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(Crédits : POOL)

Retraites : en pleine conférence de financement, l'âge pivot divise les chefs d'entreprise

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Interrogés dans le cadre de « La grande consultation » par OpinionWay pour La Tribune/LCI et CCI-France, les chefs d'entreprise apparaissent divisés sur les modalités du projet de réforme des retraites proposé par le gouvernement, notamment l'instauration d'un âge pivot à 64 ans, alors que s'est ouvert, jeudi 30 janvier, la conférence au sujet de son financement.

C'est l'un des points les plus clivant du projet de réforme des retraites. L'instauration d'un âge pivot à 64 ans cristallise les tensions entre le gouvernement et les partenaires sociaux sur les futures modalités de financement du système de retraite. Une polarisation qui s'illustre également du côté des chefs d'entreprise partagés sur la question. De fait, selon le dernier baromètre réalisé par OpinionWay pour La Tribune, LCI et CCI France, publié ce vendredi 31 janvier, 50 % d'entre-eux se disent favorables à la mise en place de cette mesure tandis que 48 % affirment ne pas le souhaiter.

Dans le détail, 67 % des chef d'entreprise considèrent que certaines professions devraient pouvoir en être exemptées, avec un pic à 76 % dans les entreprise de 10 salarié et plus, contre 33 % qui estiment qu'elle devrait pouvoir s'appliquer à toutes les professions sans exception. Un chiffre qui atteint seulement 17% chez les patrons  d'entreprises du secteur de la construction connu pour ses conditions de pénibilité importante.

La conférence sur le financement : des attentes diverses

Pour atteindre l'équilibre du régime, le gouvernement avait initialement prévu la mise en place d'un âge pivot devant atteindre 64 ans en 2027. Cette mesure, qui a brouillé l'exécutif avec l'ensemble des syndicat dont la CFDT et l'Unsa, a finalement été retirée. Mais à une condition : que des propositions alternatives soient faites pour trouver 12 milliards d'euros d'économie. C'est l'objet de la conférence de financement qui a commencé jeudi 30 janvier jusqu'à la fin avril. Les dirigeants d'entreprise expriment des attentes très variées concernant ce rendez-vous. Si aucune ne se dégage nettement des autres, la première attente citée est le fait de déboucher sur une réforme dont l'ensemble des contours aura été défini (24%).

D'autres dirigeants d'entreprises expriment davantage le souhait que le gouvernement reste ferme, et que cette conférence amène le moins de modifications possibles sur son projet (14%), ou encore que son annonce mette un terme à la grève (10%). Pour autant, 15% d'entre-eux ont bon espoir que l'exécutif profite de ce rendez-vous pour réinitialiser son projet, quand 19% portent leurs vues plus loin et s'attendent à une réflexion plus large sur l'évolution du travail au XXIème siècle. Par ailleurs, les femmes et les hommes à la tête de sociétés n'expriment pas de consensus sur d'autres modalités de financement du système de retraites. Seulement 44% sont favorables à la prolongation de la CRDS (cotisation pour le remboursement de la dette sociale) au delà de l'année 2024, quand son objectif premier sera accompli.

Un regain de confiance malgré la poursuite du mouvement social

De même, seule une minorité des dirigeants d'entreprise se déclare favorable à une augmentation des cotisations autant patronales que salariales (43%). Pour autant, une très large majorité des dirigeants d'entreprise se dit opposée à une diminution des pensions de retraite (82%). Les dirigeants des entreprises comptant 10 salariés ou plus sont plus ouverts à une augmentation des cotisations patronales et salariales : 52% d'entre eux y sont favorables, contre 42% des dirigeants d'entreprises moins grandes.

Autrement, après bientôt deux mois de mobilisation contre le projet de retraite du gouvernement, plus d'un tiers des dirigeants d'entreprise déclare que leur activité a été impactée par la grève (31%). Pour autant, les patrons semblent connaitre un regain d'enthousiasme. Dans un contexte économique marqué à la fois par un relatif faiblissement de la mobilisation contre le projet du gouvernement, la confiance des dirigeants connait un sursaut par rapport à décembre. L'indicateur de l'optimisme se porte ainsi, en ce début d'année 2020, à 104 points (+11 points). Cette hausse est autant nourrie par les entreprises comptant moins de 10 salariés (103
points, +10) que par les entreprises plus grandes (104 points, +12).

Plus en détail, les chefs d'entreprise se déclarent plus confiants (55%, +11 points), plus optimistes (34%, +1 point) et plus sereins (18%, +9 points) qu'en décembre. Néanmoins, une part croissante d'entre eux se considère tout de même attentistes (18%, +5 points), et comme un pendant à ce phénomène, l'audace atteint son niveau le plus faible jamais enregistré (0%, -4 points).

(*) Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillon de 603 dirigeants d'entreprise. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation. L'échantillon a été interrogé par téléphone du mercredi 15 au lundi 27 janvier 2020.

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