Les banques menacent d'exclure 100 000 ménages des crédits immobiliers
by La rédactionL'année 2019 aura été une aubaine pour les emprunteurs immobiliers, profitant de taux extrêmement bas. Inquiètes de ces "largesses" des banques dans l'octroi de crédits immobiliers, les autorités contraignent les banques à un durcissement des conditions d'accès. Des recommandations qui pourraient exclure 100 000 ménages du marché immobilier, selon l'Observatoire des crédits aux ménages.
Au cours de l'année 2019, les taux des prêts immobiliers ont atteint un niveau encore inédit, multipliant le nombre de crédits accordés par les banques. Le nombre d'emprunteurs a d'ailleurs augmenté de 7,5%. Une bonne nouvelle pour les ménages, mais qui a fait planer l'inquiétude autour de la stabilité financière.
En décembre, le Haut conseil de stabilité financière, l'HCSF, qui rassemble d'ailleurs le ministère de l'Economie et la Banque de France, a donc recommandé aux banques de ne plus octroyer de crédit immobilier sur plus de 25 ans, et à des emprunteurs dont les mensualités dépassent un tiers de leurs ressources.
Le HCSF craint aujourd'hui une "surchauffe". Et si les banques ne se soumettent pas aux nouvelles limites qui leur sont induites, elles pourraient se voir imposer une "surcharge en capital", indique La Croix. Il s'agit d'une obligation d'augmenter leurs fonds propres, soit les capitaux dont elles disposent. Le "coup de frein" avait été donné dès la fin de l'année dernière, mais concerne en premier lieu les "ménages les plus fragiles", indique le quotidien.
Un taux d'effort au-delà de la limite
Les nouvelles recommandations du HCSF s'appliquent également aux nouveaux prêts contractés à partir de janvier. Les Echos expliquent que les banques estiment qu'en appliquant ces nouvelles règles, des ménages seront "automatiquement sortis du crédit immobilier".
Michel Mouillart, responsable de l'Observatoire, détaille aux Echos "qu'environ 20% de ces dossiers (ceux faisant partie du million de ménages ayant signé un prêt immobilier au cours de l'année 2019, NDLR) ne respectent pas les recommandations HCSF". En effet, d’après les données de l’Observatoire, 250 000 dossiers d’emprunts immobiliers en 2019 concernent des ménages qui ont un taux d’effort supérieur à 33 % (c’est-à-dire qu’ils ont des remboursements dépassant un tiers de leurs revenus).
Parmi ces dossiers, 40% viendraient, selon La Croix, de ménages aisés pouvant donc modifier leur plan de financement, 25% de ménages aux revenus moyens et 35% de ménages modestes. C'est dans ces deux dernières catégories que les nouvelles règles risqueraient de faire des "recalés".
"Notre objectif est de protéger les Français"
Interrogé par le quotidien économique, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a affirmé vouloir "protéger les Français". Son intention ne serait donc, en aucun cas, de "restreindre l'accès au crédit".
Pour Michel Mouillart, "c'est une erreur de vouloir protéger les emprunteurs contre eux-mêmes". Selon lui, 100 000 ménages perdraient l'accès aux crédits.