Brexit et Parlement européen : qui va prendre la place des 27 eurodéputés britanniques ?

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L'assemblée passe ainsi de 751 eurodéputés à 705 membres. Les autres fauteuils sont réservés en cas d'élargissement.GEORGES GOBET AFP ILLUSTRATION

Dans la nuit de vendredi à samedi prendra fin le mandat de 73 parlementaires britanniques. Après leur départ, certains sièges ne resteront pas inoccupés : 27 eurodéputés de 24 pays membres élus en mai viendront les remplacer au Parlement européen. 

Pour beaucoup dans l’UE, le Brexit est un adieu. Mais pour 27 eurodéputés, dont 5 Français, c’est un nouveau départ. Elus en mai, ils attendaient que le Royaume-Uni quitte l’Union pour remplacer les Britanniques sortants au Parlement européen.

Le mandat des 73 parlementaires se termine dans la nuit de vendredi à samedi. A leur place, s’installent à Bruxelles 27 représentants de 14 Etats membres – les sièges restants étant gardés en réserve en cas d’élargissement – dans une assemblée qui passe de 751 à 705 membres.

Le mandat débute le 1er février

Les Français et les Espagnols se taillent la part du lion avec cinq élus chacun, viennent ensuite les Italiens et les Néerlandais avec trois, puis deux Irlandais, et, entre autres, un Roumain, un Autrichien, un Polonais, un Croate, un Suédois, un Estonien.

« J’ai vécu ces derniers mois dans l’émotion et l’incertitude », raconte le socialiste espagnol Marcos Ros Sempere, âgé de 45 ans, « on approchait le mois d’octobre et on croyait que ça y était ». Puis le Brexit fut à nouveau reporté et les Britanniques organisèrent de nouvelles élections. Cet architecte de formation, professeur à l’Université Polytechnique de Cartagena, compte récupérer lundi son accréditation à Bruxelles. Même si leur mandat commence théoriquement le 1er février, la plupart des nouveaux venus ne peuvent pas prendre possession de leur bureau avant le 7 février. Ils seront officiellement présentés lors de la session plénière à Strasbourg – le siège officiel du Parlement européen – qui commence le 10 février. 

Pendant ces mois d’attente, l’Estonien Riho Terras général à la retraite, âgé de 52 ans, « n’a pas trouvé le temps long ». « J’ai continué à travailler pour ma compagnie Milrem Robotics », une entreprise qui développe des véhicules sans pilotes pour les militaires et les industriels, explique cet élu qui siégera dans les rangs de la droite (PPE).

« Cela m’a permis de me préparer », reconnaît la Française Ilana Cicurel, 47 ans, qui fait partie du groupe libéral-centriste (Renew Europe). Mais maintenant, cette avocate de formation est « impatiente et fière » de pouvoir commencer. Pour l’aider dans ses nouvelles fonctions, elle reprend l’assistant parlementaire d’une eurodéputée britannique LibDem, un Belge qui a étudié en France. L’Irlandais de 52 ans, Barry Andrews, aborde ses nouvelles fonctions avec des sentiments mitigés. « Le regret écrase les autres émotions », confie ce représentant du parti libéral-conservateur Fianna Fail.

Cours d’anglais

Aucun sentimentalisme en revanche sur le départ des Britanniques pour le Français Jean-Lin Lacapelle (52 ans), élu du Rassemblement national pour qui il était grand temps de se dire adieu. « Enfin, le peuple est respecté », estime-t-il, rappelant que le référendum sur le Brexit a eu lieu il y a plus de trois ans, le 23 juin 2016. « Le Parlement européen a tout fait pour contrecarrer le départ des Britanniques », déplore-t-il. « Très fier » de représenter « les intérêts de la France » et de ses citoyens au Parlement européen, il espère travailler au sein de la Commission Commerce international, chargée de la négociation des traités de libre-échange, dont le futur accord avec Londres. 

De son côté, l’écologiste français de 62 ans, Claude Gruffat, s’est préparé à son mandat en se rendant « au moins deux fois par mois à Bruxelles et Strasbourg ». Dès le début de la campagne des élections européennes, il avait démissionné de la présidence du réseau des magasins bio Biocoop, estimant son travail « incompatible » avec « son engagement dans la sphère politique ». Pour Gruffat, le Brexit est « un affaiblissement de l’Europe et des Britanniques (…) Nous, les nouveaux arrivants, faisons face à un paysage politique en plein désarroi. » 

Il espère contribuer à « rendre l’Union plus forte ». Et, conscient que l’anglais restera l’idiome le plus utilisé pour communiquer à Bruxelles malgré le départ du Royaume-Uni, il a décidé de suivre des cours pour se remettre à niveau dans la langue de Shakespeare.