Société
Crise des hôpitaux : l'AP-HP menace de sanctionner le personnel gréviste
Les ressources humaines de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris ont envoyé un courrier aux médecins grévistes les menaçant de sanctions s'ils continuent à ne pas coder les données des actes médicaux qu'ils pratiquent.
by Anaïs ColComme l'a révélé Europe 1 ce vendredi, la direction des ressources humaines de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris a adressé un courrier aux personnels participant à la “grève du codage” les menaçant de sanctions disciplinaires.
En effet, depuis octobre dernier, les médecins grévistes ne rentrent plus les données des actes médicaux pratiqués, ce qui empêche l'Assurance maladie de rembourser les hôpitaux. Selon Les Échos, l’AP-HP aurait affirmé avoir perdu entre 270 et 300 millions de bénéfices au dernier trimestre 2019.
Des sanctions et une retenue sur les salaires
“L'administration qui semble ne plus avoir de prise sur les médecins, s'en prend à l'échelon du dessous, c'est-à-dire l'encadrement, de manière à scinder les services, pour que certains se désolidarisent”, déclare à Europe 1 Mickaël Peyromaure, chef du service d'urologie de l'hôpital Cochin à Paris, convaincu que la direction veut faire pression sur les grévistes.
Dans ce courrier, l’AP-HP affirme que le respect “des consignes passées” constitue “une obligation” : “Tout manquement injustifié à l’obligation d’obéissance hiérarchique expose l’agent à une sanction disciplinaire, voire à une retenue sur rémunération pour absence de service fait.”
L'AP-HP menace les équipes de sanctions disciplinaires mais également de retenue sur les salaires. “Nos infirmiers sont déjà très mal payés et on va faire des rétentions de salaire?, s'indigne un médecin auprès du Figaro pour couvert d’anonymat. Ces méthodes vont rompre définitivement le lien entre les hospitaliers et l’administration des hôpitaux.”
Des mesures insatisfaisantes
Fin novembre, après huit mois de crise dans les hôpitaux publics, Agnès Buzyn confirmé que ces derniers allaient récupérer immédiatement 415 millions d’euros mis en réserve dans le budget de l’Assurance maladie cette année. Edouard Philippe a quant à lui annoncé une reprise de la datte étalée sur trois ans et des primes pour les personnels.
Malgré tout, les professionnels de santé ne sont pas convaincus par ce “plan d’urgence”. “[Ces mesures] se résument pour 2020 à moins de 300 millions supplémentaires, alors que de l'avis général il manque 1,3 milliard d'euros pour répondre à la seule augmentation des charges”, estimaient 660 médecins dans le JDD en décembre dernier.