J’ai découvert que mon meilleur ami était un agresseur sexuel

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Cette madmoiZelle a toujours admiré son meilleur ami. Mais c'était avant de voir son vrai visage...

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Brandon Nickerson / Pexels

Si aujourd’hui je n’ai aucun souci à faire le premier pas avec les hommes, j’ai été une enfant et une adolescente très timide qui n’osait même pas leur adresser la parole.

À tel point que ma mère n’était même plus surprise de constater qu’aucun garçon n’était jamais invité à mes anniversaires.

Chaque 23 mars, à la maison, il n’y avait que des ribambelles de filles.

Le seul garçon à avoir le droit de poser un pied chez moi, c’était Nathan, le fils de ma nounou.

Nathan, mon seul ami garçon

Nathan avait 4 ans de plus que moi, et était différent des autres à mes yeux. Je ne le voyais pas comme un « petit copain potentiel » (phrase préférée de ma mère) mais bien comme un vrai camarade de jeu.

Et pour cause, il passait sa vie dans mon salon, à partager des parties endiablées de Pic Pirate avec moi et à manger toutes mes barquettes.

J’entretenais avec lui une relation fraternelle, d’autant que moi j’étais enfant unique. Lui de son côté avait deux grands frères.

Des hauts et des bas dans mon amitié avec Nathan

Nos parents finirent aussi par devenir amis. Nous partions donc souvent en vacances ensemble, pour mon plus grand plaisir et celui de mon frère de cœur.

Et puis les années ont passé, et Nathan et moi avons grandi.

Quand j’eus 13 ans et lui 17, mon père se mit en tête qu’il n’était plus possible pour nous de rester dans ma chambre avec la porte fermée.

Ma mère trouvait cette décision ridicule, mais mon père se méfiait « des garçons de cet âge-là».

De toute façon, quelque chose avait changé entre Nathan et moi. Il n’avait plus vraiment envie de traîner avec « une gamine » et s’était trouvé une passion foudroyante pour la batterie.

Il monta donc un groupe d’indie rock avec quelques-uns de ses potes et délaissa nos discussions.

J’ai progressivement tiré une croix sur mon frère de cœur, n’échangeant avec lui plus que quelques banalités dans l’ascenseur.

Mes sentiments pour Nathan

Mais à l’aube de mes 17 ans, lors d’une soirée organisée par ma mère, Nathan refit surface dans ma vie, se comportant comme si nous ne nous étions jamais éloignés.

De mon côté, les choses n’étaient plus comme avant.

Je ne voyais plus Nathan comme un grand frère. J’avais 17 ans, et les hormones en ébullition…

Nathan, plus grand, plus fort qu’auparavant, et surtout plus habile avec sa batterie, ne me laissait plus indifférente. J’avais désormais envie de lui.

Bien sûr, ça n’était pas réciproque. Nathan était de toute manière aveuglé par l’amour qu’il portait à Louisa, sa copine, une rousse magnifique et adorable, que je détestais évidemment.

Je compris vite qu’il n’y avait pas de place pour moi dans le cœur de Nathan, du moins pas comme je l’aurais espéré.

Nathan et moi, l’amour impossible

Je suis donc tombée, sans aucune logique, encore plus amoureuse de lui.

Quant à lui, il se fit rapidement, et contre toute attente, larguer par Louisa. Avec le temps, il s’en remit et commença à… s’intéresser à moi.

Il se mit me faire des compliments, à passer sa main dans mes cheveux, à me fredonner des chansons tout bas dans l’intimité de sa chambre.

Bref, la vapeur s’était inversée, je le sentais bien.

Mais ni lui ni moi n’avions envie de sauter le cap du sexe et de l’amour, qui auraient sans doute abîmé notre désormais belle et infaillible amitié.

C’est forts de cette décision que nous fîmes chacun nos vies de notre côté, en restant cependant toujours en contact, en s’appelant chaque semaine, en buvant des coups régulièrement et en sortant écouter de la musique ensemble.

Nathan et mes amies

Pendant 3 ans, je suis allée à tous ses concerts, j’ai rencontré tous les membres des groupes dans lesquels il officiait comme batteur, et je l’ai regardé aimer un tas de filles, toutes plus belles les unes que les autres.

Quant à moi, j’ai eu quelques relations, avec quelques hommes. Aucun ne trouva grâce aux yeux de Nathan.

« Il n’est pas assez bien pour toi. »

J’aimais qu’il soit jaloux.

J’avais l’impression qu’il ne voulait me garder que pour lui toute seule et quelque part, ça me flattait, même si je sentais que sa jalousie n’était pas saine.

Autour de moi, tout le monde connaissait Nathan.

Mes copines l’avaient toutes déjà rencontré ; il en avait dragué la plupart sans grand succès.

Il s’entendait plutôt bien avec mon amie Anna, jusqu’à même faire quelques soirées en solo avec elle, ce qui avait le don de m’exaspérer.

Celle qu’il trouvait la plus marrante, c’était Laurine, ma meilleure amie depuis le CP.

Tous les deux se gaussaient ensemble et aimaient se taquiner l’un l’autre. Mais leur relation en restait là.

Une soirée intime entre mon amie et Nathan

C’est pourquoi je fus surprise le soir où Laurine m’appela à 23h, un peu soule, pour m’annoncer qu’elle allait boire un verre chez Nathan, toute seule.

