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Maurane Manucci, capitaine du Standard Femina
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Football féminin : Maurane Marinucci valeureuse capitaine liégeoise

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A 26 ans, Maurane Manucci, capitaine du Standard de Liège jongle entre ses activités de professeur d’éducation physique et sa passion. Il est loin le temps ou les mentalités réduisaient le foot à un sport de garçons.

C’est difficile de trouver une explication à la passion que Maurane Marinucci voue au football. A 5 ans, la jeune liégeoise découvre le foot dans les équipes d’âge, à La Préalle Herstal. Le virus est ancré profondément.

" Pourquoi le foot ? Je ne sais pas. Chez moi, je n’avais pas de grand frère. Je crois que c’est venu naturellement. Peut-être un peu via la télé. Mon père aimait bien regarder les matchs. Je sais bien que mes parents ont essayé plusieurs sports comme le tennis ou le judo mais il n’y avait rien à faire, j’ai toujours dit que je voulais jouer au foot ".

Chez les jeunes, Maurane Marinucci est obligée de s’aligner dans les catégories de garçons faute de championnat féminin. Une mixité mal perçue par certains parents à l’étroitesse d’esprit. " Je me rappelle quasiment à tous les matchs, j’entendais " C’est une fille rentre lui dedans. C’est une fille fait lui peur, elle ira jouer aux barbies. Il y avait beaucoup de discriminations à cette époque-là. Maintenant, c’est plus médiatisé, il y a beaucoup plus de petites filles qui jouent au foot. Les mentalités changent aussi. C’était stéréotypé. Le foot c’est pour les garçons, la danse c’est pour les filles. Maintenant, on voit de plus en plus de garçons à la danse et de filles qui font du foot. Il ne faut pas catégoriser un sport en fonction du genre ".

A 13 ans, Maurane Marinucci intègre le Standard de Liège. Deux ans plus tard, elle fait ses premières apparitions en équipe première. " Le Standard, c’est le top club au niveau Wallonie. C’est une fierté. C’est un rêve. Quand on était toute petite et qu’on te disait "où veux-tu jouer plus tard ? " tout le monde répondait au Standard de Liège".

Depuis son parcours sportif la menée à Anderlecht avant de revenir au Standard en 2016 où elle a pris son envol. Capitaine des Rouches, Maurane Marinucci est la force tranquille du vestiaire, le leader charismatique. " On a une équipe où le niveau d’âge est vraiment différent mais c’est ça qui est bien. On s’entraide toutes, il y a beaucoup de cohésion et de solidarité dans notre groupe. De ma part mon statut de capitaine, les filles se retournent vers moi quand elles ont une question ".

On ne demande pas des 30.000 ou des 40.000 euros par mois

Aujourd’hui Maurane jongle entre sa vie sportive et sa vie professionnelle. Professeur au foot études de Seraing le matin, elle file ensuite à l’académie pour les entraînements du Standard. Un rythme soutenu avec des charges de travail similaires à celles des joueurs de l’équipe première masculine. " On a une vie de professionnelles mais on est considérées comme amateurs et c’est compliqué en fait. Cette année en stage, il y a des filles qui étaient en examen, d’autres qui travaillaient. Et là c’est un choix, est-ce que je vais au boulot et je vais être pénalisée au foot ou est-ce que je vais au foot mais je vais perdre de l’argent au boulot. Chaque fois ce sont des sacrifices. Alors, dire qu’on fait la même chose que les hommes… Je ne sais pas. Nous, on a toute notre journée de boulot en plus et le soir on vient encore à l’entraînement. Dès fois, je me demande si ce n’est pas nous qui faisons plus qu’eux.

Pour nous, c’est une habitude. Mais c’est vrai des fois, on se dit ce serait quand même bien, je me lève le matin, je vais à l’entraînement, je reviens, je repars à l’entraînement le soir et j’ai mon salaire. On ne demande pas des 30.000 ou des 40.000 par mois mais un salaire normal pour nous ce serait déjà pas mal ".

C’est très compliqué. C’est beaucoup de sacrifices. Souvent on a match le vendredi soir, les gens nous disent " allez viens boire un verre ou nous, on sort là " ben non, on a match. Le lendemain, il y a un décrassage le matin adonc on n’a pas envie de rentrer tard. Il y a peu voire quasi-pas de vie sur le côté en fait à part le boulot et un peu la famille ".

Le problème reste les infrastructures

Aujourd’hui, le foot féminin a le vent en poupe. La coupe du monde a eu un effet bénéfique. Les retombées au niveau des inscriptions des jeunes sont réelles. Mais le problème dans pas mal de clubs touche les infrastructures. " Les clubs essayent de développer leurs équipes féminines mais quand il n’y a pas de vestiaires spécifiques pour les équipes de filles c’est un vrai frein".

Le développement du foot féminin se poursuit pas à pas. En septembre 2020, Charleroi et Zulte Waregem aligneront une équipe en Super league.