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Les lycéens qui contestent la réforme se sont rassemblés devant le lycée Clément-Marot, à Cahors, ce vendredi matin.Photo DDM, Jean-Luc Garcia

Le SOS des lycéens de Clément-Marot à Cahors contre la réforme du bac : "On est le futur, on a peur"

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Ils sont venus en masse devant leur lycée Clément-Marot, à Cahors, en pensant d’abord à leur avenir, pas à leur retraite. Pas encore. Les lycéens ont mobilisé leur énergie ce vendredi contre la réforme du bac. Une matinée agitée. Récit.

La jeunesse peut comprendre les revendications de ses aînés, mais avant de songer à leurs points de retraite, les lycéens de Clément-Marot ont serré les poings ce matin pour ne pas laisser le gouvernement réformer et dévaluer leur premier passeport pour l’avenir : le baccalauréat.

Alors ils se sont déplacés en masse, soutenus par les syndicats et des profs, certes, mais en étant en première ligne pour rester les principaux acteurs et actrices de leur propre mouvement de contestation et d’action.

Un grand nombre d’élèves des classes de seconde, première et terminale se sont d’abord retrouvés devant l’établissement pour revendiquer leur droit à la parole. Leur droit d’exprimer leur peur. « On est le futur, on a peur » ont-ils écrit sur un carton posé au sol. Mais aussi : « élèves stressés, profs désemparés. La faute aux E3C. »

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Le message des lycéens qui veulent que la réforme soit revue et corrigée est clair, net et précis. C'est un cri d'alarme. - Photo DDM, J.-L.G.

Enfin, en signe de soutien à leurs professeurs mobilisés et muselés, ils avaient affiché ces mots : « Vous pouvez les faire taire, vous ne nous empêcherez pas de crier. » Justement, les lycéens ont crié dans les couloirs du lycée pour faire annuler l’épreuve du jour : l’anglais. « Certains élèves ont quitté les salles d’examen et se sont joints au mouvement. Pour ceux qui sont restés, les correcteurs feront preuve d’une certaine flexibilité nous a-t-on dit » explique un élève. Ils sont comme ça les lycéens. Combatifs et constructifs. Donnez-leur la parole, ils ont des idées. C’est ce gagnant-gagnant qu’ils proposent au ministère de l’Education.

L’appel au ministre Jean-Michel Blanquer

Ces dernières semaines ont été compliquées pour les lycéens, comme pour les profs destinataires d’une lettre du rectorat qu’ils n’ont pas hésité à qualifier de courrier « d’intimidation. » C’est le mot qui avait été déjà prononcé par les lycéens lorsqu’ils avaient été sommés de se taire, en présence d’huissiers, lors de la mobilisation du mardi 21 janvier. Les huissiers pour les élèves et la lettre « d’intimidation » pour les profs ont été perçus comme deux séismes de forte magnitude sur l’échelle d’une réforme très secouée, mais qui reste droite dans ses bottes.

Les lycéens interpellent le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer et l’invitent à « sortir de sa tour d’ivoire » en lui proposant de « le recevoir cordialement. »
Les jeunes ont des ressources. Le gouvernement, des oreilles et le pouvoir de les tendre vers les lycéens pour les entendre.

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Les lycéens veulent être entendus par le ministre de l'Education. Ils le disent, l'écrivent et le crient. - Photo DDM, J.-L.G.

La réaction de la proviseure, Christelle Kauffmann 

Le bon déroulement des épreuves demeure la priorité majeure de Christelle Kauffmann, proviseure. Pour elle, « les lycéens, dans une très large majorité, ont pu passer les épreuves. Une commission d’harmonisation va se prononcer et harmonisera les notes en tenant compte du contexte de cette journée. Nous sommes passés dans toutes les salles pour rassurer les élèves. Nous leur avons donné plus de temps, car à un moment ça tambourinait aux portes et cela perturbait le passage de l’examen. Les parents vont recevoir un mail d’information. Pour la notation des élèves qui n’ont pas voulu passer l’épreuve, nous pouvons appliquer le règlement, mais nous devons aviser et nous imposer une réflexion pour chaque cas. C’est notre logique de travail », conclut-elle. Ceci dans l’attente de la lettre que lui adresseront les lycéens désirant que le ministre de l’Education puisse revoir sa copie sur la réforme.

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