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Photothèque Le Soleil

Propos islamophobes: Legault ne juge pas nécessaire d'alerter les policiers

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Malgré la virulence de certains propos islamophobes sur sa page Facebook, le premier ministre François Legault a indiqué vendredi qu'il n'alertera pas les forces de l'ordre.

Mercredi dernier, une déferlante de haine islamophobe a balayé la page du premier ministre, après que celui-ci eut mis en ligne un message rempli de compassion pour les proches des victimes de l'attentat contre la grande mosquée de Québec.

Interrogé vendredi à savoir ce qu'il entendait faire, M. Legault a sévèrement condamné les propos, sans toutefois dire qu'ils consistaient en un appel à la violence, ce qui aurait nécessité l'intervention des policiers.

Il a semblé hausser les épaules lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il entendait prendre des mesures additionnelles pour tenter de combattre la haine sur les réseaux sociaux.

La Commission des droits de la personne a recommandé au gouvernement d'encourager les recherches sur les actes haineux afin de mieux les comprendre et d'adopter une politique gouvernementale pour tenter de les enrayer.

«Mais une politique avec quelles actions? Nommez-moi une action», a répondu M. Legault en clôture du caucus de sa formation politique qui se tenait au Manoir Saint-Sauveur, dans les Laurentides.

Une campagne de sensibilisation? «Ça a été fait, a-t-il dit. Je ne pense pas que par une loi, on puisse empêcher quelques personnes qui sont intolérantes, régler tous ces problèmes-là.»

À titre de premier ministre, il s'engage néanmoins à dénoncer publiquement les actes haineux. «Ce n'est pas simple de trouver des solutions, a-t-il ajouté. S'il y en a qui ont des propositions, je suis ouvert.»

Entre-temps, il invite à ne pas «dramatiser».

«C'est vraiment une très très petite minorité, moins qu'ailleurs dans le monde, ces gens-là qui tiennent des propos haineux.»

Plus tôt dans la journée, trois de ses ministres avaient condamné les messages Facebook, tous plus grossiers les uns que les autres, qui dénigraient les musulmans et déploraient le sort réservé au tireur de la mosquée.

Plusieurs internautes ont également exigé que l'on se rappelle des Québécois tués au Burkina Faso par des djihadistes en 2016.

François Bonnardel (Transports), Nadine Girault (Relations internationales) et Pierre Fitzgibbon (Économie) ont tour à tour qualifié certains propos d'«épouvantables» et de «totalement inacceptables».

Selon M. Bonnardel, il y a «plus que de la pédagogie à faire, il y a un problème avec certaines personnes qui osent penser ça, qui osent écrire ça». Il faut «accepter la diversification», a renchéri M. Fitzgibbon.

Les députés du Parti québécois (PQ), qui sont réunis en caucus à Sherbrooke, ont également réagi. Le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, a insisté pour dire que la solution passait par l'éducation.

«Il faut travailler pour faire de l'éducation à la fois sur l'utilisation des réseaux sociaux, mais à la fois sur l'ouverture sur les autres, à la fois sur la compréhension des enjeux de société», a-t-il affirmé en mêlée de presse.

Accuser le gouvernement de discriminer contre les minorités avec sa loi 21 sur le port de signes religieux, «ce n'est pas plus acceptable, ça non plus», a ajouté le chef intérimaire du PQ, Pascal Bérubé.

En entrevue à Radio-Canada vendredi, le président du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah, a tenu à féliciter M. Legault pour son intervention. Il a réitéré que les musulmans du Québec continuaient d'être «visés systématiquement».

«Je pense qu'il est grand temps de faire quelque chose», a-t-il dit.