Payer les femmes enceintes pour arrêter de fumer: l'étonnante expérience sera-t-elle efficace ?
by Auteur(s): France-SoirFaut-il payer les femmes enceintes pour les convaincre d’arrêter de fumer ? L’idée a priori saugrenue est expérimentée dans 16 maternités, et notamment en Bretagne où près d’une fumeuse sur trois ne parvient pas à arrêter la cigarette pendant sa grossesse.
Le tabac est l’une des drogues les plus addictives. Les anciens fumeurs savent qu’il est difficile d’arrêter et, pour beaucoup de femmes, l’heureuse nouvelle d’une grossesse ne suffit pas à renoncer à cette habitude nocive pour leur santé et, plus encore, pour celle de leur bébé à naître.
Elles connaissent pourtant toutes les risques encourus pour le bébé qu’elles portent : augmentation du risque de fausse-couche précoce en début de grossesse et d’accouchement prématuré, retard de croissance in-utéro et risque de malformation accrus… Le tabagisme pendant la grossesse entraîne également, après la naissance, une augmentation significative du risque de mort inexpliquée du nourrisson et des troubles respiratoires tels que l’asthme.
Un bon cadeau de 20€ par mois d’abstinence
Mais puisque leur exposer les risques ne suffit pas toujours, médecins et addictologues ont décidé d’entamer une étude expérimentale a priori étonnante voire, pour certains, choquante : elle est racontée à 20 Minutes par Martine Breton, sage-femme et tabacologue au CHU de Brest. Elle propose aux femmes enceintes fumeuses d’être récompensées, chaque mois, par un bon cadeau de 20€ si elles parviennent à s’abstenir de fumer. Pas question de tricher bien entendu : les participantes à cette étude devaient, à chaque consultation, se soumettre à un test permettant de mesurer le taux de monoxyde de carbone dans leurs poumons.
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Plus d’une fumeuse bretonne sur quatre continue à fumer pendant sa grossesse
Les femmes bretonnes sont particulièrement concernées par le tabagisme pendant la grossesse : dans cette région, 28% des fumeuses ne résistent pas à une ou plusieurs cigarettes par jour au cours du troisième trimestre de leur grossesse. Un taux largement supérieur à celui observé sur l’ensemble du territoire français (16%) et en Île-de-France par exemple (11%).
Une idée venue des Etats-Unis
Au total, 460 femmes ont accepté de participer à l’étude dans 16 maternités : à Brest, donc, mais aussi à Nantes, Paris ou Pau. On ne connaîtra le résultat de cette expérimentation qu’au mois de juin, mais les professionnels de santé qui y participent assurent qu’elle est efficace pour certaines femmes. Cette méthode, basée sur la récompense plutôt que sur la culpabilisation, comme l’explique l’un des médecins qui participe à l’étude, est importée des États-Unis où elle aurait fait ses preuves.
Si l’idée montre son efficacité et est adoptée plus largement en France, restera à déterminer qui la prendra en charge financièrement.