Biden et Buttigieg seuls sur le terrain de l'Iowa
by Agence France-PresseSe présentant en rassembleurs, les modérés Joe Biden et Pete Buttigieg ont courtisé vendredi les électeurs à travers l'Iowa pendant que trois des autres favoris, Bernie Sanders en tête, étaient coincés à plus de 1500 kilomètres de cet Etat qui donnera lundi le coup d'envoi de la primaire démocrate américaine.
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Ironie du sort, c'est le procès historique en destitution de Donald Trump qui a retenu pendant des jours à Washington trois grands candidats, tous sénateurs, rêvant de défier le milliardaire républicain à la présidentielle du 3 novembre: les progressistes Bernie Sanders et Elizabeth Warren, ainsi que la centriste Amy Klobuchar.
Après un vote vendredi ouvrant la voie à un acquittement du président américain la semaine prochaine, les audiences pourraient être suspendues ce week-end, permettant aux sénateurs d'accourir dans l'Iowa pour une dernière ligne droite haletante de la campagne.
En attendant, l'ancien vice-président Joe Biden et l'ex-maire Pete Buttigieg, qui représentent tous deux l'aile modérée du parti, en ont profité pour multiplier les rencontres avec les électeurs en sillonnant l'Iowa, sur de longues routes entourées de champs enneigés renvoyant une lumière presque aveuglante sous le ciel gris et bas.
Le plus grand suspense règne dans cet Etat peu peuplé, les quatre favoris restant relativement proches dans les sondages: Sanders désormais en tête, suivi de Biden, Buttigieg puis Warren.
Ajoutant à l'incertitude, près d'un électeur démocrate de l'Iowa sur deux se disait encore cette semaine indécis avant le «caucus», un mode de scrutin atypique.
C'est le cas de Stephanie Hull, une étudiante de 21 ans venue écouter Joe Biden dans le centre de la petite bourgade de Burlington, qui s'élève sur les rives du Mississippi.
Elle pourrait choisir lundi l'ex-bras droit de Barack Obama, âgé de 77 ans. «J'ai plusieurs autres favoris en ce moment, alors ça va se jouer sur le fil», explique-t-elle à l'AFP.
«Beaucoup d'expérience»
L'assemblée, attentive, a accueilli chaleureusement Joe Biden, entré sans grand effet de manches.
«L'âme de la nation»: son affiche de campagne, accrochée à côté d'un drapeau américain, reflète son grand message. «C'est l'identité de la nation» qui sera en novembre sur le bulletin de vote, a déclaré celui qui voit Donald Trump comme une «menace» pour les Etats-Unis.
Joe Biden a aussi mis en avant son expérience en politique étrangère.
Un aspect qui plaît à Christina Carter, 54 ans, enseignante dans un lycée de Burlington, elle aussi indécise. «Je l'aime bien, il a beaucoup d'expérience, et aussi huit ans passés avec un président (Barack Obama) que j'adore profondément», confie-t-elle.
Ce point explique en partie la popularité chez les démocrates de Joe Biden, qui a défié les pronostics en restant en tête des sondages nationaux pour la primaire.
Son âge et sa forme inquiètent pourtant. Et dans l'Iowa, il pointe à la deuxième place des intentions de vote, derrière Sanders.
Battre Donald Trump
Lundi soir, à 19h00 (heure locale), plus de 600 000 habitants de l'Iowa affiliés au parti démocrate sont invités à se présenter dans environ 1700 salles --écoles, anciens théâtres, églises...-- pour exprimer publiquement leur choix, en se regroupant sous la bannière d'un candidat.
Une chose les unit, selon le président du parti démocrate de l'Etat, Troy Price: «Beaucoup veulent s'assurer que nous battrons Donald Trump».
Dans l'Iowa, la politique est une affaire sérieuse. Premier Etat à voter, il occupe une place déterminante sur le calendrier électoral.
Ici, on trouve normal qu'un grand candidat à la présidentielle passe du temps à discuter avec une poignée de personnes. Ce qui rend d'autant plus grave le handicap des sénateurs qui ont été coincés à Washington en cette fin de campagne.
Comme Joe Biden, Pete Buttigieg, 38 ans, sillonnait vendredi l'Iowa pour des rencontres qu'il axe, en partie, sur les indécis et des régions qui ont voté pour Donald Trump en 2016.
Le but de ces deux modérés: se présenter comme le candidat le plus apte à rassembler le pays après quatre années de divisions amères.
Ancien militaire, premier candidat homosexuel à avoir des chances de remporter l'investiture, Pete Buttigieg met en avant sa jeunesse pour se présenter en espoir audacieux d'avenir face à Joe Biden. Quant à Bernie Sanders, il diviserait trop, insinue-t-il.
«Ce n'est pas le moment de prendre le risque de retomber en arrière ou de s'appuyer sur de vieilles recettes qui nous ont menés justement là où on en est», a-t-il déclaré à une assemblée de quelque 350 personnes réunies à Clinton, plus au nord sur les bords du Mississippi.
«Pete me semble capable de nous rassembler un peu mieux que certains des autres», explique Pat Carr, éducateur à la retraite âgé de 69 ans, venu l'écouter. «Voyons si nous pouvons devenir un pays uni».