Afghanistan: toujours plus de violences malgré les négociations avec les Talibans
by AFPLes violences en Afghanistan ont atteint des niveaux records durant le dernier trimestre de 2019, a indiqué un rapport officiel américain publié vendredi, les combats continuant de faire rage malgré un calme relatif à Kaboul.
Depuis plus de deux mois, la capitale et les autres grandes villes du pays n’ont pas été ciblées par le type d’attentats de grande envergure et très meurtriers qui les secouent régulièrement. Mais les combats n’ont pas ralenti, loin s’en faut, dans les campagnes.
Selon le Bureau de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar, qui dépend du Congrès), « les attaques initiées par l’ennemi » ont fortement augmenté l’an dernier, avec 8.204 d’entre elles recensées au quatrième trimestre, contre 6.974 sur la même période en 2018.
Septembre, mois du déroulement du premier tour de la présidentielle, a vu un nombre record d’attaques mortelles depuis 2010, année depuis laquelle ces incidents sont répertoriés.
Selon Sigar, le rythme des attaques fait écho à l’évolution des pourparlers entre Américains et talibans. Les incidents ont en effet diminué plus tôt dans l’année, puis augmenté de nouveau après l’interruption brutale des discussions par le président américain Donald Trump en septembre.
« Les turbulences des six derniers mois ont causé une augmentation générale des attaques ennemies (6%) et des attaques effectives,—(débouchant sur des combats, 4%) en 2019, comparé à des niveaux déjà élevés rapportés en 2018 », peut-on lire dans le rapport trimestriel du Sigar.
Le Pentagone a aussi continué d’augmenter le rythme des opérations l’an dernier, avec un nombre record de bombes larguées par les avions américains en Afghanistan depuis au moins 10 ans, selon l’armée de l’air américaine.
Washington et les talibans continuent de discuter un possible accord visant au retrait des troupes américaines d’Afghanistan en échange notamment de garanties sécuritaires des insurgés.
Les États-Unis demandent depuis des mois aux insurgés une réduction des violences, mais les deux camps n’ont que très peu parlé de l’évolution des discussions ces derniers jours. Le gouvernement afghan souhaite que les Américains demandent un cessez-le-feu complet.
Tout accord avec les talibans devrait reposer sur deux piliers: un retrait des troupes américaines – qui ont compté jusqu’à 100.000 hommes au pic de l’engagement américain en 2010, pour redescendre ensuite jusqu’à quelques 13.000 soldats aujourd’hui – et l’engagement de la part des insurgés de ne pas offrir de sanctuaires aux groupes jihadistes.
C’est le refus des talibans, alors au pouvoir en Afghanistan, de livrer après les attentats du 11 septembre 2001 le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, qui avait provoqué l’invasion américaine et la chute de leur régime.