Soleil : les super-tempêtes peuvent survenir plus souvent que nous le pensons
by Xavier DemeersmanDes tempêtes magnétiques beaucoup plus puissantes que celle qui avait mis K.-O. le réseau électrique du Québec en 1989 pourraient se produire tous les 25 ans en moyenne, estime une étude. En 2012, nous ne sommes pas passés loin d'une super-tempête qui aurait pu mettre à genoux notre économie.
Le Soleil est très calme en ce moment : il n'y a pas eu une seule tache sombre à sa surface durant des semaines (et une minuscule tache ces derniers jours). C'est le minimum solaire, le creux de la vague au sein d'un cycle d'activité qui dure en moyenne 11 ans. Le prochain maximum est attendu pour 2024. Cela va aller crescendo. Et d'ici là, de puissantes éruptions vont se lever de notre étoile et se répandre dans le Système solaire.
En 2012, il s'en est fallu de peu qu'une super-tempête ne frappe la Terre de plein fouet. Les conséquences désastreuses qu'elle aurait pu avoir sur les systèmes électriques et d'échanges tissés à travers le monde, et aussi tout autour, sur les satellites, auraient pu coûter très cher à nos sociétés dépendantes. Les évaluations se montent à 2.000 milliards de dollars. Aussi, c'est pourquoi plusieurs gouvernements, qui s'inquiètent qu'un tel événement ne survienne, misent-ils sur la recherche dans la météorologie spatiale pour prédire les éruptions solaires destructrices.
Quels sont les risques d’une super-tempête magnétique ?
Ce ne serait pas de l'argent perdu car une nouvelle étude de l'université de Warwick, qui vient de paraître dans The Geophysical Research Letters, établit qu'une super-tempête magnétique comme celle de Carrington en 1859 - rappelons que des aurores étaient visibles jusqu'à l'équateur et que de nombreux postes télégraphiques prenaient feu... - potentiellement destructrice pour nos systèmes de télécommunications et de transmissions, frappe en moyenne la Terre tous les 25 ans. Les risques s'élèvent à quelque 4 % par année pour une super-tempête (pour un événement aussi puissant et redoutable que celui de Carrington, cela tombe à 0,7 % de risques par an) et à 28 % pour de « violentes » tempêtes.
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Comme les données précises de l'impact du vent solaire sur le champ magnétique terrestre n'existent que depuis 1957 - soit cinq cycles d'activité solaires seulement -, l'astrophysicienne Sandra Chapman et ses deux collègues ont dû trouver un autre moyen pour obtenir des informations plus anciennes. Et ils ont réussi. Certes, ces données sont d'une « résolution » inférieure mais ils ont pu remonter jusqu'à 1868, c'est-à-dire 14 cycles solaires, grâce aux mesures des perturbations du champ magnétique, à deux endroits opposés du Globe, au Royaume-Uni et en Australie, et désignée index aa, indice antipodal d'amplitude.
« Nos recherches montrent qu'une super-tempête peut survenir plus souvent que nous ne le pensions, souligne Richard Horne, coauteur de l'étude. Ne vous laissez pas induire en erreur par les statistiques car cela peut arriver à tout moment, et nous ne savons tout simplement pas quand, ni ne pouvons prédire quand ».
Plus que jamais, nous avons donc besoin de comprendre notre étoile et pour cela, les missions se multiplient.