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Joseph Roudillon et Frédéric Laporte, autrefois dans le même camp, se lancent dans les municipales chacun de leur côté. © blorette

Courriers anonymes de dénonciation à Montluçon : une trace informatique remonte au cabinet du maire

L’empreinte numérique d’un ancien collaborateur de cabinet du maire de Montluçon Frédéric Laporte a été retrouvée dans un courrier anonyme accusant Joseph Roudillon, un de ses adversaires aux municipales, d’être d’extrême droite.

Des médias et personnalités politiques de Montluçon ont reçu cette semaine par le courrier une attaque en règle sous la forme d’une clé USB. Elle contient une lettre et des documents montrant des liens entre le candidat aux municipales Joseph Roudillon et l’Action française, un mouvement nationaliste et royaliste.

Son objectif est clairement de ternir la réputation du candidat aux municipales, à la tête d’une liste sans étiquette, décrite comme « ouverte ». « Comme à chaque fois, l’extrême droite avance masquée sous la figure calme et tranquille d’un représentant affable », alerte cette lettre anonyme.

Une clé USB qui n'a pas été totalement nettoyée

Anonyme ? Pas vraiment. Les propriétés d’un des huit documents PDF laissent apparaître que son auteur est un ancien collaborateur du cabinet de Frédéric Laporte (LR).

Le collaborateur de cabinet confirme

Contacté, ce jeune homme, qui ne travaille plus au sein de la collectivité, confirme être l’auteur de ce document. « L’été dernier, j’ai fait des recherches sur les potentiels candidats aux élections, sur mon temps personnel, et je les ai transmises à ma supérieure hiérarchique. J’ai fait ce qu’on m’a demandé, c’est-à-dire une cartographie des différentes mouvances politiques pour voir comment pourrait s’inscrire le maire dans la campagne, voir quelles seraient les potentielles alliances. »

A-t-il confié ces documents à quelqu’un d’autre ? « Non ». Qui faisait partie du cabinet l’été dernier ? « Il n’y avait que le maire, la directrice et moi », affirme-t-il.

Frédéric Laporte nie être à l'origine de la manipulation

« Ce n’est pas moi qui suis à l’origine de cette clé USB et ce document ne m’a jamais été communiqué par mon collaborateur de cabinet », se défend de son côté Frédéric Laporte, qui nie toute implication. « Mais ce n’est pas une surprise de découvrir que Monsieur Roudillon est d’extrême droite, c’est largement connu », ajoute le maire de Montluçon.

La directrice de cabinet assure de son côté ne pas avoir eu connaissance du travail du collaborateur de cabinet. « Même si le cabinet est mutualisé entre ville et agglo, je n'étais pas sa supérieure hiérarchique, je dépends du président de Montluçon communauté Daniel Dugléry, et lui dépendait du maire Frédéric Laporte. »

Comment se fait-il qu’un document sauvegardé par le collaborateur de cabinet se retrouve dans la clé USB dénonciatrice ? Mystère.

Les deux hommes sont rivaux en vue des municipales

Élu tous les deux sur la liste de Daniel Dugléry (LR) en 2008 et 2014, Joseph Roudillon et Frédéric Laporte se présentent chacun de leur côté, en tant que tête de liste, aux élections municipales. La rivalité des deux hommes avait éclaté en fin d’année 2017, à l’occasion de la succession de Daniel Dugléry. Frédéric Laporte l’avait emporté d’une voix au cours d’un vote de la majorité pour désigner le nouveau maire, alors que Joseph Roudillon avait dénoncé un vote irrégulier.

Joseph Roudillon s'exprime sur l'accusation

« Je trouve ce procédé inqualifiable », commente de son côté Joseph Roudillon, en ciblant le courrier anonyme. L’avocat déclare ne pas être adhérent à l’Action française mais reconnaît avoir animé une conférence sur la justice dans un camp d’été de ce mouvement.

« Participer à un débat n’équivaut pas à un engagement. Ce qui est certain est que je condamne, sans réserve, tout propos ou tout acte, qu’il soit antisémite, raciste, homophobe, ou qui porte atteinte à la dignité des personnes. »

Il ajoute ne jamais avoir dissimulé ses origines familiales. « Mon père vient d’une vieille famille monarchiste et catholique. Du côté de ma mère, je viens d’une famille de chrétiens de gauche. C’est mon héritage familial, je l’ai pris avec un droit d’inventaire. » Il se définit comme un « royaliste nostalgique ».

Guillaume Bellavoine

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