Eczéma, une maladie qui impacte aussi le moral

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L’eczéma atopique ou dermatite atopique est une maladie chronique inflammatoire de la peau qui se développe préférentiellement chez le nourrisson et l’enfant, mais peut persister voir apparaître parfois chez l’adolescent et l’adulte (10 à 15% des cas). Celle-ci est caractérisée par une sècheresse cutanée associée à des lésions de type eczéma (rougeurs et démangeaisons, vésicules, suintement et croûtes) qui évoluent par poussées. L'Inserm, qui estime qu'un enfant sur dix est concerné, précise sur le sujet que comme de nombreuses maladies chroniques, la dermatite atopique peut avoir un retentissement psychologique important, source de troubles du sommeil, d’irritabilité, voire de syndrome dépressif.

Une étude Ifop pour Sanofi Genzyme rappelle que l’eczéma atopique n’est pas qu’une maladie de peau ayant pour seul effet des désagréments physiques. En effet, cette maladie complexe et d’origine multifactorielle retentit sur toutes les dimensions de la vie des malades, et peut les plonger dans la souffrance. Les résultats montrent en premier lieu que plus d’un Français sur trois (34%) a déjà été affecté par de l’eczéma au cours de sa vie, ce qui en ferait d’après cette enquête, la troisième maladie chronique de peau la plus répandue en France après l’acné et les mycoses. Mais malgré la prévalence assez élevée de cette maladie, son niveau de connaissance reste encore assez flou auprès du grand public.

Un impact physique associé à une détresse psychologique

Car si 61% des Français déclarent savoir ce que c'est, ils sont à peine un sur quatre à « voir de quoi il s’agit précisément ». Ce niveau de connaissance est encore plus faible (15%) parmi les personnes n’ayant jamais été affectées par de l’eczéma. Une méconnaissance qui ne serait pas étrangère au maintien de certaines idées reçues, comme l’illustre la forte proportion de Français (82%) qui la réduisent à une maladie « liée au stress » ou à « l’allergie » (78%). Autre exemple : moins d’un sondé sur deux est au courant du possible lien entre l’eczéma et la pollution ou que la maladie peut être héréditaire (entre 50 et 70% des individus atteints ont un parent au premier degré qui l’est aussi selon l'Inserm).

Dans sa forme sévère, l’eczéma se caractérise par des démangeaisons persistantes intenses, des rougeurs et des lésions cutanées récurrentes pouvant aller jusqu’à des surinfections. Et comme le révèle le sondage, les désagréments physiques liés à la sécheresse cutanée ou aux lésions inflammatoires sont lourdes de conséquences. Ainsi, près des deux tiers des malades (63%) rapportent que cette maladie a un impact négatif sur leur qualité de vie, le grattage étant le symptôme le plus gênant. Parmi les maladies qui se grattent plus de 11 fois par jour, 87% relatent son impact négatif sur leur bien-être physique. Mais l’eczéma ne se réduit pas qu’à la gêne physique.

Lutter contre le manque d’information sur la maladie

En effet, plus des deux tiers des malades actuels rapportent un impact négatif de la maladie sur leur moral (69%) autant que sur leur niveau de confiance en soi (68%). L’eczéma rend les patients plus vulnérables psychologiquement, ce qui altère leur vie sociale au point que près de la moitié d'entre eux ont déjà fait l’objet d’une forme d’exclusion de la part de leur entourage. La forme d’opprobre ressentie par le plus grand nombre de patients est l’injonction « de s’arrêter de se gratter » (36%). Une minorité de personnes affectées par de l’eczéma (26%) a même déjà fait l’objet d'une forme de harcèlement ou d’agression d’ordre verbal ou visuel (moqueries, regard de dégout, harcèlement moral, insultes...).

« Cette enquête a le mérite de rappeler que cette maladie trop longtemps banalisée ne se réduit pas qu’à quelques désagréments physiques », précise François Kraus, de l'Ifop. « Cette maladie cutanée chronique génère souvent un sentiment de honte et des phénomènes d’exclusion altérant de nombreux pans de leur vie quotidienne (sociabilité, sexualité, vie professionnelle) avec une ampleur souvent sous-estimée par les observateurs et les pouvoirs publics. La lutte contre le manque d’information sur la maladie, le vécu de ses malades et les bonnes manières de la traiter apparaît non seulement comme un enjeu de santé publique mais également comme un impératif moral. »

La dermatite atopique concerne environ 4 % de la population adulte en Europe, soit plus de 2,5 millions d’adultes en France. Le diagnostic peut être posé par un médecin traitant, pédiatre ou dermatologue et son traitement repose le plus souvent sur un dermocorticoïde local à appliquer sur les lésions d'eczéma, sous forme de crème ou de pommade. « Ce traitement est efficace en cas de poussée d'eczéma pour calmer l'inflammation et les démangeaisons, mais il ne permet pas de prévenir les récidives. », précise l'Assurance maladie. Outre des gestes quotidiens pour prendre soin de sa peau (bien l'hydrater avec des émollients...), celle-ci ajoute qu'un soutien psychologique peut s'avérer nécessaire.