Moi, je passai la soirée avec mon nouveau mec et ne pus m’empêcher de ressentir une légère jalousie.

Pourquoi ces deux-là éprouvaient-ils le besoin de se voir sans moi ?

Je finis par m’endormir tôt ce soir-là, devant un vieux western choisi par ma moitié.

Au matin, j’avais raté 4 appels, tous en provenance de Laurine. Elle me demandait de la rappeler urgemment, sans donner de motif, et je m’exécutai donc immédiatement.

Mon amie, victime de… mon ami

Au téléphone, elle m’a raconté que Nathan et elle avaient pas mal bu la veille, et qu’ils s’étaient embrassés.

Lui avait commencé à la caresser mais elle ne voulait pas aller plus loin avec lui.

Malgré le refus de Laurine, Nathan a continué à balader ses mains sur son corps, allant même jusqu’à la jeter sur le lit, s’allonger sur elle et la déshabiller.

Laurine a mis du temps à parvenir à s’échapper de ses griffes et à s’enfuir.

Lorsqu’elle me raconta son histoire, je ressentis un malaise profond, proche du vertige.

Mon premier réflexe ? Lui répondre par de la suspicion…

« Tu es sûre que ça s’est passé comme ça ? Je veux dire, vous étiez très souls, peut-être que vous n’avez pas vécu la scène de la même manière. Tu es vraiment certaine de ce que tu avances ? C’est grave tu sais. »

Quand j’ai compris que mon ami était un agresseur

Je sais. C’est terrible. Mais à l’époque, oui, j’ai remis en doute le témoignage de mon amie, qui était pourtant la victime d’un agresseur.

Aveuglée par la confiance que j’avais en cet homme que je connaissais depuis toute petite, j’ai refusé de prendre son récit au sérieux, sur le moment.

J’en ai même voulu à Laurine, je crois, d’entacher l’image parfaite et surtout quasi-familiale que j’avais de Nathan.

J’ai honte aujourd’hui, mais c’est ce que j’ai ressenti.

Je finis par en parler à mon mec et c’est lui qui me remit les idées en place :

« Tu te comportes comme une conne. Ton amie a besoin de toi et d’un recours à la justice. Bouge-toi ! »

D’un coup, je repris connaissance et me sentis affreuse.

Je rappelai Laurine et lui proposai de l’aider à prendre des mesures.

Elle ne voulait pas porter plainte, préférait oublier l’affaire et souhaitait ne plus jamais avoir à faire à cet homme.

Mon ami, un prédateur avec les femmes

Je vous passe les heures de discussions qui ont suivi…

Plus tard, j’appris complètement par hasard, lors d’une soirée où se trouvait l’ex de Nathan, qu’il avait été violent et menaçant à plusieurs reprises avec elle.

Laurine n’était pas la seule victime.

Je conseillai alors à cette jeune femme de porter plainte. Elle me dit qu’elle y penserait, mais je n’ai pas de moyen aujourd’hui de savoir si elle a lancé la moindre procédure.

Pour ma part, je n’ai plus aucune nouvelle de cet homme et ne veux plus jamais avoir à faire à lui.

Ma culpabilité d’avoir été amie avec un agresseur

J’éprouve encore un sentiment de culpabilité vis-à-vis de toute cette histoire.

La proximité que j’avais avec Nathan m’a rendu incapable pendant quelques instants d’envisager comme valide le témoignage de ma meilleure amie…

J’ai remis la parole d’une victime en question simplement par peur de voir la vérité en face.

Aujourd’hui, Laurine m’a pardonné mes quelques heures de doute. Nous avons longuement reparlé de cette affaire l’année dernière, et plus le temps passe, moins je comprends comment j’ai pu réagir de cette manière.

Je pense tout simplement, avec le recul, que je n’avais en réalité jamais été sensibilisée, ni par mes parents, ni par l’éducation nationale, aux réalités des agressions sexuelles, et que je manquais donc de ressources.

Je n’avais jamais appris comment réagir face à une femme m’annonçant avoir été victime d’un crime sexuel.

En tout cas, je sais désormais que les prédateurs ne sont pas forcément des inconnus qui attendent l’écume aux lèvres dans des ruelles sordides de sauter sur leurs proies.

Non, les agresseurs, les violeurs peuvent revêtir l’apparence de « monsieur-tout-le-monde » et faire partie de notre entourage

D’ailleurs, deux victimes sur trois connaissent leurs agresseurs, d’après l’enquête « Cadre de vie et sécurité » de l’Insee.

Pour autant, je pense qu’il ne faut pas virer parano. Mais il est important de voir la réalité en face.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que désormais je ne douterai plus jamais de la parole d’une victime ; au contraire, j’essaierais de l’accompagner au mieux, de la soutenir.

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Mymy

Vendredi à 19:56

JAK-STAT a dit :
@Mymy un dessin du Projet Crocodile ? Peut être qu'on vous aurait donné le droit de l'utiliser ? ^^
Perso elle me gêne pas, c'est bien qu'on voit pas son visage au cas où quelqu'un, ne voyant que le titre et l'image de l'article, se dise que le mec de la photo est un agresseur connu.
Cliquez pour agrandir...

Je ne suis pas pour demander une utilisation de dessin gratos (quand bien même créditée) après avoir été sensibilisée par mes potes auteurs et autrices de BD

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si c’est proposé par l’artiste ok mais je vais pas aller gratter !
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