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Joe Biden, ici en campagne dans l'Iowa, est le favori démocrate.(Reuters)

Iowa, Super Tuesday, convention... Voici où vont se jouer les primaires démocrates

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Les primaires démocrates, qui commencent lundi dans l'Iowa, doivent permettre de désigner le candidat qui affrontera Donald Trump en novembre 2020. Voici les moments clés des six prochains mois et leurs enjeux dans la course à la nomination.

L'Iowa donnera lundi 3 février le coup d'envoi des primaires démocrates aux Etats-Unis. Pendant cinq mois, les sympathisants du parti vont se prononcer dans chacun des cinquante Etats américains pour désigner celui qui affrontera Donald Trump en novembre 2020. Cette année, le calendrier des primaires aura une importance particulière : il y a moins de caucus qu'en 2016 et l'ordre de passage des Etats est plus représentatif de la diversité du pays qu'il ne l'était il y a quatre ans. Voici les moments clés à venir.

1. L'Iowa et le New Hampshire, un coup d'envoi rural et blanc

Tradition et contradiction. Parce que l'Iowa (le 3 février) et le New Hampshire (le 11 février) sont les deux premiers Etat qui se prononcent, leur importance est significative. On peut même dire qu'elle est très largement exagérée au vu du faible nombre de délégués - 56 au total - que ces deux Etats octroient. "L'Iowa n'est pas le premier parce qu'il est important. Il est important parce qu'il est le premier", resitue Kathy O'Bradovich, journaliste au Des Moines Register, cité par la radio publique NPR.

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Un succès ou un échec dans ces deux Etats ruraux et blancs, en très grande majorité, peut lancer ou briser la dynamique d'un candidat. Depuis 1972, début de l'ère moderne des primaires américaines, seul Bill Clinton en 1992 a décroché l'investiture démocrate sans remporter ni l'Iowa, ni le New Hampshire. C'est pour cela que l'on pourrait assister à plusieurs abandons au soir de la primaire du New Hampshire. 

En 2016, le démocrate Martin O'Malley a jeté l'éponge après un résultat décevant dans l'Iowa, laissant Hillary Clinton et Bernie Sanders s'affronter en duel. Quatre ans plus tôt, trois candidats avaient abandonné à l'issue des deux premières primaires. Cette année, le nombre important de concurrents encore en lice - ils sont onze - risque d'accroître ce phénomène. Ceux qui ont obtenu les plus mauvais scores seront sous pression.

2. Le Nevada et la Caroline du Sud, un premier test auprès des minorités

Dans la foulée, deux autres élections cruciales ont lieu courant février :

  1. Le caucus du Nevada se tient le 22 février. En comparaison avec l'Iowa et le New Hampshire, cet Etat est plus jeune et cosmopolite. Il testera la popularité des candidats auprès de l'électorat d'origine hispanique et la classe ouvrière, qui y est importante. Le Nevada est aussi le premier Etat de l'Ouest à se prononcer, ce qui sera intéressant à analyser, à quelques jours du Super Tuesday, où les deux Etats qui fournissent le plus de délégués et comptent une importante proportion d'électeurs hispaniques, la Californie et le Texas, se déplaceront aux urnes.
  2. Avant cela, c'est la Caroline du Sud qui votera le 29 février. Cette primaire donnera une première estimation de la solidité des candidats auprès de l'électorat afro-américain, qui représentait 61% des électeurs en 2016. A l'exception de John Kerry en 2004, aucun candidat démocrate investit pour la présidentielle n'a perdu dans cet Etat depuis 1992. Remporter la Caroline du Sud offre en effet une dynamique précieuse à quatre jours du Super Tuesday.

