Climat: Greta Thunberg sort les militants africains de l’ombre médiatique
Après la polémique de Davos sur l’invisibilité des militants africains sur le climat, Greta Thunberg a convoqué vendredi à Stockholm une conférence de presse où de jeunes activistes du Kenya, d’Ouganda et d’Afrique du Sud ont exprimé leur urgence à sortir de l’ombre médiatique.
Aux sources de la controverse, l’Ougandaise Vanessa Nakate avait posé avec d’autres militants au côté de l’adolescente suédoise lors du Forum économique mondial de Davos mais n’apparaissait pas sur la photo recadrée avant sa diffusion par l’agence Associated Press.
Soulignant qu’elle était la seule Africaine et la seule Noire présente sur la photo initiale, elle avait dénoncé sur Twitter un acte de racisme.
« Nous tenons cette conférence de presse aujourd’hui pour que ceux qui ont besoin de faire entendre leur voix puissent partager leur message avec les médias », a expliqué Greta Thunberg dans les locaux de Greenpeace Suède.
« Nous nous concentrerons aujourd’hui sur l’Afrique parce que la perspective africaine reste tellement sous-médiatisée », a-t-elle ajouté.
Sous les feux des projecteurs depuis ses premières « grèves de l’école » le vendredi devant le Parlement suédois en août 2018, la militante pour le climat a ensuite averti qu’elle ne répondrait qu’à quelques questions, avant de donner la parole aux militantes africaines intervenant en visioconférence.
Vanessa Nakate, depuis Kampala, a été la première invitée à s’exprimer.
« Je pense qu’il est temps pour le monde d’écouter les militants africains et d’entendre leur message (…). C’est une opportunité pour les médias de rendre justice aux enjeux climatiques en Afrique », a-t-elle dit.
Vanessa Nakate, les Sud-Africaines Ayakha Melithafa et Ndoni Mcunu ainsi que la Kényane Makenna Muigai ont ensuite répondu pendant une heure aux questions des journalistes.
Ndoni Mcunu a rappelé que si « l’Afrique ne représente qu’environ 5% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde », le continent « est le plus affecté » par le réchauffement climatique.
« Près de 20 millions de personnes ont fui le continent à cause de ces changements » et des sécheresses sévères « ont plongé près de 52 millions de personnes dans un état d’insécurité alimentaire », a souligné l’étudiante qui rédige une thèse de doctorat au Global Change Institute de l’université Witwatersrand à Johannesburg.
Les « catastrophes sont majeures », a-t-elle poursuivi, mais les Africains ont commencé à s’adapter, à développer les « Systèmes de connaissance indigène » consistant à « incorporer les connaissances que nous avons en tant qu’Africains aux données internationales issues de la recherche scientifique et climatique ».
Alors « comment se fait-il que nous ne soyons pas dans la lumière? C’est le principal défi auquel notre continent est confronté », a-t-elle insisté.