L'Écosse et l'UE mettent en garde Londres pour l'après-Brexit

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Le Premier ministre britannique Boris Johnson peut savourer l'instant, mais il a déjà reçu plusieurs avertissements, vendredi 31 octobre, suggérant que la bataille du Brexit est loin d'être finie.

La première mise en garde est venue de l'intérieur même des frontières britanniques. La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a prévenu Londres qu'elle allait faire "tout ce qu'elle pourra pour qu'un deuxième référendum [pour l'indépendance de l'Écosse, NDLR] puisse avoir lieu cette année".

Menace d'un nouveau référendum écossais

La dirigeante du Parti national écossais a rappelé que le Brexit avait "mis l'Écosse sur le mauvais chemin" et qu'il lui fallait réagir "avant qu'il ne soit trop tard". En 2016, les Écossais avaient majoritairement voté pour un maintien du Royaume Uni dans l'Union européenne (UE). Un rejet du Brexit sur lequel Nicola Sturgeon compte capitaliser pour tenter d'obtenir ce que les électeurs avaient rejeté lors du dernier référendum pour l'indépendance de l'Écosse, en 2014.

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Cette bataille pour un nouveau référendum risque d'envenimer les relations entre le gouvernement britannique et les responsables politiques écossais. Boris Johnson s'est, en effet, posé comme ardent défenseur de l'unité du Royaume-Uni après le Brexit. En décembre, il avait catégoriquement refusé une requête faite par Nicola Surgeon visant à permettre au Parlement écossais d'organiser un futur référendum en toute légalité.  

Pressions européennes

Mais Boris Johnson ne pourra pas se concentrer exclusivement sur le problème écossais. Bruxelles risque aussi de lui mettre des bâtons dans les roues. Plusieurs responsables de l'UE ont prévenu le Premier ministre britannique que les négociations pour régler les futurs rapports commerciaux et politiques entre le bloc de l'Union et le Royaume Uni n’allaient pas être de tout repos.

"À défaut de conditions équitables dans les domaines de l'environnement, du travail, de la fiscalité et des aides d'État, il ne saurait y avoir de large accès au marché unique [pour le Royaume-Uni]", ont affirmé Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Charles Michel, président du Conseil européen, et David Sassoli, président du Parlement européen, dans une déclaration commune rendue publique vendredi.

Ursula von der Leyen a insisté sur la volonté de l'Europe de faire front commun face à un Royaume-Uni "isolé" durant les négociations. "Notre expérience a démontré que la force ne réside pas dans le 'splendide isolement', mais dans l'union", a-t-elle martelé, faisant référence au nom donné à la politique étrangère du Royaume-Uni au XIXe siècle.

Boris Johnson a prévenu que les négociations doivent avoir abouti avant la fin 2020, et que tous les domaines dans lesquels il n'y aurait pas d'accord seront régi par les règles du commerce international. Bruxelles ne voit pas les choses de la même manière et a déjà averti Londres qu'une année risquait d'être trop courte pour tout régler. Charles Michel a d'ailleurs souligné que "plus le Royaume-Uni prendrait ses distances avec les standards de l'UE, moins il aura accès au marché unique". Une manière de rappeler à Boris Johnson que son pays avait tout intérêt à rester dans les clous commerciaux européens s'il ne veut pas souffrir économiquement. L'Union européenne restant le principal partenaire économique de Londres.