3. Le Super Tuesday, plus que jamais juge de paix

Le 3 mars, 14 Etats choisissent leur candidat à l'occasion du traditionnel Super Tuesday [Super Mardi], au cours duquel sont attribués près de 40% de l'ensemble des délégués. L'Alabama, l'Arkansas, le Colorado, la Georgie, le Massachussets, le Minnesota, la Caroline du Nord, l'Oklahoma, le Tennessee, le Texas, l'Utah, le Vermont et la Virginie se prononcent. Et cette année, la Californie et ses 416 délégués viennent s'ajouter à la liste, rééquilibrant considérablement le Super Tuesday.

Traditionnellement, cette journée permettait en effet aux candidats les plus modérés, qui bénéficient du soutien des électeurs afro-américains ou conservateurs du Sud, de creuser l'écart. En 2016, Hillary Clinton avait remporté sept Etats durant le Super Tuesday et porté un coup majeur à Bernie Sanders. Mais le nouveau calendrier va rééquilibrer les choses, puisque la Californie, un Etat plus progressiste et cosmopolite, votera aussi à ce moment-là, ajoutant encore plus d'enjeux à cette journée.

Cette année, le Super Tuesday aura un autre intérêt avec la participation du milliardaire Michael Bloomberg, qui a décidé de faire l'impasse sur le mois de février. L'ancien maire de New York dépense sans compter depuis son entrée en campagne fin novembre et il émerge comme le quatrième candidat dans les sondages nationaux. Mais personne avant lui n'est parvenu à remporter l'investiture en attendant le Super Tuesday pour se lancer dans les primaires. Ses résultats seront d'autant plus intéressants à décortiquer.

4. La fin des primaires à quitte ou double

Dans la foulée du Super Tuesday, plusieurs primaires cruciales auront lieu en mars, à l'image du Michigan, de l'Illinois et de l'Ohio, trois Etats du Midwest. La Floride (219 délégués), le 17 mars, sera un autre très gros morceau dans la course à l'investiture. Si l'écart n'est pas fait après le Super Tuesday, ces primaires seront très certainement décisives. Au soir du 17 mars, plus de 60% des délégués auront en effet été attribués

Ce calendrier très condensé pourrait rendre toute relative l'importance des primaires de New York (274 délégués) et de Pennsylvanie (186), qui auront lieu le 28 avril. Si un candidat s'est largement détaché et qu'il remporte ces deux scrutins, la course sera jouée, même si une dizaine d'autres primaires et caucus se tiendront encore jusqu'au 6 juin, notamment le New Jersey (126 délégués) le 2 juin.

Mais rien ne permet de dire qu'on assistera à ce scénario dans trois mois.

5. Le risque d'une convention démocrate agitée

La convention démocrate aura lieu à Milwaukee (Wisconsin) du 13 au 16 juillet. Dans cet Etat du Midwest, où se jouera une partie importante de la bataille pour la Maison-Blanche, le parti désignera officiellement le candidat qui affrontera Donald Trump le 3 novembre. Si un candidat a fait le trou au cours des primaires et obtenu la majorité des délégués, la convention sera une formalité, l'occasion pour le parti de se rassembler derrière son favori. Mais rien n'est moins sûr.

Cette année, les primaires sont beaucoup plus concentrées qu'en 2016, notamment en raison du repositionnement de la Californie durant le Super Tuesday. Ce rééquilibrage pourrait permettre à plusieurs candidats d'être toujours en course alors qu'une majorité de délégués auront déjà été attribués, compliquant la fin des primaires. Selon les calculs de FiveThirtyEight, il existe ainsi 15% de chances pour qu'aucun candidat n'ait la majorité au moment de la convention.

Le risque d'une "brokered convention", au cours de laquelle les candidats encore en course doivent négocier le ralliement de délégués adverses pour obtenir la majorité, est donc réel. Ce serait du jamais-vu dans l'ère "moderne" des primaires démocrates, mais le nombre important de candidats en lice et la présence de milliardaires à la puissance financière importante - ou à la stratégie inédite - complique les pronostics. Et rend ces primaires particulièrement intéressantes.