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L’Afrique connaît sa pire invasion de criquets depuis 25 ans

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Des nuages de criquets ravagent les cultures en Afrique de l'Est qui connaît sa pire invasion depuis 25 ans. Les conditions climatiques et le manque de moyens font craindre une aggravation de la situation, les criquets pouvant dévorer l'équivalent de 400.000 tonnes de nourriture par jour.

Des champs de maïs, de sorgho et de millet, il ne reste plus rien. Dans cette ferme kenyane, les vaches cherchent désespérément de quoi se nourrir au milieu des terres dévorées par les nuées de criquets pèlerins qui assombrissent le ciel et s'abattent depuis janvier sur la corne africaine. L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO) qualifie la situation « d'extrêmement préoccupante » au Kenya, en Éthiopie et en Somalie, et l'invasion menace de s'étendre à l'Égypte, au Soudan, à l'Érythrée, à l'Arabie Saoudite et au Yémen où « le nombre de criquets augmente de façon alarmante ».

Les criquets pèlerins reviennent épisodiquement en Afrique, la dernière invasion ayant eu lieu en 2007, mais à une bien plus petite échelle. La crise de cette année est la pire qu'ait connu l'Afrique depuis 25 ans, atteste la FAO. Au Kenya, où plus de 70.000 hectares ont déjà disparu, un tel phénomène n'avait pas été observé depuis 1961.

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Des nuages de criquets aussi grands que le Luxembourg

« Cette invasion, et sa capacité à se répandre dans d'autres comtés, représente une menace sans précédent pour la sécurité alimentaire du pays », affirme Mwangi Kiunjuri, le ministre kenyan de l'Agriculture. Un essaim peut contenir 150 millions de criquets par kilomètre carré, sachant qu'un nuage fait l'équivalent d'une surface de 2.400 km2, à peu près la taille du Luxembourg. Chaque criquet dévorant chaque jour l'équivalent de son propre poids (deux grammes), cela représente un total de 400.000 tonnes de nourriture. Le criquet pèlerin a une durée de vie de six mois et parcourt jusqu’à 150 km par jour.
 

Des essaims 500 fois plus gros d’ici le mois de juin

La prolifération des insectes est favorisée par les conditions climatiques, les mois d'octobre et de décembre ayant été marqués par de fortes pluies. « Cela a créé les conditions idéales pour la reproduction des criquets, qui pourrait s'accélérer dans les six prochains mois avec la hausse des températures, met en garde Keith Cressman, inquiet, en charge du sujet à la FAO. En l'absence de mesure de contrôle, les essaims pourraient devenir 500 fois plus gros d'ici le mois de juin. » D'autant plus que les pluies ont repris en janvier dans le nord du Kenya, amenant les criquets à se multiplier encore plus.
 

Asperger les champs de pesticides

Le gouvernement kenyan a instauré un comité de crise. La seule mesure jugée efficace est d'asperger les champs de pesticides de façon préventive, lorsque les criquets sont encore au stade de nymphe et ne peuvent pas voler. Mais les moyens déployés sont largement insuffisants et les criquets continuent d'affluer depuis la Somalie voisine qui n'a entrepris aucune action. Pour l'instant, les agriculteurs ont été relativement épargnés, leurs champs ayant déjà été moissonnés.

Mais si la crise n'est pas jugulée d'ici le début de la prochaine saison de semis, aux alentours de mars, ils pourraient voir leur récolte anéantie. Les éleveurs, qui viennent de subir trois années de sécheresse, sont déjà lourdement touchés. Entre les incendies en Australie, l'épidémie de coronavirus en Chine et les criquets en Afrique, l'année 2020 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices.

Ce qu'il faut retenir