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Donald Trump.© SAUL LOEB / AFP

Procès au Sénat : Trump protégé jusqu’au bout par les républicains

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Lamar Alexander, sénateur républicain du Tennessee, a fini par trancher : il votera contre l’audition de témoins lors du procès Trump.

Il ne faut aux démocrates que quatre voix pour permettre l’audition de témoins lors du procès de Donald Trump. Lamar Alexander pratiquement réduit leurs espoirs à néant. Sur Twitter, le sénateur républicain du Tennessee a déclaré qu’il se rangerait du côté de son parti, estimant qu’« il n’y a pas besoin de davantage d’éléments pour prouver quelque chose qui a déjà été prouvé et qui ne remplit pas les critères très hauts pour un crime valant la destitution ». Il a confirmé que « le président a demandé à l’Ukraine d’ouvrir une enquête sur Joe Biden et son fils Hunter » et que « le président a mis en suspens l’aide américaine pour, au moins partiellement, mettre la pression sur l’Ukraine pour ouvrir une enquête sur les Biden ». « C’était inapproprié que le président demande à un dirigeant étranger d’enquêter sur un opposant politique et de retenir une aide américaine pour inciter l’ouverture de cette enquête. Quand des élus interfèrent de façon inappropriée dans de telles enquêtes, cela ébranle les principes de l’égalité devant la loi », poursuit-il dans une série de tweets publiés jeudi soir, après une deuxième journée de série de questions-réponses avec les avocats du président américain.

Mais aux yeux du sénateur, qui a annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat en novembre prochain, tout cela n’est qu’« inapproprié » : « La question alors n’est pas de savoir si le président l’a fait, mais si le Sénat américain ou le peuple américain doit trancher ». Il estime donc que l’élection présidentielle de la fin d’année sera le moyen, pour les électeurs, de juger Donald Trump, et non les sénateurs après « neuf longues journées » de procès. Lamar Alexander a également critiqué une procédure « partisane », reprenant l’argument du président américain sur le fait qu’aucun élu républicain de la Chambre des représentants n’avait voté pour sa mise en accusation. « Si cette destitution vide, précipitée et totalement partisane réussissait, cela déchirerait le parti, verserait de l’essence sur le feu des divisions culturelles qui existent déjà. Cela créerait l’arme de la destitution perpétuelle qui pourrait être utilisée envers de futurs présidents dès lors que la Chambre des représentants est issue d’un parti politique différent », a-t-il écrit, avant de conclure : « Laissons le peuple décider. »

Un acquittement dès ce vendredi ?

Les démocrates ne peuvent désormais plus compter que sur trois sénateurs républicains favorables -ou du moins pas opposés- aux auditions (Susan Collins, Mitt Romney et Lisa Murkowski), ramenant à une égalité de 50 élus pour et 50 contre. Lors d’un vote classique, le vote décisif en cas d’égalité est celui du vice-président, mais cela n’a pas été déterminé dans le cas d’un procès en destitution. Certains démocrates espèrent demander à John Roberts, président de la Cour suprême qui préside les débats, de trancher. Si le magistrat nommé par George W. Bush décline, il pourrait laisser le vote à 50/50. Sans nouvelles auditions, le procès en destitution pourrait s’achever très rapidement, peut-être même ce vendredi.

Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, a critiqué cette probable fin abrupte du procès : « Vous ne pouvez être acquitté si vous n’avez pas eu de procès. Vous n’avez pas de procès sans témoins et documents. Si les sénateurs républicains choisissent la dissimulation, le peuple américain et l’histoire les jugera avec la sévérité qu’ils méritent. »

2/3 des voix nécessaires pour le destituer

Depuis le week-end dernier, les démocrates avaient vu leurs espoirs grandir avec les révélations issues du livre à paraître de John Bolton. L’ancien conseiller en sécurité nationale de l’administration Trump y confirme que le président américain a mis en suspens une aide de près de 400 millions de dollars promise à l’Ukraine, dans l’espoir que les autorités ukrainiennes ouvrent en échange une enquête sur l’ancien vice-président et potentiel rival, Joe Biden, et son fils Hunter. Mais leur volonté avait peu de chance d’aboutir : même si John Bolton avait été entendu, il aurait fallu que son témoignage parvienne à convaincre deux tiers des sénateurs, puisque qu’une majorité qualifiée est nécessaire pour destituer un président. Les 34 voix nécessaires pour acquitter Donald Trump sont toutes présentes parmi les 53 sénateurs républicains, dont la plupart redoute la base du parti républicain, acquise à Donald Trump.