Les prisons face au défi des détenus extémistes
La gestion des détenus extrémistes violents est un sujet global qui ne peut être assumé par les seules administrations des établissements pénitentiaires, et constitue une question transnationale qui va au-delà même des frontières continentales.
Cette assertion a été soulignée par nombre de participants au 2é panel du 1er Forum Africain des Administrations Pénitentiaires et de Réinsertion (FAAPR), organisé les 30 et 31 janvier, sous le thème: « Vers une vision commune pour renforcer la coopération Sud-Sud et confronter les défis et contraintes de la gestion des établissements pénitentiaires ».
Le sujet dépasse largement l’enjeu des administrations pénitentiaires, a indiqué Romain Peray, directeur à l’Administration pénitentiaire de France, soutenant qu’il s’agit d’un “sujet de société qui doit mobiliser l’ensemble des forces concernées”.
Pour M. Peray, qui intervenait dans le cadre de la session portant sur les expériences en matière de gestion sécuritaire et gestion des détenus extrémistes violents, la gestion des détenus extrémistes violents va également au-delà des pays concernés, et transcende même les frontières d’un simple continent pour devenir “un sujet mondial”.
Revenant sur la stratégie française en matière de lutte contre la radicalisation en milieu carcéral, M. Peray a indiqué que celle-ci repose sur trois axes, à savoir la détection, l’évaluation et la prise en charge, notant qu’en dehors du milieu pénitentiaire, la stratégie prévoit également une prise en charge à travers des centres qui offrent un “accompagnement renforcé” des anciens détenus pour actes de terrorisme pour faciliter leur réintégration.
Soutenant le caractère transnational de la gestion de ce type de détenus, la Représentante du Comité des Nations Unies pour la Lutte contre le Terrorisme (CTED), Lisa Letschert, a noté que certains pays requièrent un “accompagnement appuyée” de la part des organismes concernés de l’Onu.
À cet égard, Mme Letschert a souligné l’impérieuse nécessité du respect des droits des prisonniers qui constitue une “condition décisive” dans la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, y compris en milieu carcéral.
Elle a, par ailleurs, fait remarquer que les efforts de réinsertion des détenus extrémistes violents ne peut faire l’objet d’une approche modèle, soulignant l’impératif de mettre en place des approches personnalisées tenant compte des particularités de chaque condamné.
Revenant sur ces particularités, le Commissaire général adjoint des Prisons du Kenya, Benjamen Njoga, s’est arrêté sur le besoin de “comprendre le niveau de radicalisation de chaque prisonnier, tout en évaluant les risques pour lui de radicaliser ou d’être radicalisé en milieu carcéral”.
Il a, à cet égard, prôné une coordination étroite entre les différentes agences et instances gouvernementales et non-gouvernementales, ainsi qu’une collaboration avec d’autres pays afin d’élaborer des programmes de réhabilitation et des programmes scolaires en mesure de répondre aux besoins des détenus extrémistes violents.
Guigma Eloi, directeur général de l’Administration pénitentiaire au Burkina Faso, a souligné que son pays a été contraint de réviser son arsenal juridique en raison de la propagation du terrorisme dans la région, qui a fait émerger le besoin de gérer un “phénomène nouveau” pour le Burkina.
Soulignant l’importance de la coopération internationale, M. Eloi a noté que les administrations pénitentiaires constituent une “véritable opportunité et un cadre de fédération des intelligences pour rehausser leur contribution dans la lutte contre toute forme de criminalité”.
Près de près de 450 participants représentant 36 délégations prennent part à ce Forum qui porte sur des thématiques aussi variées que l’approche participative efficace pour préparer les détenus à la réinsertion, les expériences des différentes administrations pénitentiaires ou encore la modernisation de l’administration pénitentiaire et l’efficacité de l’élément humain.
LNT avec MAP