un équilibre.

Favorable à un allongement de ce congé, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a demandé, vendredi 31 janvier, un nouveau vote sur cette proposition de loi, issue du groupe UDI-Agir et rejetée d'extrême justesse par les députés. "C'est une évidence et c'est lancé", a-t-il répondu sur Twitter à Laurence Parisot, sa prédécesseure, qui avait estimé que "le Medef s'honorerait à demander un nouveau vote de cette proposition".