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Le Premier ministre libanais, Hassane Diab (c), s'entretenant avec les acteurs des organismes économiques, le 31 janvier 2020 au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra

Diab reçoit divers acteurs économiques : J'espère que nous arriverons à inverser la spirale

"Il n'y aura pas de 'haircut' sur les dépôts", assure le président de l'Association des Banques du Liban.

Le Premier ministre libanais Hassane Diab, dont le gouvernement est confronté à la plus grave crise économique que traverse le Liban depuis 30 ans, a assuré vendredi au Grand Sérail, où il a reçu plusieurs acteurs de l'économie du pays, que les solutions à cette crise ne sont pas "si difficiles".

Le chef du gouvernement a ainsi reçu une délégation des organismes économiques, l’organisation patronale dirigée par le ministre sortant des Télécoms, Mohammad Choucair. "La situation des acteurs économiques est difficile, et je sais qu'ils font face à de grands défis", a déclaré M. Diab selon des propos relayés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), dénonçant "ceux qui déforment le vrai mouvement de contestation en détruisant les institutions". "Je connais votre attachement au pays et je souhaite que vous puissiez continuer malgré les difficultés car les solutions ne sont pas si difficiles. J'espère que nous arriverons à inverser la spirale", a-t-il souligné. De son côté, M. Choucair a présenté au Premier ministre un plan d'action pour faire face à la crise.

Au cours d'une réunion avec la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, le Premier ministre a "encouragé les organismes de contrôle à poursuivre leur travail de lutte contre la corruption et à ne surtout pas y mettre un terme".

Au cours des derniers mois, dans la foulée du mouvement de contestation populaire qui a commencé le 17 octobre, de nombreuses poursuites ont été lancées contre des responsables, de tous niveaux de pouvoir et secteurs, notamment pour corruption, gaspillage de fonds publics et enrichissement illicite.

Hassane Diab s'est par ailleurs entretenu avec une délégation du syndicat des propriétaires de stations-service qui subissent des pertes financières en raison du surcoût du carburant lié à la hausse du prix du dollar, contre-coup de la crise économique que traverse le Liban. "Face à nos difficultés, le Premier ministre s'est dit prêt à nous aider", a déclaré le président du syndicat, Sami Brax, à l'issue de son entretien avec M. Diab, qui a également affirmé que la solution ne peut passer par une augmentation du prix de l'essence pour les automobilistes. Les stations-service achètent le carburant en dollars à 15% et en livres libanaises à 85 % et le vendent en livres à un prix fixé par l’État. Or les mesures prises par le secteur bancaire face à l’accélération de la dégradation de la situation économique et financière du pays ont limité la circulation du billet vert.

Le Premier ministre a aussi reçu le président du syndicat des propriétaires et des investisseurs des centrales de conditionnement de gaz domestique, Antoine Yammine, qui réclame un réajustement des tarifs du gaz.

(Lire aussi : Le gouvernement Diab planche sur une stratégie pour « rétablir la confiance »)

"Pas de haircut"
Le pays croule sous une dette avoisinant les 90 milliards de dollars, soit plus de 150% de son Produit intérieur brut tandis que la livre libanaise a perdu plus d'un tiers de sa valeur face au dollar dans les bureaux de change, et que les banques libanaises ont imposé ces derniers mois des restrictions sur les retraits et les transferts.

Dans ce contexte, le président de l'Association des Banques du Liban (ABL), Salim Sfeir, a affirmé dans la journée qu'aucun "haircut" (ponction) ne sera effectué sur les dépôts enregistrés dans les banques libanaises dont il a assuré la pérennité. Cette possibilité est revenue à de nombreuses reprises dans le débat public, les établissements libanais étant en effet les principaux détenteurs de la dette publique. "Les dépôts existent et ne seront pas touchés", a déclaré M. Sfeir à l'issue d'un entretien "positif" avec le ministre des Finances, Ghazi Wazni. "Il n'y a pas de 'haircut' et je vous demande de ne plus dire l'inverse", a-t-il ajouté.

Selon des informations de la chaîne locale LBCI, une entente a été conclue sur une baisse significative des taux d'intérêt, aussi bien sur les dépôts que sur les prêts, afin de réactiver l'économie, aider les emprunteurs et alléger le fardeau pour les finances publiques.

Jeudi soir, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, avait une nouvelle fois affirmé l’opposition de la BDL à la possibilité qu’un "haircut" sur les dépôts enregistrés dans les banques libanaises soit effectué pour éviter une faillite des banques et de l’État.

Par ailleurs, le président de l'ABL a évoqué avec le ministre de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, le plan de sécurité des banques mis en place il y a quelques semaines, notamment pour protéger les employés du secteur et plus d'un millier d'établissements bancaires. Ce plan mobilise plus de 2 000 hommes issus des différents services de sécurité de l’État.

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