Lorsque la belge commune de Viroinval était le centre de l'Europe
by S.F.Avec le Brexit, beaucoup de choses devraient changer. Parmi celles qui sont certaines, le centre géographique de l'Europe. Celui-ci se déplacera un peu plus vers l'Est et reviendra au petit, très petit, village allemand de Gadheim, succédant ainsi à un autre village allemand, Westerngrund. Un titre purement symbolique appartenant il n'y a pas si longtemps à la commune namuroise de Viroinval, plus précisément au bucolique village d'Oignies-en-Thiérache (Wegniye en wallon) situé au coeur de la vaste forêt du parc naturel Viroin-Hermeton.
C'était en 1995, l'Union Européenne accueillait trois nouveaux membres, la Finlande, l'Autriche et la Suède. Conséquence, recalculer le centre géographique de cette union élargie devenait primordial. Un rôle attribué à un ingénieur géographe français de haut-vol, Jean-Georges Affholder. De savantes équations en analyses complexes, celui que tout le monde connaissait comme le "village des veuves " à cause des nombreux décès liés aux carrières de schistes toutes proches se retrouve catapulté sur le devant de la scène. Une aubaine pour le bourgmestre de l'époque, Michel Lebrun (PSC), comme ne manque par de le souligner le présentateur du Journal télévisé de l'époque, Jacques Bredael.
Une cathédrale au milieu de la forêt pour célébrer l'évènement
Afin de marquer à jamais l'événement, Viroinval voit les choses en (relativement) grand. Une cathédrale sera érigée au centre de l'Europe! Certes, symbolique, mais tout de même. Réalisée par l'artiste et écrivain belge Bernard Tirtiaux (Le passeur de lumière, les sept couleurs du vent, etc. ), une sculpture de verre de sept tonnes, la "Cathédrale de Lumière", est installée deux ans plus tard au coeur d'une étoile de granit à quinze branches, une pour chaque pays membre à l'époque. Sans jamais prétendre rivaliser en taille avec les colosses architecturaux, le maître-verrier en a cependant repris les éléments fondamentaux en hommage aux grands bâtisseurs (tours, vitraux, arcs-boutants, et dentelles).
Une tradition, seulement depuis 1987
Si l'Union Européenne (auparavant la CEE) existe depuis 1957, l'idée de définir scientifiquement un centre géographique n’apparaîtra elle que 30 ans plus tard, en 1987. C'est l'Institut Géographique National français qui le premier s'intéresse à la question. Coïncidence ou pas, le centre géographique de l'Europe des 12 est localisé... en France, plus exactement dans le village de Saint-André-le-Coq, dans le Puy-de-Dôme. Il y restera jusqu'en 1990, lorsque la réunification allemande le déplacera d'une vingtaine de kilomètres, jusqu'à Noireterre dans le village de Saint-Clément dans l'Allier.
Avec l'arrivée de la Finlande, de l'Autriche et de la Suède en 1995, c'en est fini de l'hégémonie française. Le centre géographique se déplace vers le nord et se retrouve donc à Oignies-en-Thiérache, dans la commune de Viroinval, cocorico. Il y restera neuf ans. La plus longue durée "officielle" depuis l'établissement de ce titre honorifique.
Car avec l'élargissement de 2004 et son inflation de membres (dix de plus: Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Slovaquie et Slovénie), Viroinval connaît le même sort que ses prédécesseurs, fini la gloire. Kleinmaischeid l'allemande reprend le flambeau, pour trois ans, jusqu'en 2007. Juste le temps que les retoqués Bulgarie et Roumanie réussissent leur seconde session d'admission et porte l'Union à 27. C'est dès lors au tour d'un champ perdu au milieu de nulle part sur la commune, toujours allemande, de Gelnhausen d'hériter du titre. Arrive alors la Croatie, qui en 2013 entraîne l’énième micro-déplacement vers la bavaroise Westerngrund.