Radio France : pourquoi fragiliser une maison en pleine santé ?
Jugeant insuffisantes les réponses apportées à la plus longue grève de l’histoire du média public, des salariés et collaborateurs interpellent le ministre de la Culture, Franck Riester.
by des membres du personnel et des collaborateurs de Radio FranceTribune. Monsieur le ministre de la Culture, nous, voix, collaborateurs et collaboratrices des émissions de Radio France, avons tenu à nous adresser collectivement au gouvernement et au ministère de la Culture, il y a déjà deux mois, dans une lettre signée par 601 employés de Radio France, devenue depuis une pétition qui a recueilli près de 200 000 signatures. Dans une interview parue le 22 janvier dans le journal Libération, vous affirmez répondre à tous les courriers. Notre tribune est pourtant demeurée sans réponse.
Nous y faisions part de nos inquiétudes concernant la dotation de la radio publique. Rien dans les éléments qui nous sont parvenus depuis ne nous permet de les dissiper. Le préalable des discussions reste, aujourd’hui encore, l’impératif économique. La baisse de la redevance et la création de la future holding «France Médias» renforcent ces inquiétudes, comme en atteste la grève en cours, la plus longue de l’histoire de Radio France. Voici les interrogations que nous partageons toujours avec nombre d’auditeurs :
Nous ne sommes ni contre le mouvement, ni contre le changement, nous y participons tous les jours. Mais pourquoi fragiliser une maison en pleine santé qui avait retrouvé l’équilibre budgétaire après un premier plan d’économie ?
En quoi la suppression de postes serait-elle le corollaire nécessaire de la transformation d’une entreprise ? Est-ce cela, «la meilleure façon» de faire fonctionner le service public que vous dites soutenir ?
«On n’a jamais eu autant besoin d’audiovisuel public», dites-vous. Nous sommes parfaitement d’accord ! Pourquoi, dès lors, ne pas le renforcer dans ses missions ?
«Nous n’affaiblissons pas Radio France», déclarez-vous. Mais vous avez réduit d’un euro la redevance audiovisuelle : un geste démagogique, censé répondre à la pression fiscale que subissent les Français, qui nous fait perdre 27 millions d’euros de ressources. Comment ne pas y voir le signe d’un désaveu ? Comment ne pas faire le lien avec cette même logique qui affecte tous les services publics ?
Vous évoquez le «supplément budgétaire» accordé à Radio France pour le chantier. Non seulement, nous ne sommes pas responsables de cette déplorable gestion, mais nous subissons aujourd’hui encore les conséquences de ces interminables travaux.
Enfin, «ce n’est pas quand elle va mal qu’il faut transformer une entreprise, mais quand elle va bien», dites-vous. Jusqu’où cela peut-il être fait sans casser la machine ?
Nous sommes déterminés à défendre l’avenir de la radio publique, ce «bien commun», qui est aujourd’hui plus que jamais, pour ses émissions, informations et concerts, plébiscité par les auditeurs et le public.
La liste des signataires est accessible par ce lien.