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L'emblématique patron de l'ex-Eurotunnel, Jacques Gounon (photo), va laisser la direction générale à Yann Leriche, tout en restant président du conseil d'administration. (© Getlink)

Un nouveau dirigeant pour Getlink

Une page se tourne pour l'opérateur du tunnel sous la Manche. Son PDG Jacques Gounon quittera ses fonctions opérationnelles le 1er juillet prochain pour devenir président du conseil d'administration. Yann Leriche, un dirigeant de Transdev, sera nommé directeur général. Cette évolution de la gouvernance était prévue. Elle pourrait renforcer l'intérêt spéculatif du titre à terme. L'action progresse de 0,7% en séance ce vendredi.

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Tout un symbole : au moment où le Royaume-Uni sort officiellement de l’Union européenne, Jacques Gounon, l’emblématique PDG de l’opérateur du tunnel sous la Manche, prend du champ. À compter du 1er juillet prochain, il deviendra président non exécutif du conseil d’administration.

C’est Yann Leriche qui sera directeur général de Getlink à cette date. Né en 1973, ce polytechnicien et diplômé de l’Ecole des Ponts et Chaussées dirige depuis 2017 les activités du groupe de transport Transdev (ex-filiale de Veolia) en Amérique du Nord.

Cette dissociation des fonctions s’inscrit «dans le cadre des meilleures pratiques du gouvernement d’entreprise», selon le groupe. Elle a été décidée en 2018, en même temps que le passage de 11 à 15 administrateurs.

Le sauveur d'Eurotunnel

Jacques Gounon, qui dirige l’ex-Eurotunnel depuis 15 ans, restera comme celui qui a sauvé le groupe de la faillite, estime Colette Neuville, présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) et administrateur référent de Getlink.

Son grand mérite est d’avoir normalisé une entreprise synonyme de gouffre financier et de cauchemar pour les actionnaires individuels.

En dix ans, le chiffre d’affaires de Getlink a progressé de près de 70% pour dépasser le milliard d’euros. Parallèlement, tous les indicateurs de profitabilité ont décollé. Le résultat net qui était positif à hauteur de 1 million d’euros en 2007 devrait dépasser les 130 millions en 2019, malgré l’impact négatif du Brexit sur le groupe.

Getlink dégage des flux de trésorerie suffisamment copieux pour faire face à ses investissements, assurer le service d’une dette toujours imposante (plus de 4 milliards d’euros) et verser un dividende en hausse régulière depuis 2010.  

L’action a progressé de 126% en dix ans et la capitalisation boursière du groupe approche aujourd’hui les 9 milliards d’euros. À terme, Getlink pourrait faire partie des prétendants au CAC 40.

Un retrait avant un rachat ?

A 66 ans, il est temps pour Jacques Gounon de préparer la relève. Mais les principaux actionnaires de Getlink que sont le groupe de concessions italien Atlantia (15,5% du capital) et le fonds TCI (10%) ont aussi poussé à une évolution de la gouvernance, susceptible de favoriser leurs desseins.

L’ex-Eurotunnel reste extrêmement attractif pour la durée de sa concession : jusqu’en 2086. À terme, une bataille boursière pour le contrôle de Getlink pourrait opposer Atlantia, TCI et Eiffage, qui a pris 5% du capital fin 2018.

De ce point de vue, le retrait partiel du dirigeant emblématique peut renforcer l’intérêt spéculatif du titre.

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