“Après le Brexit, l’économie du Royaume-Uni devrait aisément résister”
Forte croissance structurelle, politiques budgétaires et monétaires efficaces… L’économie du Royaume-Uni s’est maintenue à flot, en dépit de la perspective du Brexit. Et ça devrait continuer, juge notre chroniqueur Marc Touati, président du cabinet ACDEFI.
Depuis le coup de Trafalgar du vote des Britanniques en faveur du Brexit en juin 2016, de (trop) nombreux analystes se sont employés à démontrer que ce choix douloureux serait très coûteux pour le Royaume-Uni et bénéfique pour la zone euro. Heureusement pour les Britanniques et malheureusement pour les Eurolandais, il n’en a rien été. Certes, le Royaume-Uni a souffert, notamment à cause de l'incertitude engendrée par le Brexit. Pour autant, il n’a pas plongé dans la récession.
Mieux, sa croissance économique est restée appréciable et les dernières enquêtes Markit des directeurs d'achats de janvier ont même montré que l’activité s’est nettement redressée depuis la victoire de Boris Johnson aux législatives de décembre dernier. Compte tenu d'une croissance structurelle vigoureuse (environ 2,3%), des effets bénéfiques de la dépréciation de la livre sterling (qui a d’ailleurs repris du poil de la bête) et d'un policy mix (les politiques budgétaire et monétaire) efficace, l'économie britannique a aisément résisté dans la tempête. Ce qu’elle fera encore au cours des prochaines années, une fois sortie de l’Union européenne.
En plus d'ébranler l'Union européenne et la construction européenne dans ses propres fondements, le Brexit pourrait bien rappeler que la zone euro en l'état est vouée à l'échec, tandis que les Britanniques en sortiront renforcés.
Grâce à des fondamentaux économiques plus solides et à une économie plus réactive (que celle de la zone euro, NDLR), “la planche à billets” pratiquée par la Bank of England (BoE, Banque d’Angleterre) depuis 2010 a permis au Royaume-Uni de retrouver le chemin d'une croissance durablement soutenue et aussi du plein-emploi. En d’autres termes, la politique monétaire britannique apparaît bien plus efficace que celle de la BCE.
Cette réalité rappelle une règle fondamentale de la politique économique : les soutiens monétaires sont des conditions nécessaires mais pas suffisantes à la reprise de l’activité. Autrement dit, pour que la baisse des taux d'intérêt directeurs et la “planche à billets” soient efficaces, il faut qu'elles soient accompagnées par une faible pression fiscale, un marché du travail flexible, une dépense publique optimisée et des acteurs économiques (ménages, entreprises, collectivités publiques, partenaires sociaux) réactifs, sachant combattre l'adversité par une remise en question permanente, avec un goût aiguisé pour le risque et le succès. Autant de qualités qui font malheureusement trop souvent défaut dans la zone euro (à l'exception de quelques pays, notamment en Allemagne, en Irlande et aux Pays-Bas) et a fortiori dans l'Hexagone.
Voilà pourquoi le Royaume-Uni et la BoE pourraient bien réussir là où l'UEM (zone euro) et la BCE ont échoué... C’est triste à dire mais, finalement, quels que soient les dangers à venir, il est à peu près certains qu’au contraire des Eurolandais, les Anglais réagiront massivement, tout en transformant radicalement leurs structures économiques pour affronter le “nouveau monde”.
Il serait temps que les Eurolandais et les Français le comprennent et en fassent de même. Sinon, des choix extrémistes et dévastateurs pourraient finir par l'emporter, suscitant une nouvelle crise majeure, qui pourrait bien marquer la fin de la zone euro…
Marc Touati, président du cabinet ACDEFI. Son dernier livre, Un monde de bulles, est toujours en tête des ventes dans sa catégorie sur Amazon.fr
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